Monaco-Matin

Macron II, an 1

- Edito@nicematin.fr

Faute de pouvoir fêter hier en fanfare le premier anniversai­re de sa réélection, Emmanuel Macron fait à la fois profil bas et feu de tout bois. Ce constat n'a rien de paradoxal : le chef de l'État, en chute libre dans les sondages, joue soudain la carte de la modestie tout en multiplian­t les apparition­s dans une sorte de petit débat. La semaine dernière, ce fut des déplacemen­ts

à travers la France ; hier, une rencontre avec les lecteurs du quotidien Le Parisien étalée sur 4 pages. Pour essayer de calmer la grogne sociale et de retrouver des couleurs, le Président joue la proximité sur un petit air de repentance : « Peut-être j'aurais dû plus me mouiller [sur les retraites]. Peutêtre que l'erreur a été de ne pas être assez présent [...] Je dois me réengager dans le débat public. » Du Macron pur sucre car, en creux, il suggère aux Français que son gouverneme­nt n'a pas bien fait le travail et qu'il doit tout faire. Ne dit-il pas qu'il faudra recourir au 49.3 si la situation l'exige alors qu'Elisabeth Borne s'est engagée le 26 mars à ne plus l'employer. Le signe

qu'entre l'Élysée et Matignon le courant n'est plus qu'alternatif. L'heure n'est cependant pas venue d'un grand remaniemen­t. Les conditions politiques ne s'y prêtent guère. Le Président a d'ailleurs resigné un contrat à durée déterminée de 100 jours avec Elisabeth Borne pour mener à bien le programme législatif et réglementa­ire qu'elle présentera, le couteau sous la gorge, aujourd’hui au cours d'une conférence de presse. Le Président tente en vérité de réveiller l'image de réformiste activiste qu'il avait su créer pour

l'emporter, pariant sur son âge, son énergie, sa capacité à parler de tout avec une expertise qui vise à clouer le bec de ses interlocut­eurs. Mais cette magie s'est envolée au point que même sa troupe parlementa­ire est gagnée par le doute sur sa capacité à se réinventer et à faire renaître un désir de macronisme aujourd'hui disparu. Certes, on a vu dans le passé des présidents encore plus impopulair­es jouer les phénix. Emmanuel Macron fait le pari que son talent le lui permettra. Peut-être pense-t-il aussi que les tensions internatio­nales resserrero­nt les rangs du pays autour de lui. Mais plusieurs facteurs jouent contre lui. D'abord, le fait qu'il n'ait qu'une majorité relative à l'Assemblée qui l'oblige à chercher des alliances pour faire adopter ses réformes. Il a échoué sur la retraite, il va de nouveau essayer sur l'immigratio­n avec un texte fait pour plaire aux Républicai­ns. La réussite n'est pas acquise tant les LR sont à présent divisés. Ensuite, la flambée inflationn­iste et la question explosive du pouvoir d'achat. Enfin, le fossé qu'il a luimême creusé avec les syndicats et les élus locaux. Si Macron n'est pas encore échec et mat, il a néanmoins perdu beaucoup de pièces pour réussir à renverser la partie.

«Onavudes présidents plus impopulair­es jouer les phénix »

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