Deux voisins à la barre pour des nuisances nocturnes
Tribunal correctionnel L’un accuse son voisin de lui avoir asséné un coup de poing quand le prévenu prône la légitime défense. Quinze jours avec sursis ont été requis contre ce dernier.
Le tribunal correctionnel a été confronté a une affaire qui a rappelé les nuisances sonores d’un chef cuisinier, dont l’activité tumultueuse vers 1 heure (du matin) a rendu le sommeil difficile à un voisin.
Un bref rappel de la situation scénique à l’audience évoque un comportement aberrant du cuisinier ce 10 juillet 2019(1). L’intensité bruyante portait atteinte à une personne logée dans l’immeuble « L’Estoril ». Mécontent, il cherchait à travers les étages la provenance de l’agitation effrénée. Assuré d’avoir découvert l’origine du trouble excessif, il frappait à la porte d’où émanait le vacarme.
« C’est la parole de l’un contre celle de l’autre »
Évidemment le ton montait et les noms d’oiseaux fusaient. Mais aucune brutalité. Jusqu’au départ du voisin tourmenté. Il le suivait dans l’escalier et lui décrochait un coup de poing. Conséquence : deux jours d’ITT. Le président Florestan Bellinzona(2) rapproche les deux adversaires de la barre afin de s’expliquer réciproquement, sans heurts cette fois. Évidemment, on s’en doutait, les versions sont différentes. « Il voulait rentrer dans mon appartement, raconte le prévenu. Il m’a dit : va chez toi, dégage dans ton pays. Je ne suis pas habitué à me faire traiter de la sorte. »
Indigné, il poursuit : « Cet homme m’a empêché de fermer la porte. Alors, j’ai eu la réaction de me défendre chez moi ! Je ne suis jamais sorti dans les escaliers. Quand un bonhomme n’est pas dans son état normal, qu’il est violent, raciste et
vous prend par la gorge, il faut bien se protéger… » La victime réfute en bloc tout ce qui lui est reproché. « Je prenais des antidépresseurs à l’époque. Dès que je l’ai quitté, ce Monsieur m’a suivi. Contusion, hématome, fracture du nez ont été diagnostiqués…
– Impossible, se défend aussitôt le présumé coupable. Une sciatique m’empêche de marcher correctement et je n’avais aucun intérêt à le poursuivre jusque chez lui… »
Le parquet, à la manière d’un arbitre
rend la sentence. « Même si tout était vrai, relève le substitut Emmanuelle Carniello, il ne suffit pas de donner un coup de poing pour régler l’affaire. Aucun élément du dossier démontre l’entrée chez le prévenu. Le lumbago ? On s’interroge ! C’est la parole de l’un contre celle de l’autre. La gorge ? Aucune trace n’a été relevée par les policiers. Dans l’immeuble de l’avenue Princesse-Grace, un employé a témoigné de traces de sang… sur un tapis rouge ! »
Quoi qu’il en résulte pour la parquetière, « les violences sont caractérisées, injustifiables et confirmées par le gardien qui a alerté la police. Une peine avec sursis suffit. »
Me Daniel Tamisier, du Barreau de Nice, a estimé que le doute doit toujours profiter à l’accusé et il réclame la relaxe. Avant d’ajouter : « Mon client, apprécié par ses proches, est non violent. La victime prend de la mélatonine avant de se coucher, plus des antidépresseurs.
Un mauvais cocktail propice à un état second. Ses déclarations sont assez confuses. Pas de caméra ! D’après le concierge, il n’y a pas eu de troubles anormaux dans le voisinage. On se retrouve dans un cas de légitime défense… »
Le tribunal a suivi les réquisitions du ministère public à hauteur de quinze jours.
Il avait été fait opposition au jugement pas défaut le 5 octobre 2021.
Assesseurs : Olivier Schweitzer et Adrien Candau.