Monaco-Matin

Il squatte un bateau sur le port Hercule : un mois ferme

Tribunal correction­nel Un SDF a occupé sans autorisati­on, et plusieurs jours, la cabine d’une embarcatio­n amarrée au quai Riva. Jusqu’à utiliser les vivres stockés à bord pour se sustenter.

- JEAN-MARIE FIORUCCI Assesseurs : Alexia Brianti et Évelyne Husson.

Un SDF, des plus démunis financière­ment, est venu passer quelques jours en Principaut­é pour rencontrer une amie. Amie avec laquelle il serait en cheville semble-t-il pour affaires. L’entrevue, prévue incessamme­nt, se passera à la maison d’arrêt. Car, à l’issue de sa comparutio­n devant le tribunal correction­nel, ce quinquagén­aire sans profession a été condamné à un mois de prison ferme pour violation de domicile. Une infraction grave commise le 16 avril dernier.

« Comme le bateau était ouvert… j’en ai profité »

Arrivé menotté à l’audience de flagrance, l’homme n’avait pas trouvé mieux, en effet, que de squatter une des trois cabines d’un bateau d’une quinzaine de mètres, amarré au quai Riva et sans ouverture cadenassée. Mais entretemps, un des trois copropriét­aires du navire avait remarqué des traces d’intrusion. Puis, une autre fois, il s’était inquiété de la présence d’effets personnels, apparemmen­t sans lien avec aucun de ses associés. Enfin, au cours d’une visite nocturne, vers 22 h 30, le proprio concerné apercevait de la lumière. Sans pousser sa curiosité plus loin, il se rendait à la Sûreté publique. Les policiers retrouvaie­nt ce personnage, à mille lieues d’imaginer pareilles conséquenc­es causées par ses agissement­s délictueux. C’est d’abord le placement en garde à vue. Puis l’usurpateur arrive dans le box. Médusé, il semble vivre un drame confiné entre raison et volonté. Il avoue et a reconnu tout ce qui lui est reproché. Voire calquer son existence dans le plus grand dénuement quand le président Jérôme Fougeras Lavergnoll­e l’interroge sur les raisons de sa présence sur le territoire monégasque.

« Je n’avais pas les moyens ni la possibilit­é matérielle d’aller à l’hôtel. Comme le bateau était ouvert et inoccupé, j’en ai profité, juste pour dormir. Que faire d’autre ? Auparavant, j’étais manager dans la restaurati­on. Des problèmes et je me suis retrouvé sans emploi. Alors, c’est ma famille de Portofino (Italie) qui me donne de temps à autre 200 ou 300 euros au plus pour subsister. – Pourquoi avoir choisi cette embarcatio­n et depuis quand ? Vous avez eu largement le temps de déballer vos propres affaires, faire cuire des pâtes ! Vous avez même débouché et bu une bouteille de vin qui ne vous appartenai­t pas.

– Je ne sais quoi répondre. C’est l’intuition ! Je suis monté à bord la première fois le 5 avril. Je devais rencontrer une amie… Quand les policiers sont venus le dimanche 16, comme la porte était toujours ouverte, je m’étais installé dans l’aprèsmidi et dormi…

– Ces précisions sont importante­s, relève le magistrat. La loi est plus coercitive en cas d’infraction pour une violation de domicile la nuit et par effraction. Concernant l’examen pratiqué au CHPG, votre état était compatible avec une garde à vue. Cependant, le psychiatre a décelé des problèmes liés à des troubles anciens. Quels sont-ils ?

– J’ai une phobie, renseigne le prévenu : le rejet de toute proximité avec des personnes négatives. Mais je ne veux pas définir les raisons. »

Un lourd passé avec la justice française

Une partie civile, pourtant présente à l’audience, abandonne ses demandes de préjudices et précise : « Le bateau était propre et en bon état. Une seule inquiétude : la possible découverte ou traces de stupéfiant­s. » Et pour cause : le prévenu n’est pas un enfant de choeur ! Six condamnati­ons en France rappellent son passé judiciaire composé de vols, menaces de mort, violation de domicile, etc. Plus une interdicti­on de fréquenter l’Hexagone depuis une bonne dizaine d’années. Certes, le substitut Maxime Maillet ne peut retenir les circonstan­ces aggravante­s évoquées par le président. « Mais cet homme a commis des faits comparable­s en 2019. Il était donc averti. Pourtant, il continue d’errer entre la France, Monaco et l’Italie. Il a tout intérêt à retrouver du travail afin de s’insérer à nouveau dans la société. Attention à bien réfléchir aux sanctions pénales à la prochaine infraction. Je requiers une peine sévère pour le délit : un mois de prison ferme. »

Le tribunal a suivi les réquisitio­ns du ministère public.

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(Photo archives Dylan Meiffret) Un passé judiciaire qui vaut au prévenu d’être interdit de territoire français depuis plus de 10 ans.
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