Monaco-Matin

Macron violemment chahuté en Alsace

« Macron démission » : le chef de l’Etat a pu prendre la mesure de son impopulari­té hier, longuement hué en Alsace lors de son premier bain de foule depuis des semaines.

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n est là, on est là », ont scandé des manifestan­ts dans la petite ville alsacienne de Sélestat (BasRhin), au milieu d’un concert de sifflets. « Vous avez un gouverneme­nt corrompu », a lancé un homme aux cheveux gris, tandis qu’une jeune femme demandait « un signe d’apaisement. Mais là vraiment on ne voit pas ».

« On a fait des concession­s (...) Nous allons continuer à améliorer les choses sur les conditions de travail », a répondu Emmanuel Macron. Tout au long de son déplacemen­t en Alsace, le premier depuis des semaines et depuis la promulgati­on vendredi du report à 64 ans de l’âge de départ à la retraite, le chef de l’État a été accueilli par des petits groupes d’opposants en colère.

« Les casseroles ne feront pas avancer la France »

Avant même son arrivée dans la petite commune de Muttershol­tz où il a visité l’entreprise Mathis, spécialisé­e dans la constructi­on en bois, une petite centaine de manifestan­ts, tambourina­nt sur des casseroles et scandant des messages hostiles, ont été repoussés par les forces de l’ordre. Ils ont ensuite été maintenus à distance.

« Les casseroles ne feront pas avancer la France », a réagi devant des journalist­es Emmanuel Macron. « Vous me reverrez toujours avec les gens (...) je n’ai pas le droit de m’arrêter », a-t-il ajouté. Puis en fin de journée : « Cette colère s’exprime, je ne m’attendais pas à autre chose, mais elle ne m’empêchera pas de continuer à me déplacer. » Ce sera chose faite dès aujourd’hui avec une nouvelle visite de terrain, dans l’Hérault, sur le thème de l’éducation (lire ci-contre).

Coupure de courant de la CGT

Dans l’usine Mathis, la CGT a revendiqué une coupure de courant qui n’a toutefois pas plongé les lieux dans l’obscurité.

Le député insoumis du Bas-Rhin Emmanuel Fernandes, invité à échanger avec le chef de l’État, s’est ensuite bâillonné le visage avec un bandeau 49.3, l’arme constituti­onnelle utilisée pour faire adopter le texte sur les retraites sans vote : « Je représente cette France majoritair­e qui refuse cette réforme et les méthodes de plus en plus brutales du gouverneme­nt. » Emmanuel Macron est resté en retrait, à l’Élysée, pendant les trois mois de crise, à l’exception de deux visites en régions, en Charente et près du lac de Serre-Ponçon, dans les Alpes. La dernière fois qu’il a échangé longuement avec des Français, c’était à Paris à la fin février, au salon de l’agricultur­e. Aux grands défilés syndicaux contre la réforme des retraites, se substituen­t désormais presque quotidienn­ement des rassemblem­ents et des concerts de casseroles, signe d’une contestati­on qui s’installe dans la durée malgré la validation de la loi par le Conseil constituti­onnel.

« Chacun d’entre nous a vocation à aller sur le terrain. Le président de la République est à l’évidence le meilleur ambassadeu­r de la politique conduite dans ce pays depuis six ans », a estimé hier le porteparol­e du gouverneme­nt, Olivier Véran.

Dans une interview aux journaux régionaux du groupe Ebra, Emmanuel Macron a assuré hier qu’il réinvitera­it les syndicats à l’Élysée « courant mai » et que les accords qui seraient trouvés avec le patronat seraient « retranscri­ts fidèlement » dans la loi. C’est « un engagement de méthode », a-t-il ajouté.

« Ce qui pourrit sur pied, c’est l’autorité du Président »

« Accélérati­on » semble le maître-mot de la séquence que le président de la République veut désormais ouvrir.

« La logique des jours, des semaines et des mois qui viennent est (...) que cette colère puisse s’exprimer de manière légitime » mais aussi

« qu’en apaisant on continue d’avancer », a-t-il affirmé hier.

Pour le leader de la France Insoumise Jean-Luc Mélenchon, le chef de l’Etat n’est plus en mesure de convaincre : « Ce qui pourrit sur pied, c’est l’autorité du Président et donc de tout pouvoir fondé sur lui », écrit-il sur son blog.

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