Monaco-Matin

Anthony Bajon - Raphaël Quenard

« ON N’A PAS DES GUEULES DE PARISIENS » Les deux comédiens se donnent la réplique dans « Chien de la Casse ». Une comédie dramatique de Jean-Baptiste Durand sur deux amis qui tournent en rond dans un village de province.

- CÉDRIC COPPOLA

Comment avez-vous travaillé l’alchimie de votre duo ?

Anthony Bajon : On se donnait déjà la réplique dans « La Troisième guerre » et « Le monde de demain ». Avec Raphaël, on se connaît dans la vie, on est proche, donc jouer des potes de toujours, c’est facile. Lorsqu’on se retrouve en loge le matin avec un ami et qu’on a juste besoin de se regarder pour étouffer de rire, on sait que la complicité est déjà là. C’est un luxe dans un métier où on rencontre parfois ses partenaire­s la veille du tournage. Raphaël Quenard : Oui… Il arrive même qu’on rencontre celle qui jouera notre femme le matin même. Dès lors, il vaut mieux qu’il y ait un feeling, que le courant passe. Sur ce film, je pense que l’affection qu’on a l’un pour l’autre est venue nourrir le vécu, les années de jeunesse que Dog et Mirales ont passé ensemble.

Anthony, dans « Teddy », vous incarniez un personnage coincé dans une bourgade, sans avenir. Êtes-vous sensible à ces sujets, qui dépeignent une partie de la province, comme le fait également « Chien de la casse » ?

A. B : On n’a pas des gueules de Parisiens. Même dans notre manière de parler, de se comporter, de s’habiller ou de regarder, on ne respire pas le ou le arrondisse­ment de la Capitale ! Je crois que certains metteurs en scène ont besoin de faire appel à des gens qui n’ont vraiment pas grandi à Paris et qui en sont encore loin à présent pour incarner des types qui vivent en autarcie et qui connaissen­t vraiment l’ennui. Raphaël et moi, on pourrait en parler pendant des heures. Jeunes, on est passé par là. Lui a grandi à la montagne et moi en quartier de banlieue. Le rapport à l’ennui est sensibleme­nt le même et le corps s’en rappelle.

Raphaël Quenard, comment avez-vous travaillé le verbe de Mirales, très bavard ?

R. Q : Mirales cite Hermann Hesse et se réfère beaucoup à Montaigne mais il a surtout le goût de l’éloquence qui est l’instrument numéro 1 de l’égalité et elle peut venir sans qu’on ait lu un seul bouquin. Que ce soit dans des lieux institutio­nnels ou au bureau de tabac, tu la rencontres partout et elle prend plusieurs formes… Vulgaire, poétique et provient de toutes les classes sociales. C’est donc un des premiers instrument­s d’affranchis­sement. Pour preuve, toutes les personnes qu’on admire ou les grands escrocs, sont des gens qui s’en sortent grâce à leur verve.

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