Il squatte un bateau sur le port Hercule : un mois ferme
Tribunal correctionnel Un SDF a occupé sans autorisation, et plusieurs jours, la cabine d’une embarcation amarrée au quai Riva. Jusqu’à utiliser les vivres stockés à bord pour se sustenter.
Un SDF, des plus démunis financièrement, est venu passer quelques jours en Principauté pour rencontrer une amie. Amie avec laquelle il serait en cheville semble-t-il pour affaires. L’entrevue, prévue incessamment, se passera à la maison d’arrêt. Car, à l’issue de sa comparution devant le tribunal correctionnel, ce quinquagénaire sans profession a été condamné à un mois de prison ferme pour violation de domicile. Une infraction grave commise le 16 avril dernier.
« Comme le bateau était ouvert… j’en ai profité »
Arrivé menotté à l’audience de flagrance, l’homme n’avait pas trouvé mieux, en effet, que de squatter une des trois cabines d’un bateau d’une quinzaine de mètres, amarré au quai Riva et sans ouverture cadenassée. Mais entretemps, un des trois copropriétaires du navire avait remarqué des traces d’intrusion. Puis, une autre fois, il s’était inquiété de la présence d’effets personnels, apparemment sans lien avec aucun de ses associés. Enfin, au cours d’une visite nocturne, vers 22 h 30, le proprio concerné apercevait de la lumière. Sans pousser sa curiosité plus loin, il se rendait à la Sûreté publique. Les policiers retrouvaient ce personnage, à mille lieues d’imaginer pareilles conséquences causées par ses agissements délictueux. C’est d’abord le placement en garde à vue. Puis l’usurpateur arrive dans le box. Médusé, il semble vivre un drame confiné entre raison et volonté. Il avoue et a reconnu tout ce qui lui est reproché. Voire calquer son existence dans le plus grand dénuement quand le président Jérôme Fougeras Lavergnolle l’interroge sur les raisons de sa présence sur le territoire monégasque.
« Je n’avais pas les moyens ni la possibilité matérielle d’aller à l’hôtel. Comme le bateau était ouvert et inoccupé, j’en ai profité, juste pour dormir. Que faire d’autre ? Auparavant, j’étais manager dans la restauration. Des problèmes et je me suis retrouvé sans emploi. Alors, c’est ma famille de Portofino (Italie) qui me donne de temps à autre 200 ou 300 euros au plus pour subsister. – Pourquoi avoir choisi cette embarcation et depuis quand ? Vous avez eu largement le temps de déballer vos propres affaires, faire cuire des pâtes ! Vous avez même débouché et bu une bouteille de vin qui ne vous appartenait pas.
– Je ne sais quoi répondre. C’est l’intuition ! Je suis monté à bord la première fois le 5 avril. Je devais rencontrer une amie… Quand les policiers sont venus le dimanche 16, comme la porte était toujours ouverte, je m’étais installé dans l’aprèsmidi et dormi…
– Ces précisions sont importantes, relève le magistrat. La loi est plus coercitive en cas d’infraction pour une violation de domicile la nuit et par effraction. Concernant l’examen pratiqué au CHPG, votre état était compatible avec une garde à vue. Cependant, le psychiatre a décelé des problèmes liés à des troubles anciens. Quels sont-ils ?
– J’ai une phobie, renseigne le prévenu : le rejet de toute proximité avec des personnes négatives. Mais je ne veux pas définir les raisons. »
Un lourd passé avec la justice française
Une partie civile, pourtant présente à l’audience, abandonne ses demandes de préjudices et précise : « Le bateau était propre et en bon état. Une seule inquiétude : la possible découverte ou traces de stupéfiants. » Et pour cause : le prévenu n’est pas un enfant de choeur ! Six condamnations en France rappellent son passé judiciaire composé de vols, menaces de mort, violation de domicile, etc. Plus une interdiction de fréquenter l’Hexagone depuis une bonne dizaine d’années. Certes, le substitut Maxime Maillet ne peut retenir les circonstances aggravantes évoquées par le président. « Mais cet homme a commis des faits comparables en 2019. Il était donc averti. Pourtant, il continue d’errer entre la France, Monaco et l’Italie. Il a tout intérêt à retrouver du travail afin de s’insérer à nouveau dans la société. Attention à bien réfléchir aux sanctions pénales à la prochaine infraction. Je requiers une peine sévère pour le délit : un mois de prison ferme. »
Le tribunal a suivi les réquisitions du ministère public.