Un Président sous pression
Les oppositions ont continué hier à pilonner les « provocations » et le « déni » de la situation de crise d’Emmanuel Macron, qui s’exprimera ce soir. L’exécutif, lui, veut passer à l’après-réforme.
Le chef de l’État s’exprimera ce soir à 20 h sur les principales chaînes dans une allocution très attendue, trois jours après la promulgation de la loi repoussant l’âge légal de la retraite de 62 à 64 ans. Après cette réforme « dure et compliquée », « il est normal que le président revienne devant les Français pour redonner le cap », expose un conseiller de l’exécutif. Mais pour la présidente des députés RN Marine Le Pen, le « choix » se limite pour Emmanuel Macron entre « trois solutions pour sortir d’un conflit tel que celui qu’il a lui-même engendré », a-telle lancé au Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI. Et de lister : « Il y a le référendum, (...) il y a la dissolution de l’Assemblée nationale et il y a la démission du président de la République ».
Clémentine Autain : « Accélérer quoi ? Le mépris ? »
La responsable d’extrême droite est revenue sur la promulgation éclair de la réforme vendredi, dans la foulée de la validation de l’essentiel du texte par le Conseil constitutionnel : cela « démontre qu’il est encore dans un état d’esprit de provocation », a-t-elle jugé. L’intersyndicale, qui a prévu de se réunir à nouveau aujourd’hui, n’a pas déposé les armes, et a déjà appelé à faire du 1er mai « une journée de mobilisation exceptionnelle et populaire » contre la réforme.
À gauche, le coordinateur de LFI Manuel Bompard maintient que la « seule option » d’Emmanuel Macron reste « le retrait de ce texte ». « Au-delà, c’est tout de même l’impasse : avec quels appuis politiques et quelle base sociale compte-t-il avancer ? », a-t-il demandé dans le JDD. La Première ministre Élisabeth Borne l’a assuré samedi, devant les cadres du parti Renaissance : « Nous sommes déterminés à accélérer » les réformes après celle des retraites. Une semaine plus tôt, elle avait pourtant estimé qu’il ne fallait « pas brusquer les choses ». « Il faut laisser reposer. Le pays a besoin d’apaisement », avaitelle déclaré.
« Accélérer quoi ? Le mépris ? », a demandé hier la députée LFI Clémentine Autain lors du Grand entretien France Inter-Franceinfo-Le Monde, en reprenant le reproche unanime des syndicats à l’égard du président de la République.
Elle estime que la réforme des retraites est « légale » désormais, mais pas « légitime », et promet un concert de « casseroles » au moment de l’intervention d’Emmanuel Macron ce soir.
Xavier Bertrand : « Il doit sortir du déni »
Le ministre du Travail Olivier Dussopt a lui récusé tout « mépris » : « Bien au contraire, il y a une volonté de travailler avec tous », a-til affirmé, lors du Grand Rendez-vous d’Europe 1/CNews, appelant de ses voeux une reprise du dialogue social. Il faut à l’avenir « faire peutêtre différemment, avec une méthode différente, plus consulter, plus organiser les choses », a appuyé le secrétaire général de Renaissance Stéphane Séjourné. « Personne ne veut refaire la retraite bis, je vous rassure ».
Il a cependant voulu sur France 3 « tuer deux idées » : celle « qu’il faudrait un virage à gauche ou à droite », et celle selon laquelle «la France serait sur pause ». Les Républicains, dont la direction
a soutenu la réforme des retraites, ont été plutôt discrets ces dernières heures. Mais Xavier Bertrand, président (LR) des Hautsde-France, n’a pas épargné Emmanuel Macron : il doit « sortir du déni » sur son absence de majorité absolue et son incapacité à mener toute « réforme d’ampleur », a-t-il déclaré à BFMTV. L’ancien ministre du Travail a lui aussi appelé à mettre «un terme à toute cette tension » dans le pays, sous peine de sombrer dans « un chaos ».