Sarah Michelle Gellar ICÔNE UN JOUR, ICÔNE TOUJOURS
Actrice principale et modèle pour toute une génération avec son rôle de tueuse de vampires dans la série « Buffy », l’Américaine est honorée à Canneseries. En toute simplicité.
On peut avoir tué des centaines de vampires à coups de pieux dans le coeur durant plus de 140 épisodes, avoir été l’une des premières actrices à incarner un personnage féminin « badass » et boire du Coca Light. C’est le quotidien, tout en délicatesse, de Sarah Michelle Gellar, 46 ans, et honorée en marge de Canneseries où elle va recevoir, ce mercredi, un Icon Award pour l’ensemble de sa carrière ainsi que tenir une masterclass devant l’auditorium Lumière du Palais des Festivals.
Initialement prévu à l’espace Miramar, le rendez-vous a été déplacé car les places sont parties en... trois minutes. « Quand vous prenez du recul, c’est difficile de revenir. On se pose plein de questions, les gens vont-ils avoir envie de me revoir ? Ai-je encore des choses à dire ? Je suis toujours reconnaissante de l’amour des gens, de leur intérêt. Je me sens chanceuse », lance-t-elle. Sarah Michelle Gellar, nom de code « SMG » durant le festival, n’est pas simplement Buffy Summers, cette héroïne fictive. Elle est plus que ça. Pour s’en rendre compte, il suffit de lorgner du côté de sa filmographie, notamment entre 1995 et 2004 : « Scream 2 », « Souvienstoi… l’été dernier », « Sexe intentions » ou « The Grudge ». Que des films mythiques.
« Un film d’horreur se savoure dans une salle, avec les cris du voisin »
Après des débuts dans les slashs movies, « SMG » s’est diversifiée mais son attrait pour le film d’horreur n’a jamais vraiment disparu. « Avec la crise sanitaire, les spectateurs ont mis du temps à revenir dans les salles et l’une des choses les plus importantes des films d’horreur est le partage, l’expérience collective. Je peux regarder un film chez moi, seule, mais un film d’horreur se savoure dans une salle, avec les cris des voisins, le pop-corn qui vole quand on a peur », confesse-t-elle. Revenue en tête d’affiche de la série « Wolf Pack », cette année sur Paramount +, Sarah Michelle Gellar apprend des erreurs du passé. Productrice du show, elle admet que les tournages ont changé en vingt ans, elle qui, avec d’autres membres du casting de « Buffy », avait dénoncé les conditions et le harcèlement du créateur de la série, Joss Whedon. « Si vous souhaitez changer le système, vous devez y prendre part et en produisant, notamment vis-à-vis des jeunes actrices, vous avez la possibilité d’être une participante à ce changement. J’ai grandi dans une époque où les plateaux de tournage n’étaient pas très pacifiques, surtout pour une jeune actrice », étaye-t-elle. Jeune actrice, elle l’a été au début des années quatrevingt-dix quand sa série a fait d’elle une icône mondiale. Un fardeau lourd à porter ? Pas tant que ça.
« Sans les réseaux sociaux, on avait une vie simple »
« C’était une époque sans réseaux sociaux, je me suis mariée jeune, on avait une vie très normale, très simple avec mon mari [l’acteur Freddie Prinze Jr, ndlr]. Je me suis adaptée à cette soudaine popularité. La bonne chose de cette époque, c’est que j’étais la narratrice de ma propre histoire. Ce n’est plus le cas aujourd’hui car quand vous débutez dans ce métier, c’est un job à plein temps à cause des différents réseaux sociaux. Je le constate sur “Wolf Pack” avec les jeunes acteurs et actrices du casting, c’est très difficile de débuter dans ce boulot. Et c’est quelque chose qui m’inquiète ».
« Si vous souhaitez changer le système, vous devez y prendre part et en produisant, notamment vis-à-vis des jeunes actrices »
Pas de reboot de « Buffy »
Malgré une pause, volontaire, d’une dizaine d’années pour prendre soin de ses enfants et de sa famille, l’actrice mesure que sa cote de popularité a largement dépassé le cadre des USA. Et forcément, à une époque où toutes les séries cultes connaissent une deuxième vie, se pose la question d’un reboot de « Buffy ». Si un tel projet devait voir le jour, Sarah Michelle Gellar déclinerait l’invitation. «Ily aurait une énorme pression sur un tel projet si je me retrouvais impliquée dedans, les gens passeraient leur temps à comparer à l’original ». En attendant, entre deux gorgées de Coca Light et une pensée affectueuse pour ses deux enfants, l’actrice n’a pas oublié qu’il y a vingt ans, sur M6, elle dérouillait du vampire à tire-larigot.
Si ce n’est pas ça, être une icône, qu’est-ce que c’est ?