Olivier Véran à la rencontre des citoyens à Brignoles
Assez loin des sifflets, casseroles et cornes de brume des manifestants contre la réforme des retraites pour ne pas les voir, mais assez proche pour les entendre. Qu’importe, Olivier Véran a fait tomber la veste. Reçu à la communauté d’agglomération de la Provence verte, au lieu de la foire de Brignoles, il a même « mouillé la chemise », hier. Enfin, juste un peu. Face à lui, une cinquantaine de citoyens et quelques élus ont pris la parole pour évoquer les différentes raisons de l’abstention à la dernière présidentielle.
On vous exfiltre sous les bruits de casseroles des manifestants. Les déplacements sont compliqués en ce moment…
L’exfiltration, c’est quand on est obligé d’interrompre un événement auquel vous participez. Là, ce n’est pas le cas. La réunion est terminée. Ça n’a rien d’une évacuation. Les manifestants rusent, nous aussi. J’ai pris le parti d’annoncer mon déplacement dans un contexte difficile. Je l’assume. J’avais déjà l’habitude d’être accueilli par des cortèges quand j’étais ministre de la Santé. J’estime que la République est partout. Là, je suis allé à la rencontre de Français sur une thématique qui n’est pas simple, sans éluder les questions, ni les sujets. J’ai même demandé aux gens d’exprimer de la colère s’ils en avaient…
Quel est l’objectif de ses réunions sur l’abstention ?
Je me déplace aux quatre coins du pays, en ruralité ou en milieu urbain, pour faire un diagnostic avec les gens. Je suis porte-parole et portevoix. Je remonte à Paris avec pas mal d’éléments, comme
cette personne qui se demandait pourquoi on ne donnerait pas la prime d’activité ou un peu plus de soutien aux jeunes en d’apprentissage. Il y a eu des questions sur les fonctionnaires, les classes moyennes. Je compile le tout pour faire ensuite une note au président de la République, à la Première ministre et à mes collègues ministres.
Pensez-vous que l’État a une part de responsabilité face à la hausse de l'abstention ?
L’abstention ne date pas d’aujourd’hui. Le record remonte à 1969. Elle a ensuite baissé…
Là, elle remonte.
On a toujours une part de responsabilité quand on n’arrive pas à trouver le chemin du dialogue. La question c’est de savoir si on fait suffisamment d’efforts pour y parvenir. Aujourd’hui, vous avez la démonstration que je mouille la chemise. On peut se dire que c’est le rocher de Sisyphe. Les personnes avec qui je viens d’échanger vont en parler autour d’elles.
C’était loin d’être les plus vindicatifs…
Certes. Mais il y a une vraie différence entre le monde
numérique et la vraie vie. Si j’ouvre Twitter, j’ai l’impression que je ne rentrerai pas vivant chez moi. Alors que ce n’est pas du tout comme ça que ça se passe. Je n’ai aucune difficulté pour me déplacer. Là, vous avez des cortèges de gens venus de tout le département pour m’embêter. C’est le jeu. Je respecte ça.
Le passage en force de la réforme des retraites, ne risque-t-il pas d’amplifier l’abstention ?
La perte de confiance de la représentation politique ne date pas d’hier. Cette colère contre les élus est très ancrée dans la population. Maintenant, comment on améliore les choses ?
La « violence » observée à l’Assemblée nationale a aussi été soulevée. C’est un vrai problème ?
Ah oui. L’image que ça renvoie… Il y a une porosité entre la violence à l’Assemblée et la violence dans la rue. Quand on voit que certains représentants du peuple ont des comportements inacceptables, on ne peut pas demander aux Français de ne pas avoir les mêmes. Chacun doit se tenir à la hauteur de son mandat.