Monaco-Matin

« Le rôle de la comédie est de dire la vérité avec le sourire »

Le Monte-Carlo Film Festival de la comédie fête cette année ses vingt ans. Son concepteur Ezio Greggio défend ce genre cinématogr­aphique en voulant le montrer sous toutes ses facettes.

- PROPOS RECUEILLIS PAR CEDRIC VERANY

Vingt ans que ça dure ! « C’est un miracle à chaque fois », lance, dans un éclat de rire communicat­if, celui par qui la comédie fait son festival depuis deux décennies en Principaut­é. En fondant le Monte-Carlo Film Festival de la comédie il y a vingt ans, Ezio Greggio voulait donner une plus belle reconnaiss­ance à un genre d’ordinaire sous-coté dans le monde du cinéma et boudé dans les grands rendez-vous du 7e art.

« Ce festival a commencé comme un pari et il est devenu important. On m’en parle beaucoup quand je suis aux États-Unis », souligne son créateur, amuseur public historique de la télévision italienne avec son émission satirique Striscia la notizia, acteur aussi à ses heures perdues et amoureux de la Principaut­é, dont il y a fait son camp de base depuis longtemps. Et où il compte, encore une fois cette année, fêter en grand, sa passion pour la comédie.

Vous venez de dévoiler le jury de cette édition du festival, qui comme chaque année, est un mélange des genres et des nationalit­és…

20e

Ce n’est pas tant la nationalit­é qui m’intéresse, mais surtout d’avoir dans le jury des gens qui ont des points de vue, des expérience­s différente­s. Il sera présidé cette année par Giancarlo Giannini, un grand acteur italien, mais pas seulement car il est connu à l’internatio­nal, a joué dans des James Bond (Casino Royale et Quantum of Solace en 2006 et 2008, NDLR). En plus, il vient d’avoir son étoile sur Hollywood Boulevard ! À ses côtés, nous aurons Richard Anconina, un acteur formidable qui était aussi un grand ami de Jean-Paul Belmondo, qui était mon idole. Puis la comédienne espagnole Nathalie Poza qui a remporté

plusieurs Goya. Et Neri Marcorè, un acteur éclectique. Ce mélange est très important car il y a toujours une grande différence quand on juge le travail dans une comédie ou un autre genre. Et souvent la critique n’est pas toujours en accord avec les comédies qui sont de grands succès publics…

La sélection compte une production ukrainienn­e, vous y teniez ?

C’est une grande satisfacti­on pour nous de montrer une comédie qui a été tournée et produite au cours de l’année 2022 dans ce pays qui traverse une période si compliquée. Nous le projettero­ns avec beaucoup de fierté en racontant l’histoire de ce tournage dans un pays en guerre. À coté, nous aurons comme chaque année, des films qui arrivent du monde entier. Ce qui me préoccupe constammen­t, c’est d’avoir un festival qui ne soit pas

monothémat­ique, avec un seul style de comédie. On a des histoires romantique­s, fantastiqu­es, un thriller. Beaucoup d’espoir, de moments touchants. Et des moments très amusants aussi. C’est le rôle de la comédie de dire la vérité avec le sourire. C’est ce que je veux rappeler au public, que les nuances de la comédie sont infinies.

Quelles personnali­tés du cinéma honorerez-vous d’un prix cette année ?

Tout d’abord, l’actrice américaine Mira Sorvino, oscarisée en 1995 pour Maudite Aphrodite. Je suis touché qu’elle vienne à Monaco, d’autant que je connaissai­s bien son père, Paul Sorvino. Puis nous remettrons un Legend Award au réalisateu­r Costa Gavras. Il vient de fêter ses 90 ans, très heureux de le recevoir à nouveau au festival et saluer son extraordin­aire carrière. J’ai d’ailleurs une anecdote, la première que je l’ai rencontré.

C’était lors d’une fête dans la villa de mon ami John Landis sur les collines de Beverly Hills. Dans une maison magnifique qui avait appartenu à Rock Hudson et qui ressemblai­t à un palais de Toscane. John me dit que Costa Gavras était invité et qu’il allait me le présenter. J’étais ému car c’est un réalisateu­r que j’adore. Nous partons donc l’accueillir à l’entrée de la villa, Costa Gavras sort de sa voiture, et il vient vers nous en disant à John Landis : « Ah quel plaisir de voir Monsieur Greggio ici, tu sais que qu’il est très connu en Italie, avec son émission ! » Je suis resté sans voix de voir que Costa Gavras connaissai­t ma tête. J’ai appris par la suite qu’il résidait une partie de l’année en Italie et que visiblemen­t, il regardait mon émission. De ce moment-là, nous sommes restés en contact.

D’autres artistes seront récompensé­s au cours du festival ?

Un de mes plaisirs sera aussi de remettre un prix à Victor Belmondo, le petit-fils de JeanPaul. J’ai vu plusieurs de ses films et il est en condition de faire une grande carrière. Je suis content de lui décerner ce prix espoir, pour qu’il lui porte chance. Nous honorerons aussi trois grands noms du cinéma actuel italien : Anna Foglietta, Marco Giallini et Marco D’Amore.

Votre festival célèbre beaucoup la culture cinématogr­aphique italienne, vous n’avez jamais voulu le délocalise­r en Italie ?

Tous les ans, une ville italienne me propose d’accueillir le festival et de nous aider avec des contributi­ons de la commune, de la région, de la province. Mais pourquoi m’en aller ? Je ne peux pas laisser Monaco, le festival est né ici ! Lors de la première édition, le prince Rainier était présent à la projection du film Y a-t-il un flic pour sauver l’humanité ?, dans lequel je jouais avec Leslie Nielsen, qui était un ami du prince Rainier. À la fin de la soirée, le Prince m’avait dit « Monsieur Greggio, vous devez me promettre que ce festival à Monte-Carlo dans le futur, sera encore plus grand que le festival de Cannes ». Je lui ai promis ! Et nous avions ri. Alors je reste à Monaco. Mais je créerais peut-être un jour un autre festival à l’étranger ? Des entreprene­urs chinois un jour ont assisté à celui de Monaco et m’ont demandé de créer un festival du film en Chine…

Il y a des chances de voir le festival de la comédie de MonteCarlo à Pékin un jour ?

Peut-être, mais seulement si le prince Albert vient avec moi pour la soirée d’ouverture ! (rires)

 ?? (Photo Jean-François Ottonello) ?? Ezio Greggio célèbre les 20 ans d’un festival qu’il entend bien conserver en Principaut­é.
(Photo Jean-François Ottonello) Ezio Greggio célèbre les 20 ans d’un festival qu’il entend bien conserver en Principaut­é.

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