L’ouvrage de l’Agaisen : un lieu de vie exceptionnel
À Sospel, une équipe de passionnés entretient ce haut lieu de la vie militaire. Plongée dans l’antre du Fort pour se retrouver plus de 80 années dans le passé, en 1937.
Cet ouvrage de la ligne Maginot n’est pas un musée mais une sorte de conservatoire où notre association met tout en oeuvre pour montrer comment se déroulait la vie au sein de ce Fort, ses équipements, son fonctionnement et son état de conservation est remarquable ».
Ces mots prononcés par Richard Lavalle, président de l’association EO3-Agaisen qui gère l’ouvrage militaire, ne disent pas les heures et les jours, voire les années, passées à réparer, remplacer, reconstruire pour redonner à l’Agaisen ses lettres de noblesse. Emprunter le pont-levis pour entrer, c’est accepter de faire un bond en arrière pour se retrouver en 1937, quand le Fort fut livré aux troupes après sept années de construction. L’architecture intérieure déroule une galerie principale longue de 400 m en s’enfonçant de 25 m sous la colline, où le Fort déploie ses nombreuses galeries secondaires.
Une parfaite autonomie
Les chiffres donnent presque le vertige : ici 450 militaires, représentant les trois armes – artillerie, infanterie et génie – et formant ainsi l’équipage, pouvaient vivre en totale autarcie pendant trois mois !
C’est ainsi que l’on trouve une impressionnante usine produisant du courant électrique comprenant 3 moteurs, un en fonctionnement, un en maintenance et un en secours, le principe même de la redondance, couramment répandue, qui permet d’être toujours opérationnel. Une autre usine permet d’alimenter le Fort en air grâce à un système de ventilation équipé d’une batterie de filtres chargés d’assainir l’air ambiant diffusé dans l’ensemble de l’ouvrage. Quant à l’eau, aucun problème d’approvisionnement puisque le Fort était alimenté par une source aujourd’hui « détournée » à juste titre vers la commune de Sospel. L’armement du Fort était aussi très performant : des mortiers, des canons, des mitrailleuses. Mais la perle de l’Agaisen c’est sa tourelle, qui pouvait atteindre des cibles à 12 km, et à 360° en ne sortant de terre que de 70 cm. Une vraie performance !
Et les hommes ? Recrutés dans les environs, à un âge compris entre trente et quarante ans, beaucoup découvraient certaines facilités domestiques, pas de douches certes mais l’eau courante pour faire sa toilette, des cabinets à la turque et des repas copieux : ceuxci étaient pris dans les chambres, chacune permettant 18 couchages mais accueillant au final 54 hommes en alternance (1/3 en repos, 1/3 à la maintenance et 1/3 opérationnel en cas d’attaque). Dans la même zone géographique, sept ouvrages de ce type ont permis de bloquer la progression des Italiens en juin 40, protégeant ainsi la fameuse trouée de la Bévéra. Les murs du Fort s’en souviennent encore.
Ouverture du Fort les 2e et le 4e dimanches de juillet et d’août ainsi que pendant les journées du patrimoine. Ouvert aux groupes d’au moins 20 personnes sur réservation au 06.20.37.38.27.