Macron, au-delà des mots
Depuis la validation de sa réforme des retraites par le Conseil constitutionnel, Emmanuel Macron avance pied au plancher. En promulguant la loi alors que les Sages venaient à peine de tourner les talons vendredi, le chef de l’État a coupé l’herbe sous le pied de ceux qui faisaient encore mine d’espérer le voir reculer.
Il a aussi envoyé un message très clair : après deux mois et demi de contestation sociale et de débats sans fin, il est grand temps de passer à autre chose. L’allocution télévisée de ce soir répond à la même logique. Pressé de reprendre la main et de convaincre qu’il ne restera pas inerte pendant les quatre prochaines années, Emmanuel Macron n’a peut-être jamais eu autant la pression.
À 20 heures, moins d’un mois après une interview télévisée qui avait laissé la majorité des Français sur leur faim, le président de la République ne pourra pas se contenter de verbiage, de grandes phrases et de vagues promesses. Et le message d’apaisement qu’il entend manifestement délivrer ne sera pas suffisant. Entre le recours au 49.3, la réponse musclée aux débordements lors des manifestations, le refus de recevoir les syndicats avant l’adoption de la loi, et sa promulgation express en pleine nuit, les méthodes de l’exécutif sont jugées brutales par les syndicats et les oppositions.
Au-delà du jeu politique, c’est aussi le sentiment de nombreux Français qui n’étaient pas à la base forcément hostiles à Emmanuel Macron, mais ne comprennent pas sa ligne de fermeté, interprétée pour beaucoup comme de l’entêtement ou du mépris. Épuisé et en colère, le pays est en crise sociale, démocratique, identitaire... Il veut de l’écoute, des perspectives et du changement. Un cap fort et clair que le Président doit impérativement dessiner ce soir, au moment où les motifs d’inquiétude se multiplient : le recul de l’âge de la retraite, bien sûr, mais aussi l’inflation, l’évolution du rapport au travail, la place des seniors dans l’emploi, et un sentiment de déclassement de plus en plus partagé. Autant de préoccupations au sujet desquelles les Français attendent des actes. Pas seulement des mots.
« Ce soir, le président de la République ne pourra pas se contenter de verbiage, de grandes phrases et de vagues promesses. »