Monaco-Matin

Debout sur le zinc HÉRITIERS DE BORIS VIAN

Symbole de la scène festive française, Debout sur le Zinc tourne avec son dixième album et sera en concert à Bandol le 29 avril. Simon Mimoun, auteur et chanteur, raconte son groupe.

- FABRICE MICHELIER fmichelier@nicematin.fr

L’importance de l’hiver », votre dixième album, raconte les cycles de la vie… Comment le présenteri­ez-vous ?

Ça parle d’histoire, de l’air du temps, d’amour… Ce sont les fondamenta­ux de Debout sur le Zinc ! On essaie parfois de s’en éloigner, mais on n’y parvient pas. Les titres qui ressortent de cet album sont « L’importance de l’hiver » et « Passe me voir » qui a pour thème la vieillesse et le rapport aux gens âgés dans nos pays occidentau­x. Il y a beaucoup d’introspect­ion et la volonté d’envisager les aléas de la vie pas comme des contrainte­s, mais comme des étapes.

Ces titres naissent-ils de vos propres expérience­s ?

Dans l’écriture, cela devient de plus en plus compliqué, avec l’âge, de se baser uniquement sur de l’autobiogra­phique et d’avoir un avis tranché. Plus on vieillit, moins on est manichéen. (rires) Mais on parle toujours de nous, et c’est certaineme­nt pour cela que les gens adhérent depuis 25 ans.

25 ans d’existence, dix albums studio, des centaines de concerts… Mesurez-vous le chemin parcouru ?

De plus en plus. Quand des choses extraordin­aires arrivent, on ne s’en aperçoit pas, car ça ne surgit pas d’un seul coup. Aujourd’hui, c’est peut-être moins le cas, car on est un peu moins à la mode. Mais on a vécu des choses incroyable­s, rencontré des gens fabuleux, parcouru la moitié de la planète… On a eu la chance de pouvoir dire des choses et d’être entendus.

Vous avez toujours accordé une importance aux mots et à la langue française. C’est un vrai parti pris ?

Je n’ai rien contre l’anglais ou l’espagnol, mais je ne saurais pas exprimer des choses profondes dans ces langues. Romain [l’autre auteur, ndlr] comme moi, nous avons ce besoin de complexité. La langue, les mots, c’est un peu de la broderie. C’est un jeu de puzzle, il a quelque chose de jouissif à les agencer et à faire émerger des sens parfois insoupçonn­és.

Vous ne cachez pas la filiation avec Boris Vian, avec d’ailleurs un album dédié. Comment s’est opérée cette rencontre ?

Cette filiation est réelle. Nos parents écoutaient Boris Vian, nous sommes familiers de son univers. Un de mes albums de chevet, lorsque j’étais adolescent, était le premier disque de Higelin qui chantait Boris Vian. J’ai été biberonné à cela. Quand j’ai lu « L’Écume de jours » pour la première fois, ça m’a vraiment bouleversé, je me suis dit : il y a mille façons d’écrire. On peut écrire de manière assez drôle et exprimer des sentiments très durs avec des situations terrifiant­es. Nous avons fait un abécédaire de Boris Vian, pour enfants, puis un album.

Vous vous définissez parfois comme étant de joyeux pessimiste­s. Comme Vian…

C’est ça. Boris Vian savait qu’il allait mourir avant ses 40 ans. Ça a été le cas. Pour autant, il n’est jamais passé du côté obscur. Il a toujours voulu connaître l’avenir. Par exemple, dans son texte « Je ne voudrais pas crever », il y a tout Boris Vian et ses injonction­s contradict­oires. Il avait des qualités indéniable­s pour son époque, il n’était par exemple pas misogyne alors que l’époque l’était !

« La langue, les mots, c’est un peu de la broderie »

Avec plus de dix albums, comment construise­z-vous vos concerts ?

On met des casques et des gants de boxe et on se dispute entrenous. (rires) Même si on n’est pas d’accord, quand une majorité pense qu’il est bon de défendre, par exemple, beaucoup de titres du nouvel album, il faut le faire ! Un concert réussi est un concert assumé par tous. Ensuite, sur l’énergie du concert, la façon dont il monte, tout cela, c’est de la cuisine de précision. > Samedi 29 avril à 20 h 30 au théâtre Jules Verne à Bandol. Tarif : dès 17 euros. Rens. 04.94.29.12.60.

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