La Coupe aux lèvres
Face à Ifs, les Niss’Angels, qui sont également aux portes de l’accession en LF2, vont tenter ce soir de s’offrir un premier trophée cette saison. Et ainsi entrer un peu plus dans l’Histoire...
Il n’a rien voulu changer à ses habitudes, est resté fidèle à son plan de travail initial. C’est donc une semaine « classique », presque ordinaire, qu’Alexandre Michaïloff a réservée à ses joueuses. Avant de prendre l’avion pour Paris où - et là, même la mémoire des anciens s’effiloche… - elles disputeront, ce soir à Bercy, la première finale de l’histoire du club depuis « au moins 30 ans ». Tenteront de forcer leur destin face à un adversaire (Ifs, dans le Calvados) qui, dans l’autre poule de Nationale 1 féminine, a également joué les premiers rôles. Et dont certaines de ses joueuses sont d’ailleurs des anciennes du Cavi. A l’image de Carla M’Baye, Kendal Cooper, ou encore Maroussia Droguet… « Ça ne sera pas un match de basket, mais une finale, dans toute sa dimension émotionnelle. Ça se jouera sur des détails, évidemment, mais surtout sur nous. Et on devra être le plus précis possible dans ce que l’on va proposer. Mais n’oublions pas non plus que, même si on en a tous envie, ce n’est que la cerise sur le gâteau ; que le plus important, c’est ce qui arrive derrière (en l’occurrence les phases finales d’accession à la LF2, NDLR). Parce que si on ramène la Coupe, mais qu’on ne monte pas, la saison, inévitablement, laissera de terribles regrets… »
Ses filles, elles, semblent presque sourdes à l’injonction.
Ne veulent n’avoir à faire aucun tri, ni même à hiérarchiser leurs objectifs. Depuis qu’elles se sont forgées, dans l’intimité du vestiaire, l’ambition de tout rafler. Une ambition légitimée par un parcours vierge, jusqu’à présent, de toute sortie de route…
Trois ont déjà vécu une finale…
Et pour éviter qu’une éventuelle surcharge émotionnelle n’ait ce malsain pouvoir inhibant, le groupe sait, en plus, pouvoir compter sur 3 filles, parmi les plus expérimentées,
ayant déjà connu l’ivresse d’une virée à Bercy. Et donc à même d’aider à déjouer le piège…
À 28 ans, Lena Timera pourrait d’ailleurs devenir l’amulette des Niss’Angels. Leur porte-bonheur, puisque ce n’est pas une, mais deux Coupes qu’elle s’est déjà brodée à l’âme. Lorsqu’elle évoluait sous le paletot de La Tronche, puis avec Monaco. « Franchement, même avec le recul, ça reste des moments à part dans une carrière, assène d’emblée la Franco-sénégalaise. Pour tout le monde, jouer à Bercy, c’est un rêve. Et
ça n’a effectivement rien à voir avec ce que l’on peut vivre en championnat. Les émotions sont décuplées. Et tout cas, je suis déterminée à aller en chercher une troisième… »
Détermination et optimisme partagés
Pour Julianne Anchling, si le souvenir de sa « folle » nuit parisienne est tout aussi impérissable, il y a néanmoins une grosse couche de frustration à gommer, puisqu’avec Voiron, en 2019, elle était revenue bredouille de Paname. « Mais ça reste malgré tout des moments magiques, que l’on a envie de vivre au moins une fois dans sa vie de basketteuse », rembobine l’intérieure (31 ans, 1,91 m).
Alors, évidemment, elle n’imagine rien d’autre, cette fois, que de soulever le trophée. D’autant qu’à ses yeux, elle et ses copines sont portées par ce petit supplément d’âme qui, il est vrai, permet bien souvent de renverser les montagnes. « L’état d’esprit du groupe permet de nous transcender. Au point d’avoir parfois le sentiment, c’est vrai, d’être intouchables. En tout cas, c’est sûr que l’on va encore tout donner, afin de mettre plus d’éclat encore à cette saison qui est déjà l’une des plus belles et des plus abouties de toute ma carrière… » À ses côtés, Laura Dimithé (30 ans) a partagé les mêmes affres d’une finale perdue. Mais elle, c’était avec Roanne, en 2016. Du coup, pas question, là encore, de concevoir l’inconcevable. Alors pour mettre tous les atouts du bon côté, elle sait qu’il lui faudra sûrement assumer, en dehors de ce qu’on attend d’elle sous les paniers, la pleine et entière responsabilité « d’ancienne ». Pour encadrer, accompagner les plus jeunes, notamment dans la gestion du stress, afin que l’enjeu ne déstabilise pas le bel édifice. « C’est un peu notre rôle, à nous les vieilles (rires). Et on va la gagner cette Coupe !… » anticipe la pivot camerounaise. Qui n’aura donc besoin de s’allonger sur le divan d’un psy, pour se persuader que ce Cavi-là a toutes les cartes en mains pour se frayer un joli chemin dans les couloirs de l’Histoire…