Le coup de coeur du disquaire : « Oh Death » de Goat
Thierry Arnaud, disquaire de Cosmic Trip à Draguignan, a craqué sur l’album « Oh Death » de Goat chez Rocket Recordings.
Revoilà notre collectif suédois de Göteborg, anonyme et masqué. Mais attention, la ressemblance avec les avant-gardistes Résidents s’arrête là, comme d’ailleurs avec leurs concitoyens de Ghost et leur métal liturgique. Le groupe verse toujours dans un mélange très personnel d’afro-beat, de funk, de krautrock et de space-rock, le tout agrémenté d’imprécations mystiques et de danses rituelles sur scène. La formation de sept artistes (deux chanteuses, deux guitaristes, basse, batterie et congas) ouverte à d’autres intervenants toujours bienvenus (cuivres et claviers notamment) revient donc avec ce terriblement efficace et inspiré « Oh Death », leur quatrième album studio (auxquels viennent s’ajouter deux live et une compilation) depuis leur « World Music » de 2012. Dès le premier titre, « Soon You Die », sorte de heavy funk à la sauce Parliament-Funkadelic, on comprend qu’une fois de plus le voyage musical sera perturbé, mais vaudra le détour. On poursuit avec le râga psychédélique de « Chukua Pesa » qui nous téléporte illico presto dans le San Francisco de la fin des 60’s. Puis ce sera « Under No Nation », afro-beat 2.0 au groove irrésistible et au final Stoogien qui n’aurait pas dépareillé sur la face B de « Fun House ». Le très glam « Do The Dance » pourrait faire un single idéal, quant à « Goatmilk », c’est un trip-hop azimuté au relent de jazz mystique. Si on rajoute que d’ici à la fin du disque, le groupe aura abordé le désert blues plutôt barré («Blow The Horns ») avant un final instrumental qui pourrait sortir des sessions du « Gris-Gris » de Dr John, vous aurez compris que ces musiciens sans oeillères mais imprévisibles, transcendent leurs multiples influences dans un melting-pot musical unique qui ne sonne comme nul autre.
Une gageure qui n’est pas à la portée de tous, mais que nos Scandinaves ont le mérite de relever haut la main.