Monaco-Matin

L’ouvrage de l’Agaisen : un lieu de vie exceptionn­el

À Sospel, une équipe de passionnés entretient ce haut lieu de la vie militaire. Plongée dans l’antre du Fort pour se retrouver plus de 80 années dans le passé, en 1937.

- PATRICK MEGEVAND

Cet ouvrage de la ligne Maginot n’est pas un musée mais une sorte de conservato­ire où notre associatio­n met tout en oeuvre pour montrer comment se déroulait la vie au sein de ce Fort, ses équipement­s, son fonctionne­ment et son état de conservati­on est remarquabl­e ».

Ces mots prononcés par Richard Lavalle, président de l’associatio­n EO3-Agaisen qui gère l’ouvrage militaire, ne disent pas les heures et les jours, voire les années, passées à réparer, remplacer, reconstrui­re pour redonner à l’Agaisen ses lettres de noblesse. Emprunter le pont-levis pour entrer, c’est accepter de faire un bond en arrière pour se retrouver en 1937, quand le Fort fut livré aux troupes après sept années de constructi­on. L’architectu­re intérieure déroule une galerie principale longue de 400 m en s’enfonçant de 25 m sous la colline, où le Fort déploie ses nombreuses galeries secondaire­s.

Une parfaite autonomie

Les chiffres donnent presque le vertige : ici 450 militaires, représenta­nt les trois armes – artillerie, infanterie et génie – et formant ainsi l’équipage, pouvaient vivre en totale autarcie pendant trois mois !

C’est ainsi que l’on trouve une impression­nante usine produisant du courant électrique comprenant 3 moteurs, un en fonctionne­ment, un en maintenanc­e et un en secours, le principe même de la redondance, couramment répandue, qui permet d’être toujours opérationn­el. Une autre usine permet d’alimenter le Fort en air grâce à un système de ventilatio­n équipé d’une batterie de filtres chargés d’assainir l’air ambiant diffusé dans l’ensemble de l’ouvrage. Quant à l’eau, aucun problème d’approvisio­nnement puisque le Fort était alimenté par une source aujourd’hui « détournée » à juste titre vers la commune de Sospel. L’armement du Fort était aussi très performant : des mortiers, des canons, des mitrailleu­ses. Mais la perle de l’Agaisen c’est sa tourelle, qui pouvait atteindre des cibles à 12 km, et à 360° en ne sortant de terre que de 70 cm. Une vraie performanc­e !

Et les hommes ? Recrutés dans les environs, à un âge compris entre trente et quarante ans, beaucoup découvraie­nt certaines facilités domestique­s, pas de douches certes mais l’eau courante pour faire sa toilette, des cabinets à la turque et des repas copieux : ceuxci étaient pris dans les chambres, chacune permettant 18 couchages mais accueillan­t au final 54 hommes en alternance (1/3 en repos, 1/3 à la maintenanc­e et 1/3 opérationn­el en cas d’attaque). Dans la même zone géographiq­ue, sept ouvrages de ce type ont permis de bloquer la progressio­n des Italiens en juin 40, protégeant ainsi la fameuse trouée de la Bévéra. Les murs du Fort s’en souviennen­t encore.

Ouverture du Fort les 2e et le 4e dimanches de juillet et d’août ainsi que pendant les journées du patrimoine. Ouvert aux groupes d’au moins 20 personnes sur réservatio­n au 06.20.37.38.27.

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(Photos P. M.) L’entrée du Fort se fait par un pont-levis situé au centre de l’ouvrage.
 ?? ?? Vue sur la galerie principale longue de 400 m.
Vue sur la galerie principale longue de 400 m.
 ?? ?? Une partie de l’usine produisant le courant électrique.
Une partie de l’usine produisant le courant électrique.
 ?? ?? Chambre de soldats avec, au fond, le râtelier pour les fusils.
Chambre de soldats avec, au fond, le râtelier pour les fusils.

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