Monaco-Matin

Emmanuel Macron veut se « réengager dans le débat »

Réélu voici tout juste un an, le chef de l’État, dont 72 % des Français se disent mécontents, confirme dans « Le Parisien » son intention de reprendre la main.

- « Je me tape les corporatis­mes. »

Alors que cela fait exactement un an aujourd’hui qu’il a été réélu, Emmanuel Macron poursuit son offensive pour tenter de tourner la page de la crise des retraites – une gageure, au vu du dernier sondage Ifop pour Le Journal du dimanche, selon lequel 72 % des Français se disent « mécontents » du chef de l’État, et même « très mécontents » pour 47 % d’entre eux. Après de premiers déplacemen­ts, très chahutés, sur le terrain la semaine dernière, et alors que de nouvelles « casserolad­es » sont annoncées pour aujourd’hui, il annonce, dans un long échange avec onze lecteurs du Parisien mis en ligne hier soir, son intention de se « réengager » tous azimuts.

« Il y a des choses qui ne sont pas claires »

Très en retrait depuis le début de l’année, le Président reconnaît qu’il aurait dû se « mouiller » davantage sur les retraites, texte phare de son second quinquenna­t. « Peut-être que l’erreur a été de ne pas être assez présent pour donner une constance et porter cette réforme moi-même », concède-t-il. Il affirme toutefois, sans s’étendre outre mesure, que sa Première ministre a sa « confiance » car « elle fait bien son travail dans un moment difficile ».

Et il semble décidé à passer d’un extrême à l’autre en termes de présence médiatique. « Je dois me réengager

dans le débat public parce qu’il y a des choses qui ne sont pas claires. Donc je le fais partout », lance Emmanuel Macron, qui s’est donné cent jours pour relancer un mandat dans l’impasse et a commencé à retourner se frotter aux Français et à leur mécontente­ment sur le terrain. Conspué lors d’un bain de foule en Alsace, suivi partout où il est annoncé par des manifestan­ts et leurs concerts de casseroles, il rejette les procès de « mépris » et assure accepter la contestati­on. Mais il ajoute aussi vouloir « lutter contre la violence et l’incivisme », appelant à « sanctionne­r

» ceux qui ont coupé le courant sur les lieux de ses déplacemen­ts. Aux Français, il prédit encore des moments difficiles sur le front de l’inflation, sans annoncer de nouvelle mesure immédiate pour y faire face. « Je vais être honnête, les prix alimentair­es, ça va être dur jusqu’à la fin de l’été », prévient le Président. Selon lui, « la clé, c’est que le travail paye mieux », mais cela dépendra « des employeurs et du dialogue social ».

Un seul texte sur l’immigratio­n

En attendant qu’Élisabeth Borne précise mercredi la feuille de route du gouverneme­nt, Emmanuel Macron se montre prudent sur ses chantiers. Mais il annonce vouloir, sur l’immigratio­n, « un seul texte » à la fois « efficace et juste », pour « durcir nos règles » afin « que ceux qui n’ont pas de raison d’être ici » puissent être plus rapidement « raccompagn­és chez eux » tout en améliorant l’intégratio­n. Exit, donc, l’hypothèse d’un projet « saucissonn­é » en plusieurs textes pour faciliter son adoption, qu’il avait luimême évoquée il y a un mois. Il faut dire que le président (LR) du Sénat, Gérard Larcher, avait aussitôt exprimé son opposition.

Sur le front social, il remet sur le métier, sans plus de précisions, la réforme du RSA « pour que jamais une heure de travail ne puisse être moins intéressan­te » que ce dispositif, ainsi que « la solidarité à la source » pour que tous ceux qui ont droit aux aides les reçoivent et, ainsi, lutter contre la fraude.

Alors qu’un lecteur lui reproche de ne pas assez parler d’écologie, le chef de l’État confirme vouloir « lancer un grand projet de restaurati­on écologique de nos écoles ». Et sur la santé, il réaffirme vouloir « accélérer la délégation d’actes (prescripti­on de certains médicament­s ouverte aux pharmacien­s, vérificati­on de la vue par des opticiens, etc.) », mais déplore, sans prendre de pincettes :

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(Photo MaxPPP/EPA) Emmanuel Macron lors d’un déplacemen­t à Sélestat, en Alsace, mercredi dernier.

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