Abandon de famille : des soins pour éviter la prison
Un homme n’avait pas respecté les obligations liées à la liberté d’épreuve. Il devra se représenter à l’audience du 3 octobre prochain.
Quand la justice pénale impose des soins, le prévenu a tout intérêt à s’y soumettre. Une contrainte équivalente avait été prononcée par le tribunal correctionnel le 13 juillet 2021, dans une affaire de harcèlement et abandon de famille, assortie d’une peine de six mois d’emprisonnement avec sursis. S’y ajoutait l’obligation d’indemniser la victime et de se soigner. Une mesure de liberté d’épreuve devait agir dans deux cas bien précis : optimiser la réinsertion du moniteur de ski et le préserver d’une éventuelle récidive.
« Vous ne respectez aucune décision »
À l’audience, le président Florestan Bellinzona est formel dans ses constatations : « L’indemnisation a été payée par vos parents et vous estimez ne pas avoir à régler des actes médicaux non réclamés parce qu’ils ne sont pas pris en charge. Vous n’êtes même pas capable de conserver votre calme. Vous vous en prenez aux gens de l’entourage. Vous refusez de remettre votre fils à sa mère ! Vous agressez les intervenants sociaux ! Ça fait beaucoup. Pourtant, ce même tribunal a été clément avec vous ! Vous méritiez la détention et tout a été fait pour que vous n’alliez pas en prison. Or, vous ne respectez aucune décision et vous dénoncez un comportement mafieux de Monaco. »
Le quadragénaire fulmine, maugrée. Ses finances réduites l’empêchent de verser le montant de la pension. Il ne cesse d’ergoter sur d’autres fautes reprochées, mais qui sont l’unique moyen de se défendre contre ce qu’il considère
comme autant d’agressions de la part de la plaignante. Jusqu’à se laisser aller aux plus vives invectives à l’encontre du magistrat pour l’incompréhension à un état de profond désarroi : « Vous êtes aveugle !
– Si j’étais aveugle, rétorque le président vexé et en colère, vous seriez incarcéré. » Face au comportement obtus du prévenu, la parole est laissée au parquet pour ses réquisitions. « Que vous soyez d’accord ou non, cela m’est égal, tranche le substitut Emmanuelle Carniello. Vous ne respectez aucune décision. Vous ne vous soumettez pas aux obligations. La mesure
de liberté d’épreuve n’a plus de sens. Voilà la réalité de cette procédure. Pourtant le deal est là ! En revanche, vous outragez la justice monégasque. Vous créez des problèmes avec la gestion administrative. C’est un échec ! Votre comportement est indécent. Ce personnage est aveuglé par le volet civil. »
Son enfant au centre des débats pour la défense
Et de conclure devant pareille situation : « La justice va-t-elle confier un enfant quand le père agit de cette manière ? Je sollicite la révocation de la peine. » La tâche de la défense apparaît insurmontable.
Quels mots faut-il employer pour inverser la tendance qui conduit au trou ? Me Sarah Filippi persiste dans un soutien sa faille parce que l’avocate croit « toujours à la bonne volonté de mon client. Cela va surprendre. Oui, ce père a des règles à respecter. Cependant, il veut maintenir coûte que coûte un lien avec son enfant. Il lui manque depuis 2018. Vous touchez ce qu’il a de plus cher au monde. Montrez de la clémence. N’allez pas à l’échec. » Alors, la plaidoirie devient un plaidoyer éloquent, émouvant, passionné afin que l’émotion saisisse la formation collégiale. « Le prévenu essaie de respecter les obligations comme il le peut. Des soins ? Quatre ans qu’il consulte experts et psychiatres qu’il ne peut pas payer. Car tous ces professionnels habilités à donner leurs avis n’apparaissent pas prioritaires. En revanche son gamin l’est. Vous voulez le mettre en prison ? La condamnation va le mettre à néant. Il sollicite en vérité le droit de voir son petit. Ne lui reprochez pas de n’avoir pas fait appel d’une décision que vous avez qualifiée de bienveillante… »
Le tribunal a ajourné sa décision au 3 octobre prochain.