« Tout mineur isolé a le droit d’être protégé »
Après les réactions en chaîne de la droite et de l’extrême-droite, les associations d’aide aux migrants ont pris la parole pour défendre l’accueil des 50 jeunes mis à l’abri à
La réquisition du gymnase du Careï, mercredi par l’État, continue de faire réagir. Après la déclaration « Menton n’a pas vocation à devenir le nouveau Calais » de la députée RN Alexandra Masson, et la manifestation organisée avant-hier par les cadres du parti Reconquête !, les associations d’aide aux migrants prennent la parole.
Dans un communiqué, huit acteurs* mobilisés à la frontière dénoncent ces « appels à la haine » et rappellent que la France a le devoir de protéger tout mineur isolé, étranger ou non.
« Désinformation et xénophobie »
« Les mineurs non accompagnés (MNA) font l’objet de désinformation constante et de campagnes de dénigrement xénophobes, dénonce le texte. Droite extrême et extrême droite convergent pour alimenter les peurs et empêcher l’intégration de jeunes exilés. » Les associations ciblent Alexandra Masson, Philippe Vardon ainsi que le député LR Éric Ciotti qui, « dans deux courriers successifs adressés au ministre de l’Intérieur demande des renforts de gendarmerie à la frontière franco-italienne pour éviter ‘‘qu’un raz-de-marée migratoire ne s’abatte sur notre pays’’ et, plus précisément, pour contrôler l’arrivée de jeunes déclarant être mineurs isolés ».
Elles rappellent que « l’entrée
d’un mineur non accompagné en France n’est pas une entrée irrégulière ni illégale. Tout mineur sans parent ni tuteur légal a droit à la protection de l’enfance jusqu’à sa majorité et c’est l’honneur du modèle social français que de les protéger ».
Pour elles, « la multiplication des forces de l’ordre à la frontière » demandées par la droite et l’extrême-droite « ne changera rien ». « Ce n’est pas aux forces de l’ordre de juger de l’âge d’un jeune se déclarant mineur », soulignent-elles. Cette mission incombe à l’Aide sociale à l’enfance, « service du
Département 06, qui évalue l’isolement et la minorité des jeunes se déclarant mineurs ». « Refouler un jeune à la frontière sans évaluation sociale préalable est illégal et c’est une négation de la présomption de minorité », rappellent les associations, rejoignant les propos d’Amnesty International [lire par ailleurs].
« Refonder la prise en charge »
Les signataires défendent la nécessité de créer des structures d’accueil pérennes dans les Alpes-Maritimes. « Le Département
06 a un dispositif de prise en charge des MNA largement carencé avec des foyers et des éducateurs diplômés en nombre très insuffisant », pointent-elles. Selon David Nakache, de l’association Tous citoyens !, il manquerait un à deux foyers pour les accueillir dignement.
Elles demandent, enfin, plus de transparence dans les chiffres. Ainsi qu’« une refonte complète de la prise en charge des MNA dans les Alpes-Maritimes pour que cessent les entraves à la reconnaissance de leurs droits et que leur soient garantis un accueil
digne et une prise en charge adaptée à leurs besoins ». *La Cimade 06, Habitat et citoyenneté, le MRAP, le Réseau Éducation Sans Frontière 06, Roya citoyenne, Syndicat des Avocats de France, la section de Nice du Syndicat de la Magistrature, Tous citoyens !