Du sursis pour des vols d’accessoires de deux-roues
Par trois fois, un quadragénaire récupérait furtivement casques, housse, gants, rétroviseurs dans les parkings du Carré d’Or… Quinze jours avec sursis.
Un homme s’approche de la barre. La justice lui reproche d’avoir commis au moins quatre vols d’accessoires de deux-roues. Un petit manège répété, notamment au cours de ses trois passages nocturnes dans des parkings du « Carré d’Or » de la Principauté : les 5 juillet, 7 septembre et 10 novembre 2022. Mais ce n’était pas le bon filon. Face à la formation collégiale du tribunal correctionnel, le quadragénaire apparaît à la fois dépassé et embarrassé par son comportement. Aucune correspondance cependant avec une mauvaise intention, d’après la version donnée au président Florestan Bellinzona sur les raisons des infractions imputées.
Déjà condamné en France
« Je note que vous n’en étiez pas à votre coup d’essai, remarque le magistrat. Dès le départ, l’enquête démontre, avec la comparaison des enregistrements de la vidéosurveillance, l’apparition de la même personne dans des parkings de Monte-Carlo
pour quatre vols. Vous êtes identifié par la plaque d’immatriculation du véhicule et l’on vous voit affairé à dérober sur des deux-roues des casques de moto, de vélo, une housse, une paire de gants, des rétroviseurs et autres accessoires. Le montant total du préjudice est estimé à plusieurs milliers d’euros. Pourquoi ? »
Le prévenu, gérant d’une société basée à Hong Kong, n’a aucun souvenir de ses méfaits. « Je devais être certainement alcoolisé et alors je fais n’importe quoi », lâche-t-il avant de
préciser ex abrupto : « J’ai toutefois entrepris des soins afin de stopper cette addiction à la boisson. J’ai également tout restitué !
– C’est nouveau, constate le président avec surprise. Vous conduisiez alcoolisé ? C’est inquiétant et cela ne rime à rien pour commettre de tels actes ! Puis, quand vous étiez interrogé au cours de votre garde à vue dans les locaux de la Sûreté publique, vous répondiez que vous vous étiez débarrassé de l’ensemble. A quoi destiniez-vous ces accessoires ?
Car on constate que vous conduisiez à chaque fois un véhicule, à votre arrivée comme pour repartir au moment de vous emparer des objets appartenant aux plaignants. Avez-vous justement entrepris des démarches pour indemniser ces personnes ? » Assez insouciant, ou peut-être singulièrement fataliste, le prévenu se demande comment aurait-il pu y parvenir ? « On ne m’a jamais donné leurs identités…
– C’est alarmant de vous entendre répondre de cette façon ! Car à la fois on essaie de comprendre ce qui se passe… Vous avez été condamné deux fois en France pour conduite sous stupéfiants. »
Me Thomas Brezzo intervient pour réclamer des dommages au nom de son client, seule partie civile représentée à l’audience sur les quatre concernées.
L’avocat met en exergue l’aspect nauséabond du dossier et fait part de ses craintes pour l’image de Monaco. « Si ces incivilités demeurent minimes, elles empoisonnent à chaque fois la vie des gens qui ont l’utilité de
reprendre un trajet avec leurs engins. Pareille attitude salit la renommée du pays pour sa qualité de vie appréciée par les habitants. Il est donc souhaitable de la maintenir. Mon client a subi un préjudice total de 1 000 euros. »
Dans ses réquisitions, le substitut Maxime Maillet définit un prévenu clairement identifié sur les images de la vidéosurveillance. « Monsieur a donné des explications farfelues aux policiers pour finir par des aveux et admettre qu’il doit enfin entreprendre des soins sans tarder. Aujourd’hui cet ex-Beausoleillois est interdit de territoire monégasque. C’est heureux ! En revanche, il est fâcheux de venir à l’audience sans le moindre document. Marié, avec un salaire mensuel de 5 000 euros, prononcez une condamnation de cent vingt joursamendes à 5 euros. »
Le tribunal a préféré une peine de quinze jours assortie du sursis et fait droit à la partie civile pour la somme de 500 euros.