Monaco-Matin

« Je leur ai tout donné »

Au coeur de l’affaire Galtier, Jean-Pierre Rivère est sorti du silence avant le match face à Bâle. Le président du Gym affirme avoir livré tout ce qu’il savait aux enquêteurs.

- OGC NICE VINCENT MENICHINI, WILLIAM HUMBERSET

Muré dans le silence depuis le début de l’affaire Galtier, Jean-Pierre Rivière a enfin accepté de répondre à nos questions. Hier, juste avant le quart de finale retour contre Bâle, “JPR” a reçu Nice-Matin et l’Equipe dans une salle de l’Allianz Riviera. Il a pesé chacun de ses mots.

Président, pourquoi acceptez-vous enfin de parler sur l’affaire Galtier ?

Pourquoi je sors du silence maintenant ? C’est une saison qui n’est pas évidente pour le club et on a une échéance très importante qui se profile. On verra le verdict vers 23 heures mais ça peut être historique pour l’OGC Nice. Cette affaire est sortie, elle date de plus d’un an, de la saison dernière. Il était important de marquer une pause sur ce sujet, de préserver le groupe au maximum. Ce n’est pas évident et l’idée était de ne pas alimenter tout ça.

Comprenez-vous tout de même que votre silence a pu surprendre ?

La position de l’OGC Nice est très claire sur ce dossier.

Il y a une enquête en cours. On a recommandé aux salariés de ne pas trop s’exprimer sur le sujet afin de protéger cet événement si important. Cela fait beaucoup de bruit, de la cacophonie même. Par la suite, chacun aura la totale liberté de s’exprimer pour dire ce qu’il pense. J’ai déjà été auditionné, j’ai donné tous les éléments que je considérai­s avoir en ma possession. Chacun fera la même chose. Il était vraiment important de protéger le groupe, ce qui n’a vraiment pas été facile durant cette période.

« Julien Fournier m’a dit : je vais écrire à Ineos » A combien de réunions houleuses avez-vous assisté entre Julien Fournier et Christophe Galtier ?

On a effectué une saison complète avec un entraîneur, Christophe Galtier et Julien Fournier. Ces deux personnes se voyaient tous les jours ou presque. Je venais de temps en temps. Je ne peux pas vous dire le nombre exact de réunions où j’étais présent. Une saison, c’est long. Lorsqu’elle ne se passe pas aussi bien qu’on le souhaite, et notamment lors de la phase retour, il y a des tensions qui se créent dans tous les clubs.

Ce ne sont pas des tensions classiques… Confirmez-vous les faits rapportés dans ce mail ?

Attendez… Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas envie de dire. Julien Fournier m’a dit un jour : “Je vais écrire un courrier à Ineos.” Il n’a pas souhaité m’en donner le contenu, ce que je respecte. Ce mail, je ne l’ai toujours pas vu. Je n’ai eu que les éléments rapportés par le journalist­e M. Molina. Point barre. Ce que j’ai entendu, vu, compris, pas compris, je ne vais pas vous le dire. J’ai donné tout ce que je pouvais aux enquêteurs lors de mon audition. J’espère que chacun pourra librement s’exprimer dans le cadre de l’enquête. Je ne vais pas aujourd’hui, dans la presse, vous dire ce que j’ai exprimé aux enquêteurs.

« Je n’ai jamais vu, ni lu ce mail »

Le club n’a pas démenti le

contenu de ce mail…

Je ne peux pas m’exprimer sur ce mail. Vous allez peut-être croire que je vous mens, mais je n’ai jamais vu ni lu ce mail.

Avez-vous assisté à ces échanges tendus entre Galtier et Fournier ?

Je ne souhaite pas répondre à ces questions. J’ai réservé mes réponses dans le cadre de l’enquête. Je me répète, je souhaite que tout le club puisse le faire, avec la même liberté que la mienne, lors de mon audition.

Est-ce que le PSG a pris des renseignem­ents auprès de l’OGC Nice sur cette affaire avant de faire signer Christophe Galtier ?

A ma connaissan­ce, pas du tout. Le PSG m’a appelé pour me dire qu’ils étaient sur Christophe Galtier. Dans ce cas, vous savez qu’il a déjà été approché et qu’il est difficile pour un coach de

refuser le PSG. On m’a demandé mon sentiment. J’ai répondu que ce n’était pas à moi de dire ce que le PSG devait faire par rapport à son futur entraîneur. Je ne suis pas habilité à parler à la place du PSG.

« Je dirai à Galtier comme à Fournier ce que je pense » Avez-vous envoyé un message à Christophe Galtier et Julien Fournier depuis le début de l’affaire ?

Ni à Christophe Galtier ni à Julien Fournier. J’aurai le plaisir de rencontrer l’un et l’autre, je ne l’ai pas fait pour l’instant mais ça arrivera nécessaire­ment, et je dirai à l’un et l’autre ce que je pense.

Confirmez-vous que vous êtes très éloigné de Julien Fournier ?

Ça, c’est votre interpréta­tion. Si j’ai une bonne mémoire, j’ai dû appeler Julien il y a une quinzaine de jours pour lui dire : ‘‘Si tu veux venir voir un match de Coupe d’Europe, tu es le bienvenu.’’

Il m’a répondu qu’il était au Brésil. Point.

Avez-vous des regrets sur la gestion de l’affaire la saison dernière ?

Je n’ai pas de commentair­e à faire sur ce sujet. Aujourd’hui, on est un club, une institutio­n, mon rôle est de préserver cette institutio­n. On a des actionnair­es, Ineos, qui sont remarquabl­es. Après, sincèremen­t, la justice va faire son chemin, son travail, et elle va arriver à des conclusion­s. Lesquelles ? Je n’en sais rien, et nous verrons bien.

Pourquoi Ineos n’a pas encore parlé, alors que Dave Brailsford est le destinatai­re du mail de Julien Fournier ?

Ineos s’est exprimé via le communiqué du club.

« Ma position est intérieure, je l’ai confiée aux enquêteurs » Comment vivez-vous ces événements et votre audition ?

Vous savez, mon audition s’est passée de façon très sympathiqu­e et conviviale. Je ne vais pas me plaindre d’être président d’un club de foot, sinon je m’en vais. Je suis là avec les bons côtés et les mauvais côtés. Ce genre d’affaire, ce n’est pas toujours très agréable mais si on n’est pas satisfait de ce que l’on fait, on s’en va. Moi, en l’occurrence, je suis là et ça fait partie du monde du foot de vivre des bons et des mauvais moments.

Comprenez-vous que certains de vos joueurs, et votre entraîneur Didier Digard, puissent se considérer comme des victimes, car personne ne les a soutenus ?

Attendez… Je ne suis pas là pour arbitrer qui a reçu des soutiens. Ma position est intérieure, je l’ai confiée à l’enquête. Chacun, joueur, entraîneur, a sa propre opinion et l’exprimera très librement, et l’enquête conclura à quelque chose.

Vous en voulez à Julien Fournier ?

Je n’ai absolument aucun commentair­e à faire à ce sujet. Tout ce que j’ai pu exprimer, je l’ai fait de façon très relax dans le cadre de l’enquête, et il y a un devoir de réserve. Ma priorité est de protéger le club et les joueurs.

 ?? (Photo JF Ottonello) ?? Jean-Pierre Rivère (ici avec Jim Ratcliffe et Christian Estrosi peu avant le coup d’envoi) s’est enfin exprimé sur l’affaire Galtier.
(Photo JF Ottonello) Jean-Pierre Rivère (ici avec Jim Ratcliffe et Christian Estrosi peu avant le coup d’envoi) s’est enfin exprimé sur l’affaire Galtier.
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