Rune a pris rendez-vous
Le Danois, qui a eu une balle pour mener 5-1 dans le troisième set, a fini par craquer face à Rublev. Mais à 19 ans, il se pose comme le grand avenir du tennis, notamment sur terre battue.
La planète tennis qui redoute de tourner la page des géants Federer-Nadal-Djokovic peut être rassurée. Elle a certainement trouvé l’un des visages marquants des prochaines années. Holger Rune n’a pas levé un deuxième Masters 1000 hier, après Paris-Bercy l’an passé, mais le Danois a, une nouvelle fois, montré son tempérament de feu, en plus de son jeu offensif. C’est simple, avec lui sur le court, il se passe toujours quelque chose. Haranguant la foule acquise à l’Italien Jannik Sinner la veille, « un moment fun » selon lui, le prodige de 19 ans, a refait le coup hier après-midi.
En pleine tempête, après avoir manqué deux smashs consécutifs à 5-5 au troisième set, Rune lançait deux balles tout en haut des tribunes, puis se posait quelques secondes, avant de demander aux tribunes de crier encore plus fort. Du pur Rune. «Il dégage énormément d’émotions », explique Philippe Weiss, son agent depuis 3 ans, également directeur général du Nice LTC. « Holger, c’est la jeunesse, la fougue et l’envie. Il peut y avoir un peu d’impatience, mais il ne faut pas le brider, ça ne sera jamais un grand calme. Il ne faut pas le dénaturer ».
Il aime jouer avec le public
Le joueur aime jouer avec les tribunes, même quand elles sont contre lui et assume ses positions. « Le public va préférer ça à deux joueurs qui baissent la tête », expliquait-il samedi. « Contre Jannik, je pense que 90 % du public était italien et ils sont devenus fous quand j’ai gagné », ajoutait-il hier. « J’espère pouvoir le faire aussi à Rome si je joue de nouveau contre lui », glissaitil un brin chambreur. C’est grâce à ce caractère bien trempé qu’il monte les étages à toute vitesse. Vainqueur de Roland-Garros Juniors à 16 ans en 2019 (plus jeune vainqueur d’un
Grand Chelem juniors depuis Félix Auger-Aliassime à l’US Open 2016), il s’offre son premier titre ATP il y a tout juste un an (Munich), devient la révélation du dernier RolandGarros, où il bat Shapovalov, Gaston et Tsitsipas (avant de craquer en quart contre Ruud), puis gagne son premier Masters 1000 à ParisBercy, en fin d’année, en dominant Djokovic en finale. Le voilà 9e mondial, mais il ne veut pas s’arrêter là. « Il dit ‘‘je veux être numéro 1 mondial’’ », reprend Philippe Weiss.
Son agent : « Il n’a pas de limite »
« Il n’a pas de limite, il peut aller tout en haut car depuis son plus jeune âge, il a dédié sa vie au tennis. » Quelques minutes après sa défaite, Rune, malgré la fatigue de la semaine, a tout de suite repris du poil de la bête. « Je suis sûr qu’on aura une autre chance une prochaine fois », estimait-il au micro, au moment de la remise des prix. Une prédiction que son agent partage totalement. « Aujourd’hui, il a manqué de fraîcheur mentale parce qu’il avait fini très tard la veille, mais cette semaine est extrêmement positive. Après un début de saison neutre, il est lancé pour les grands rendezvous : Rome, Madrid et Roland ».