Zelensky en superstar au Sommet des régions à Kiev
La météorite Zelensky a produit hier presque autant de lumière que celle tombée sur Kiev la veille. Le président ukrainien a rallié à lui tous les alliés, gros poisson de l’Otan ou petites sardines du Sud de la France.
On l’aura attendu une bonne partie de la journée. Et pour cause : entre les inquiétantes rumeurs causées par une météorite qui a affolé le système de défense antiaérien et fait hurler les sirènes, et la visite surprise du secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg, le Sommet international des villes et des régions, à Kiev, ne semblait plus être la priorité du président ukrainien Volodymyr Zelensky. Sa venue dans cet hôtel de luxe, tenu secret jusqu’au petit matin, fut à l’avenant : rapide et éclairante sur son statut de superstar.
L’Otan ou les régions françaises ?
Le virevoltant chef d’Etat avait simplement décidé de ne pas choisir entre le prestige de l’Otan, ami convoité et armé, et le pragmatisme, certes plus provincial mais bien concret, des Anne Hidalgo et autres Renaud Muselier (qui représentait les Régions de France à ce sommet) venus de l’Hexagone pour évoquer la reconstruction du pays à des échelles plus locales.
Des coopérations qui n’enverront pas de chars sur le front, mais qui visent à créer des liens économiques et culturels entre les administrations locales (régions françaises, divers types de provinces européennes, landers…) et les oblasts ukrainiens, en demande d’aide. Plusieurs d’entre elles, dont la Région Sud avec l’oblast d’Odessa, ont ainsi signé des lettres d’intention. Des mairies ont entériné des jumelages, de nouvelles alliances ont été créées.
Afin d’éviter de hiérarchiser les problèmes pressants et parce que cette improvisation semble être courante en Ukraine («impréparation », nous a glissé une source diplomatique française, étonnée par le chaos général), Zelensky a donc pris Stoltenberg sous son bras au dit sommet, en dépit du protocole. Avant de partager à ses côtés ses éléments de langage favoris (« il est temps pour l’Otan d’inviter l’Ukraine dans ses rangs »). Puis de descendre dans les réunions de travail, apparition quasi-divine parmi les mortels. Victoire militaire d’abord, reconstruction ensuite. Implacable.
Seule victime notable de cette grand-messe qui mélangeait les genres, le maire de Kiev, Vitali Klitschko. L’ancien boxeur est sciemment arrivé au moment où son président quittait les lieux. Alors que leur charisme à tous deux est évident, s’attirant chacun une horde d’admirateurs, les deux hommes entretiendraient des relations glaciales. Difficile de laisser la cruauté du monde politique à la porte, même en temps de guerre.
Aider l’Ukraine à entrer dans l’UE
À son arrivée au Sommet international des villes et des régions, donc, le président ukrainien a littéralement distribué les médailles à ses alliés, dont un prix de la « Ville sauveteuse » à la mairie de Paris, dans ce sous-sol paré d’or et de chandeliers invraisemblables, sis tout près de l’entrée d’un abri antiaérien. L’occasion était trop belle pour Zelensky : 17 pays prêts à mettre la main sur le coeur et au portefeuille pour aider son pays et des oblasts exsangues, plus de 100 participants, 128 chefs de Régions en visioconférence, des dizaines de journalistes venus du monde entier...
« Volodymyr Zelensky, que j’ai pu rencontrer en tête à tête pendant quelques minutes, est dans une démarche de fédération des Régions et des Villes, promet le président de la Région Sud, Renaud Muselier. C’est une sorte de coopération décentralisée, qui donnera des moyens complémentaires aux petites collectivités. » Soutenues financièrement par l’UE, ces petites entités auront notamment pour mission d’aider à accélérer le processus d’adhésion de l’Ukraine à l’Europe.
Corruption
Une marche forcée qui devra faire face, en temps de paix, à une corruption endémique et à des habitudes héritées de l’union soviétique. Cinq recommandations sur sept rendus récemment par la Commission européenne concernaient la lutte contre la corruption, notamment la réforme du système judiciaire, en cours. Selon Alexandra Goujon, chercheuse spécialiste de l’Ukraine, « Zelensky doit établir des frontières fermes entre le monde des affaires et la sphère politique ».