Monaco-Matin

Le niveau de l’eau baisse,

▶ Le Paillon, L’Estéron, la Cagne, peut-être aussi la Siagne... plusieurs bassins-versants des Alpes-Maritimes devraient passer en alerte renforcée la semaine prochaine. À l’approche de la saison estivale l’inquiétude monte. ▶ Pour de nombreux experts une

- Dossier : Eric GALLIANO egalliano@nicematin.fr

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e comité sécheresse s’est une nouvelle fois réuni ce jeudi en préfecture. Ce groupe d’experts qui rassemble tous les acteurs de l’eau, des producteur­s aux consommate­urs, scrute presque chaque mois depuis un an l’état d’une ressource qui n’en finit plus de s’amenuiser.

Début mars le comité sonnait déjà l’alerte pour l’ensemble du départemen­t. Elle devrait être renforcée, dès la semaine prochaine, sur au moins trois bassins-versants : l’Estéron, la Cagne et le Paillon. La situation de la Siagne inquiète également.

« Une situation de crise majeure »

Ces territoire­s azuréens se verront automatiqu­ement assignés des objectifs de réduction de consommati­on d’au moins 40 %. Une injonction préfectora­le qui, faute de contrôles suffisants (voir ci-dessous), semble bien difficile à faire respecter. L’été dernier, au plus fort de la crise, la consommati­on d’eau du départemen­t n’avait baissé au final que de 10 % en août dernier. 2022 aura pourtant été la deuxième année la plus sèche depuis 1959. Le problème c’est que 2023 s’apprête à grimper elle aussi sur ce triste podium des plus forts écarts à la normale.

« Même si on ne parle pour l’heure que d’alerte renforcée, note le maire d’Aiglun, Anthony Salomone, il ne faut pas se leurrer, nous sommes déjà dans une situation de crise majeure. »

Vers des coupures d’eau au robinet

« L’été sera dur, prévient lui aussi, Jean-Luc Belliard, responsabl­e du pôle eau de la chambre d’agricultur­e. Sans doute marqué par des coupures d’eau au robinet. Et peutêtre pas que dans les villages de l’arrière-pays...»

Certaines communes, dans l’Estéron ou bien Caussols, seraient déjà au bord de la rupture. Ce ne serait « qu’une question de jours ». Tous les feux sont en effet au rouge. La période de recharge qui, de septembre à mars, est censée remplir les nappes, vient de s’achever avec un déficit pluviométr­ique de 47 %. Celui-ci a même atteint 76 % le mois dernier. Et alors qu’avril a débuté sous les mêmes auspices, Météo-France n’annonce que de rares pluies éparses pour les 15 prochains jours.

Des mètres en moins dans les nappes

Au-delà, personne n’a de boule de cristal. Mais tout le monde s’accorde à dire que même si la pluie venait à s’abattre sur les AlpesMarit­imes

cela ne suffirait pas à reconstitu­er des stocks largement entamés. « Tous les capteurs du départemen­t affichent des mesures inférieure­s de 40 à 60 % à la normale. La sécheresse de cette année est déjà au niveau de ce qu’elle était l’an passée, mais trois mois plus tôt », constate avec inquiétude Antoine Véran, maire de Levens et vice-président de la Métropole.

« Le niveau de l’Estéron est 50 cm en dessous de ce qu’il devrait être », pointe le maire d’Aiglun, Anthony Salomone. « Et ceux de la plupart de nos nappes phréatique­s ont reculé de plusieurs mètres », ajoute Jean-Luc Belliard, responsabl­e du pôle eau de la chambre d’agricultur­e.

Le château d’eau de Saint-Cassien au plus bas

Pour lui le point le plus noir de ce tableau déjà bien sombre est le lac de Saint-Cassien. Ce château d’eau qui alimente l’est-Var et plusieurs communes de l’ouest des Alpes-Maritimes, comme Cannes ou Mandelieu, a déjà perdu « entre 2,5 et 3 mètres ».

« Parce que la Siagne qui l’alimente subit elle aussi la sécheresse et que le Var, lui-même en crise, a dû beaucoup puiser dedans », explique Jean-Luc Belliard qui rappelle qu’on ne pourra continuer indéfinime­nt de ponctionne­r Saint-Cassien.

Réglementa­irement le lac doit entamer la saison avec une réserve de 20 millions de mètres cubes au 1er juillet. C’est l’approvisio­nnement de centaines de milliers de Varois et de Maralpins qui en dépend.

Plus que jamais le risque de pénurie menace les Alpes-Maritimes. « Tous les experts le disent, souffle Antoine Véran, certaines communes ne devraient pas échapper à des coupures d’eau. »

Lesquelles ? Personne ne veut vraiment le dire « pour ne pas affoler les population­s ». Même si les secteurs les plus vulnérable­s sont connus : les hameaux de la Roya, certains village s de l’Estéron... Et, au-delà du moyen et haut pays, toute la rive droite du Var.

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(Photo Frank Muller) Le lac de Saint-Cassien, château d’eau de l’est-Var et de plusieurs communes de l’ouest des Alpes-Maritimes, est à un niveau historique­ment bas.

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