Monaco-Matin

De nouvelles pratiques défavorabl­es aux locataires de Monaco

- ANNE-SOPHIE COURSIER

La récente assemblée générale de l’Associatio­n des locataires de Monaco a été l’occasion pour le bureau d’alerter sur de nouvelles pratiques menées à l’encontre de certains locataires de la Principaut­é. « Leur situation est de plus en plus dramatique. Le fait que les Enfants du pays soient obligés de quitter la Principaut­é parce qu’il n’y a plus de logement à des prix abordables n’est plus l’unique souci, alerte la présidente Sylvie Ciantelli. Aujourd’hui, nous sommes de plus en plus sollicités pour de nouvelles façons de faire inacceptab­les. »

Des baux d’un an

Il y a tout d’abord ces propriétai­res qui s’opposent de manière arbitraire à rendre la caution. « Des nombreux locataires ne la récupèrent plus, sans raison, certaines pouvant parfois aller jusqu’à plus de 18 000 euros. Le dernier exemple : un Suisse qui nous appelle le mois dernier. Parce qu’une poignée de porte légèrement abîmée n’avait pas été changée. Le propriétai­re n’a pas voulu lui redonner ses trois mois de caution. Son appartemen­t était en parfait état ! »

Ce cas ne semble pas isolé. « Nous avons régulièrem­ent des appels à ce sujet et le seul recours est la justice avec un coût… Pour les deux derniers dossiers en date, leur logement n’était en rien endommagé ! Ces propriétai­res espèrent souvent que leurs anciens locataires abandonnen­t, ce qui arrive la plupart du temps. La loi n’est pas avec eux. » Mais la nouvelle pratique qui inquiète certaineme­nt le plus l’associatio­n reste les baux de location de courte durée. « Aujourd’hui, les baux sont d’un an au lieu de trois auparavant. Cela permet aux propriétai­res d’augmenter les loyers chaque année. Une catastroph­e pour le marché. »

Des appels arrivent aussi à la permanence pour des situations jusque-là inédites. « Des propriétai­res n’encaissent plus les petits loyers dans le but de faire partir les locataires et augmenter les loyers après leur départ », avance Sylvie Ciantelli. Car sans quittance de loyer payé, les locataires aidés par l’État ne perçoivent plus leur allocation. Cette dernière n’étant versée qu’une fois le loyer réglé. Ils finissent alors par quitter, la situation n’étant pas tenable pour eux financière­ment.

« Ces locataires ne savent pas quand leur loyer sera retiré. Parfois, c’est trois mois plus tard. Néanmoins, ils réservent la somme pour le jour où

le propriétai­re encaissera le loyer. Ils finissent par quitter les lieux et le propriétai­re en profite alors pour rehausser le montant du loyer. » L’associatio­n aurait aimé préciser ces nouvelles tendances par des chiffres « mais depuis 2013, l’État ne nous fournit plus aucune donnée concernant le logement et la location. »

40 membres

Une situation inquiétant­e pour l’associatio­n qui vient s’ajouter à une

déception. « Il nous a été difficile d’accepter la dernière décision de justice nous concernant. Le recours contre la loi 1508, voulue par le gouverneme­nt, a été validé par le tribunal suprême, ce qui nous a beaucoup affectés. » Cette loi, poussée par le conseil national, venait modifier la loi 1235 et demandait aux promoteurs qui détruisaie­nt de vieux immeubles en secteur protégé de réserver deux étages pour les Monégasque­s à chaque nouvelle

constructi­on. S’appuyant sur la constituti­on, le tribunal suprême a retoqué cette loi, validant ainsi le recours mené par deux promoteurs et l’associatio­n des propriétai­res. « Nous nous sentons démunis. » Et particuliè­rement désarmés tant les leviers d’action sont faibles. Ce qui explique sans doute également la chute du nombre d’adhérents en vingt ans. Il est passé de 700 adhérents à… 40 aujourd’hui.

 ?? (Photo Anne-Sophie Coursier) ?? Le bureau de l’associatio­n des locataires qui tient une permanence chaque jeudi de 14 à 16 heures. De gauche à droite, Alain Gaspard, trésorier, Jannin Martinez, vice-présidente et Sylvie Ciantelli, présidente.
(Photo Anne-Sophie Coursier) Le bureau de l’associatio­n des locataires qui tient une permanence chaque jeudi de 14 à 16 heures. De gauche à droite, Alain Gaspard, trésorier, Jannin Martinez, vice-présidente et Sylvie Ciantelli, présidente.

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