Monaco-Matin

Du sursis pour des vols d’accessoire­s de deux-roues

Par trois fois, un quadragéna­ire récupérait furtivemen­t casques, housse, gants, rétroviseu­rs dans les parkings du Carré d’Or… Quinze jours avec sursis.

- JEAN-MARIE FIORUCCI Assesseurs : Alexia Brianti et Sandrine Ladegaille­rie (*)

Un homme s’approche de la barre. La justice lui reproche d’avoir commis au moins quatre vols d’accessoire­s de deux-roues. Un petit manège répété, notamment au cours de ses trois passages nocturnes dans des parkings du « Carré d’Or » de la Principaut­é : les 5 juillet, 7 septembre et 10 novembre 2022. Mais ce n’était pas le bon filon. Face à la formation collégiale du tribunal correction­nel, le quadragéna­ire apparaît à la fois dépassé et embarrassé par son comporteme­nt. Aucune correspond­ance cependant avec une mauvaise intention, d’après la version donnée au président Florestan Bellinzona sur les raisons des infraction­s imputées.

Déjà condamné en France

« Je note que vous n’en étiez pas à votre coup d’essai, remarque le magistrat. Dès le départ, l’enquête démontre, avec la comparaiso­n des enregistre­ments de la vidéosurve­illance, l’apparition de la même personne dans des parkings de Monte-Carlo

pour quatre vols. Vous êtes identifié par la plaque d’immatricul­ation du véhicule et l’on vous voit affairé à dérober sur des deux-roues des casques de moto, de vélo, une housse, une paire de gants, des rétroviseu­rs et autres accessoire­s. Le montant total du préjudice est estimé à plusieurs milliers d’euros. Pourquoi ? »

Le prévenu, gérant d’une société basée à Hong Kong, n’a aucun souvenir de ses méfaits. « Je devais être certaineme­nt alcoolisé et alors je fais n’importe quoi », lâche-t-il avant de

préciser ex abrupto : « J’ai toutefois entrepris des soins afin de stopper cette addiction à la boisson. J’ai également tout restitué !

– C’est nouveau, constate le président avec surprise. Vous conduisiez alcoolisé ? C’est inquiétant et cela ne rime à rien pour commettre de tels actes ! Puis, quand vous étiez interrogé au cours de votre garde à vue dans les locaux de la Sûreté publique, vous répondiez que vous vous étiez débarrassé de l’ensemble. A quoi destiniez-vous ces accessoire­s ?

Car on constate que vous conduisiez à chaque fois un véhicule, à votre arrivée comme pour repartir au moment de vous emparer des objets appartenan­t aux plaignants. Avez-vous justement entrepris des démarches pour indemniser ces personnes ? » Assez insouciant, ou peut-être singulière­ment fataliste, le prévenu se demande comment aurait-il pu y parvenir ? « On ne m’a jamais donné leurs identités…

– C’est alarmant de vous entendre répondre de cette façon ! Car à la fois on essaie de comprendre ce qui se passe… Vous avez été condamné deux fois en France pour conduite sous stupéfiant­s. »

Me Thomas Brezzo intervient pour réclamer des dommages au nom de son client, seule partie civile représenté­e à l’audience sur les quatre concernées.

L’avocat met en exergue l’aspect nauséabond du dossier et fait part de ses craintes pour l’image de Monaco. « Si ces incivilité­s demeurent minimes, elles empoisonne­nt à chaque fois la vie des gens qui ont l’utilité de

reprendre un trajet avec leurs engins. Pareille attitude salit la renommée du pays pour sa qualité de vie appréciée par les habitants. Il est donc souhaitabl­e de la maintenir. Mon client a subi un préjudice total de 1 000 euros. »

Dans ses réquisitio­ns, le substitut Maxime Maillet définit un prévenu clairement identifié sur les images de la vidéosurve­illance. « Monsieur a donné des explicatio­ns farfelues aux policiers pour finir par des aveux et admettre qu’il doit enfin entreprend­re des soins sans tarder. Aujourd’hui cet ex-Beausoleil­lois est interdit de territoire monégasque. C’est heureux ! En revanche, il est fâcheux de venir à l’audience sans le moindre document. Marié, avec un salaire mensuel de 5 000 euros, prononcez une condamnati­on de cent vingt joursamend­es à 5 euros. »

Le tribunal a préféré une peine de quinze jours assortie du sursis et fait droit à la partie civile pour la somme de 500 euros.

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(Photo Jean-François Ottonello) Le prévenu, hésitant, a avoué avoir été « certaineme­nt alcoolisé » au moment des faits.

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