Un immeuble menace de s’effondrer à Toulon
Évacué en urgence lundi, un bâtiment du centre ancien est sous haute surveillance. Autour, les habitants du quartier s’inquiètent.
Le temps semble comme suspendu de- vant la façade effilée aux nombreux volets ouverts. Barrières et rubalise empêchent les Toulonnais de s’approcher des lieux. Un panneau « danger » persuade quelques curieux de changer de trottoir. Hier matin, entre la place de l’Équerre et l’arsenal, les riverains oscillaient entre stupeur et inquiétude. Aux Cinq parties du monde, un des pubs mythiques du Petit Chicago, Dominique, la gérante, n’en mène pas large : « Oui ça me fait flipper. Et si ça s’écroule ? Quand on voit ce qui s’est passé à Marseille… »
Forcément, même si les circonstances sont différentes, les tragédies récentes, à Sanary ou au coeur de la cité phocéenne, sont dans toutes les têtes. À Toulon, dans l’immeuble du 26 rue Anatole-France, pas d’explosion. Mais des poutres dont le mauvais état a tellement préoccupé les autorités qu’il les a conduites, avant-hier soir, à procéder à l’évacuation des habitants des six étages avec l’aide des sapeurs-pompiers. Un arrêté municipal a été pris dans la foulée et placardé sur l’entrée pour condamner le vieux bâtiment menacé d’effondrement.
« Ici aussi il y a des fissures… »
Marc habite l’immeuble juste à côté depuis seulement six semaines. Et l’appréhension se lit dans son regard : « Mes enfants arrivent ce soir (lire hier). S’il faut que je déménage quelques jours parce qu’on n’est pas en sécurité, ça serait bien qu’on nous prévienne… »
Deux étages plus bas, Viviane n’est pas rassurée non plus : « J’ai vu les pompiers et les policiers lundi soir. On a bien compris qu’il se passait quelque chose de grave. Mais personne ne nous a rien dit. »
Même anxiété pour Blandine, résidente du 24 rue Anatole-France. « Ici aussi il y a des fissures dans la cage d’escalier. Ça fait peur. En même temps, ça ne m’étonne pas : depuis quinze jours, des ouvriers travaillent au rezde-chaussée de l’immeuble. Je suis sûr que c’est ça qui a fait bouger la structure. Ils cassent tout au marteau-piqueur. »
Le local de l’ancien sex-shop, dont le slogan « séduction et volupté » se lit encore en transparence, est en pleine réhabilitation.
« On va alerter le tribunal »
Martine Bérard, adjointe au maire en charge de l’habitat, tente néanmoins de rassurer les habitants qu’elle croise : « On va alerter le tribunal administratif qui missionnera rapidement un expert. Dans les deux ou trois jours, on saura s’il s’agit d’un péril imminent ou non, si on peut réintégrer les douze habitants qu’on a dû reloger en urgence. On ne prendra absolument aucun risque. » D’après l’élue, la panique n’est plus de mise. « Désormais, l’immeuble est vide. À voir maintenant s’il faut effectuer des travaux de sécurisation supplémentaires. Les habitations autour ne craignent rien. »
Selon Martine Bérard, une dizaine d’immeubles fragilisés seraient ainsi évacués chaque année à Toulon.