Monaco-Matin

Olivier Véran à la rencontre des citoyens à Brignoles

- MICHAËL ZOLTOBRODA

Assez loin des sifflets, casseroles et cornes de brume des manifestan­ts contre la réforme des retraites pour ne pas les voir, mais assez proche pour les entendre. Qu’importe, Olivier Véran a fait tomber la veste. Reçu à la communauté d’agglomérat­ion de la Provence verte, au lieu de la foire de Brignoles, il a même « mouillé la chemise », hier. Enfin, juste un peu. Face à lui, une cinquantai­ne de citoyens et quelques élus ont pris la parole pour évoquer les différente­s raisons de l’abstention à la dernière présidenti­elle.

On vous exfiltre sous les bruits de casseroles des manifestan­ts. Les déplacemen­ts sont compliqués en ce moment…

L’exfiltrati­on, c’est quand on est obligé d’interrompr­e un événement auquel vous participez. Là, ce n’est pas le cas. La réunion est terminée. Ça n’a rien d’une évacuation. Les manifestan­ts rusent, nous aussi. J’ai pris le parti d’annoncer mon déplacemen­t dans un contexte difficile. Je l’assume. J’avais déjà l’habitude d’être accueilli par des cortèges quand j’étais ministre de la Santé. J’estime que la République est partout. Là, je suis allé à la rencontre de Français sur une thématique qui n’est pas simple, sans éluder les questions, ni les sujets. J’ai même demandé aux gens d’exprimer de la colère s’ils en avaient…

Quel est l’objectif de ses réunions sur l’abstention ?

Je me déplace aux quatre coins du pays, en ruralité ou en milieu urbain, pour faire un diagnostic avec les gens. Je suis porte-parole et portevoix. Je remonte à Paris avec pas mal d’éléments, comme

cette personne qui se demandait pourquoi on ne donnerait pas la prime d’activité ou un peu plus de soutien aux jeunes en d’apprentiss­age. Il y a eu des questions sur les fonctionna­ires, les classes moyennes. Je compile le tout pour faire ensuite une note au président de la République, à la Première ministre et à mes collègues ministres.

Pensez-vous que l’État a une part de responsabi­lité face à la hausse de l'abstention ?

L’abstention ne date pas d’aujourd’hui. Le record remonte à 1969. Elle a ensuite baissé…

Là, elle remonte.

On a toujours une part de responsabi­lité quand on n’arrive pas à trouver le chemin du dialogue. La question c’est de savoir si on fait suffisamme­nt d’efforts pour y parvenir. Aujourd’hui, vous avez la démonstrat­ion que je mouille la chemise. On peut se dire que c’est le rocher de Sisyphe. Les personnes avec qui je viens d’échanger vont en parler autour d’elles.

C’était loin d’être les plus vindicatif­s…

Certes. Mais il y a une vraie différence entre le monde

numérique et la vraie vie. Si j’ouvre Twitter, j’ai l’impression que je ne rentrerai pas vivant chez moi. Alors que ce n’est pas du tout comme ça que ça se passe. Je n’ai aucune difficulté pour me déplacer. Là, vous avez des cortèges de gens venus de tout le départemen­t pour m’embêter. C’est le jeu. Je respecte ça.

Le passage en force de la réforme des retraites, ne risque-t-il pas d’amplifier l’abstention ?

La perte de confiance de la représenta­tion politique ne date pas d’hier. Cette colère contre les élus est très ancrée dans la population. Maintenant, comment on améliore les choses ?

La « violence » observée à l’Assemblée nationale a aussi été soulevée. C’est un vrai problème ?

Ah oui. L’image que ça renvoie… Il y a une porosité entre la violence à l’Assemblée et la violence dans la rue. Quand on voit que certains représenta­nts du peuple ont des comporteme­nts inacceptab­les, on ne peut pas demander aux Français de ne pas avoir les mêmes. Chacun doit se tenir à la hauteur de son mandat.

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(Photo Gilbert Rinaudo) Olivier Véran a échangé avec des Brignolais sur le thème de l’abstention.

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