Ce passionné de minéraux n’a pas un coeur de pierre
Le Varois Frédéric Latil continue d’arpenter le terrain, jusque dans les Alpes, à la recherche de minéraux. Une activité dévorante que le septuagénaire a entamée dès sa jeunesse.
Certains ont la tête dans les nuages, lui a plutôt le regard tourné vers les montagnes. Car s’il est né dans les Bouches-du-Rhône (à Port-deBouc) et qu’il a grandi dans le golfe tropézien (enfance à La Garde-Freinet, école à Saint-Tropez), Frédéric Latil passe aussi une partie de son temps dans les Alpes, du côté de Chamonix-MontBlanc (1).
À 78 ans, l’électromécanicien à la retraite, qui a posé ses valises chez sa compagne à Cavalaire, est passionné depuis son plus jeune âge par les minéraux. Mais sans jamais avoir voulu en faire son métier.
« J’ai commencé par ramasser des cailloux, en ayant toujours aimé écrire, au point qu’on m’appelait le ‘‘poète’’, tout en étant performant en mathématiques. Ce qui m’attirait, c’était la rareté et le brillant. Quand on observe un cristal, on a des formes et une poésie qu’on ne retrouve pas dans le vivant. Ça ne m’a jamais quitté », résume-t-il avec gourmandise, alors qu’on lui donnerait facilement dix ans de moins que son âge...
« Un des intérêts de la minéralogie est d’être sur le terrain, de voir des paysages, les fleurs et les animaux.. Parfois, on trouve des choses auxquelles on ne pensait pas. »
« J’étais très curieux ! »
Si elle partage son intérêt pour
les pierres, sa compagne Anita se montre beaucoup plus modeste. Car le septuagénaire a acquis une solide expérience au point de diriger la revue du club de Chamonix (un bulletin annuel de 140 pages), dont il est membre depuis quatre décennies. Il écrit, met en page et corrige les articles.
Il retourne régulièrement dans la vallée où l’on peut admirer le plus haut sommet d’Europe et qui abrite un musée des minéraux. Le Cavalairois se souvient de cette anecdote quand, par téléphone, des amateurs lui avaient décrit leur découverte dans un glacier du secteur. Il avait pu, avec un simple dessin transmis, leur apporter de précieux renseignements.
Frédéric Latil continue d’arpenter le terrain dans le quart Sud-Est de l’Hexagone, de fréquenter salons (jusqu’en Alsace) et expositions (il y a quelques années il en avait organisé une à la Maison de la mer de Cavalaire) pour alimenter et partager sa soif de connaissances. Dans le golfe (Cavalaire, Plan-de-la-Tour) et au-delà dans le Var, comme à Fréjus et à Collobrières.
« Cette vie de fou »
« J’avais un grand-père autodidacte qui m’a appris beaucoup de choses, il fallait s’accrocher et j’étais très curieux ! »
Avec aujourd’hui une collection envahissante, sur les étagères, à l’intérieur et à l’extérieur, et dans des cartons en attendant les vitrines adéquates. Impossible d’avoir un compte exact dans « cette vie de fou qu’on peut comparer à une vocation ».
Beaucoup de quartz, du gypse, de la septaria, du grenat, de l’amétrine, de la serpentine, de la calcite... Un inventaire impressionnant grâce à des décennies de recherches, d’achats et d’échanges. Dans les livres et sur le terrain avec une méthode qui lui permet de détecter ce qu’un profane ne pourrait voir. « Un jour, je suis passé devant un talus au cap Corse. Je me suis arrêté et à l’aspect de la roche, je me suis dit que j’allais trouver. C’est ce qui est gratifiant. Il suffit de sortir des sentiers battus. » Jusqu’à l’infiniment petit avec la micro-minéralogie pour aller plus loin que l’oeil nu.