Une amende pour un chèque en bois de 100 euros
Le prévenu n’avait pas pu payer son addition au Méridien Beach Plaza. Déjà incarcéré pour trafic de stupéfiants, il évite la prison pour cette affaire.
Un Monégasque comparaissait-il menotté devant le tribunal correctionnel pour la seule émission d’un chèque sans provision de 100 euros. Une coercition exagérée ? La présence du détenu dans le box est liée à une autre affaire de trafic de stupéfiants pour laquelle il est toujours incarcéré. À l’époque, condamné à quatre mois d’emprisonnement avec sursis, il n’avait pas respecté la mise à l’épreuve avec obligation de soins et la décision d’ajournement était révoquée.
Une « sale habitude »
Revenons au 22 août 2022. Ce jour-là, cet homme de 37 ans consommait au Méridien Beach Plaza. Si l’attitude ostentatrice ne lui était pas reprochée, en revanche c’est le défaut de paiement qui l’a conduit dans la complication financière. Aussitôt, le palace quatre étoiles de l’avenue Princesse-Grace, au Larvotto, signalait le défaut de paiement à la Sûreté publique…
« Vous avez la sale habitude d’effeuiller votre chéquier sans vous préoccuper d’un crédit suffisant sur votre compte », constate le président Florestan Bellinzona. Le prévenu prétend le contraire : « C’est un copain qui a effectué le règlement.
– C’est faux, gronde le magistrat. Après l’exploitation de vos comptes, vous émettez des chèques sans vous préoccuper un seul instant de votre situation pécuniaire largement déficitaire. Finalement, les 100 euros de consommation ont été réglés quelques jours avant l’audience par votre petite amie. Sur votre casier judiciaire figurent plusieurs peines pour conduite en état d’ivresse, sous l’emprise de stupéfiants et des vols. »
Il est particulièrement désagréable pour le parquet de voir le détenu fuir totalement ses responsabilités. « Les comptes de ce personnage monégasque ont été expertisés, énonce clairement le substitut Maxime Maillet. Il reçoit habituellement un virement de 1 000 euros de sa mère. Or, dès le début du mois, l’état de ses avoirs est à sec. Il semble d’ailleurs se complaire dans cette pénurie d’argent à comptabiliser les rejets de chèques impayés. Il a été contacté plusieurs fois sans succès. Nous avons été obligés de lui notifier une citation pour obtenir une réaction de sa part. Car Monsieur se déclare inapte à travailler. »
Il échappe à la prison
Pour ses réquisitions, le parquetier a pris en considérant les quatre condamnations de 2006 à 2022, afin de réclamer au plus juste un mois d’emprisonnement assorti du sursis pour l’inciter à ne plus recommencer.
La défense voudrait éviter une peine qui viendra plus encore noircir le casier. « Un délit, mais surtout une erreur d’appréciation qui peut arriver à tout un chacun, annonce avec emphase Me Thomas Brezzo. On lui a promis de payer et la défection aboutit à une plainte. Comment mon client en est-il arrivé là ? » La suite de la plaidoirie est composée d’une
succession de malheurs où l’avocat démontre à l’excès un client qui a baissé les bras.
« Il s’est laissé aller après le décès de son père et un grave accident de moto. Cet homme est passé à deux doigts de l’amputation. C’est la raison pour laquelle il ne peut plus exercer d’activités aujourd’hui, aussi bien professionnelles
que sportives. Il s’est écarté progressivement de la vie sociale. Marginalisé ! La descente aux enfers n’a pas tardé. Seule sa mère aide financièrement ce fils aimé pour qu’il se reprenne en main. Une lueur d’espoir est apportée par une nouvelle compagne qui s’est largement investie pour le guider sur la reprise d’une
vie normale. La faute pour une addition de 100 euros ? Elle a été réparée ! Encouragez mon client à se relever avec un simple avertissement. »
Une amende de 200 euros. Le tribunal a compris le message.