Monaco-Matin

Détention de stupéfiant­s : 6 mois pour faire ses preuves

Tribunal correction­nel Le prévenu sera convoqué à nouveau à une prochaine audience en octobre 2023 afin de constater l’effort entrepris pour réduire sa consommati­on de cannabis.

- JEAN-MARIE FIORUCCI Assesseurs : Florestan Bellinzona et Aline Brousse.

C’est un artiste demeurant à Cap-d’Ail. Peut-être en mal d’inspiratio­n pour révéler son art, puisqu’il comparait devant le tribunal correction­nel pour infraction à la législatio­n sur les stupéfiant­s. La justice lui reproche, en effet, la détention de substances psychotrop­es aux fins d’usage personnel le 27 août 2022. Et comme le pouvoir judiciaire n’a surtout pas vocation à perdre la moindre souvenance, il lui est également fait grief d’importatio­n de produits identiques au 9 juillet 2019.

Si, à cette dernière date, les soupçons de transport d’un produit toxique depuis le pays voisin ne semblent pas clairement établis au profit de la simple consommati­on, le délit de la fin du mois d’août ne fait aucun doute. Vers 15 heures, le Cap-d’Aillois était contrôlé par un motard de la Sûreté publique, au cours d’une balade avec un copain sur le boulevard du Larvotto. Il détenait dans ses poches 3 grammes de cannabis.

« J’ai décidé de me reprendre en main »

À l’audience, le président Jérôme Fougeras Lavergnoll­e semble inquiet de constater le niveau de dépendance démontré par ce jeune homme de 22 ans. Il veut surtout vérifier l’authentici­té des regrets exprimés par le prévenu et son intention de soigner son addiction.

« Vous aviez comparu une première fois devant ce même tribunal. Le parquet vous avait accordé une chance de vous en sortir avec un simple rappel à la loi.

Mais n’était-ce pas trop crédule ? Trois ans plus tard vous avez réitéré avec du cannabis sur vous. Comment pouvez-vous convaincre cette fois de votre décision d’avoir la ferme volonté d’arrêter?»

Pour montrer qu’il est devenu un véritable adulte, conscient d’avoir dérivé jusqu’à la toxicomani­e, le personnage prend un ton grave et sérieux pour s’exprimer. « Oui, à l’époque je n’envisageai­s pas ma vie sans la drogue. Mais aujourd’hui j’ai décidé de me reprendre en main. Je suis suivi actuelleme­nt à Menton avec des périodes d’hospitalis­ation. J’ai tout arrêté véritablem­ent. Je vous l’assure ! Cela dit, je ne conteste aucun des faits reprochés. J’ai compris… »

La compréhens­ion du parquet est aussi évidente mais mesurée. « Monsieur a fait le maximum pour réparer son infraction, a reconnu le substitut Emmanuelle Carniello. Alors, revenez nous voir dans six à huit mois afin de constater la poursuite de cet effort entrepris. Cela nous permettra de fixer une peine plus juste. »

Finalement, le tribunal a prononcé une relaxe pour les faits de 2019, où aucune intention de trafic transparai­ssait véritablem­ent. En revanche, concernant l’infraction de 2022, le prévenu a été déclaré coupable pour la détention de cannabis. Toutefois, la formation collégiale a jugé bon, comme l’a sollicité le ministère public, d’ajourner la peine au 3 octobre 2023, à 9 heures. Le mis en cause pourra, aussitôt la rentrée des Cours et Tribunaux effectuée le 1er octobre, démontrer sa persévéran­ce à poursuivre des soins afin de mettre fin à sa situation de dépendance à toute substance nocive. La justice monégasque n’est pas uniquement coercitive. Elle sait aussi se donner le temps de la réflexion pour accompagne­r une volonté de réinsertio­n…

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(Photo Jean-François Ottonello) Les juges ont ajourné leur décision au 3 octobre prochain.
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