Il paie un scooter à 3 500 € avec cinq chèques en bois
Tribunal correctionnel Un commerçant a été condamné à un mois d’emprisonnement assorti de la liberté d’épreuve pendant deux ans. Il devra payer la somme de 3 500 euros à la partie civile.
Un homme a réussi à acquérir un scooter à 3 500 euros sans verser le moindre argent. Le subterfuge ? Un paiement échelonné bien ficelé avec cinq chèques sans provision.
À la barre, ce personnage de 35 ans persiste encore avec des propos plus ou moins ambigus afin de se tirer d’embarras devant le tribunal correctionnel. Mais sa faconde de bonimenteur suscite plus encore de méfiance face au tribunal correctionnel. « Pourquoi émettez-vous cinq chèques tirés sur le compte d’un ami dont le solde est insuffisant ? », interroge le président Florestan Bellinzona (*). Le prévenu, sans perdre pied, raconte : « Parce que je n’ai pas de carnet de chèques. J’ai bien essayé de lui proposer des espèces, mais le vendeur de SOS Motos ne voulait surtout pas recevoir d’apports en numéraire. Il refusait même tout virement ou paiement par carte bancaire. »
Le prévenu s’engage à rembourser l’escroquerie
Le magistrat demeure dubitatif sur l’impossibilité de la conversion argent liquide en chèque. « Quel est l’intérêt d’un commerçant de vous imposer uniquement ce genre de paiement ?
– Parce que je voulais effectuer le règlement en plusieurs fois, par tranche de 830 euros, confesse ce professionnel de la pizza. – C’est totalement possible avec de la monnaie fiduciaire, en déduit le président qui suppute la probabilité de faire passer des balivernes pour des vérités. D’autant qu’il a été impossible de remettre la main sur votre ami. À ce jour, qu’en est-il ? Avez-vous payé ou non le deux-roues ?
– Non, avoue le prévenu dans une ultime tentative pernicieuse. J’ai d’énormes soucis financiers avec le boulot… »
La voix acérée du conseil de la partie civile met un terme aux propos du prévenu. « On ressent exactement un coupable qui s’en fiche. Voire pire : il s’inscrit en victime ! Cet habitant de Cap-d’Ail a deux emplois et un restaurant pizzeria. Or, il est venu chez mon client pour acquérir un scooter. Il le prend et se fout éperdument du reste. Un casier vierge ? Le prévenu est défavorablement connu dans le pays voisin pour des faits identiques à ceux qui lui sont reprochés. Il abuse de la confiance des gens honnêtes. Il vous ment sur l’obligation imposée de payer par chèques. Pas un euro a été versé ! Le préjudice est important : 2 693 euros de matériel. Soit 5 000 euros avec les frais de procédure. »
Le parquet commente à son tour cette histoire abracadabrantesque. « Je n’en crois pas un mot, déclare le substitut Maxime Maillet. Ce personnage désobligeant raconte n’importe quoi. Il remet un faux chèque de 830 euros dont on ne connaît pas l’origine. Sur les formules émises, on devine des écritures différentes et les signatures ne se ressemblent pas. Monsieur ment éhontément ! Il faut une peine sévère : cent vingt jours-amendes à 20 euros. » Sans avocat pour se défendre, le prévenu s’est engagé à payer le (Illustration Jean-François Ottonello)
deux-roues de 3 500 euros. Le tribunal a requalifié l’infraction en escroquerie avec une peine d’un mois d’emprisonnement accompagné de la liberté d’épreuve pendant deux ans, avec obligation de rembourser et de travailler. Les juges ont attribué en complément une somme équivalente au prix du deux-roues pour pallier le préjudice subi par la partie civile.