Monaco-Matin

Mayotte : la justice suspend l'évacuation d’un bidonville

Le tribunal de Mamoudzou a suspendu l’opération prévue dans le cadre de la lutte contre la délinquanc­e et l'habitat insalubre.

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Baptisée « Opération Wuambushu » et programmée hier à l'aube, l'évacuation de Talus 2, un bidonville du quartier de Majicavo à Koungou (nord-est) où vivent plus de 100 familles, a été suspendue alors que les familles avaient déjà préparé leurs affaires pour quitter les lieux. La justice a ordonné de cesser toute opération d'évacuation et de démolition des habitats visés, estimant que cela mettrait en péril la sécurité des autres habitants du bidonville, dont les logements seraient fragilisés. Lundi, le refus des Comores « d’accueillir les expulsés » en empêchant les bateaux d'accoster à Anjouan, l'île comorienne la plus proche de Mayotte, avait déjà semé un doute sur l'avenir de l'opération.

La préfecture de Mayotte a annoncé faire appel de la décision de justice, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin estimant que « ce qui met en danger la population c’est l’insalubrit­é, l'insécurité et la non-reconnaiss­ance du droit de propriété ».

La porte-parole du ministère, Camille Chaize, a assuré que l'opération, qui a « déjà lieu depuis plusieurs semaines », avait vocation à durer « plusieurs semaines, plusieurs mois ».

Préparée depuis un an, l'évacuation de Talus 2 devait constituer la première opération de « décasage » (destructio­n des cases en tôle), spectacula­ire, depuis l'arrivée mi-avril de centaines de renforts policiers et de gendarmeri­e.

Affronteme­nts et déclaratio­ns virulentes

Sur place, des affronteme­nts sporadique­s ont eu lieu entre des jeunes du quartier voisin et des forces de l'ordre déployées en nombre. Des barricades de poubelles et de pneus avaient été installées tout le long de l'axe principal de l'île menant au secteur.

À Talus 2, femme et enfants ont célébré au pied des habitation­s de tôle bleue et grise la victoire contre l'arrêté d'expulsion, sous le survol d'un hélicoptèr­e et inquiets de voir la fête gâchée par les échauffour­ées. Des heurts ont eu lieu en fin d'après-midi dans le quartier de Majicavo.

Signe de la tension extrême sur cette île de l'océan Indien, les déclaratio­ns sont de plus en plus virulentes parmi les partisans et les opposants des opérations d'expulsion. « Ces délinquant­s, ces voyous, ces terroriste­s, à un moment donné il faut peut-être en tuer » , a affirmé le premier vice-président du conseil départemen­tal de Mayotte, Salime Mdéré. Cette phrase a suscité un tollé. « De tels propos sont inadmissib­les et je les condamne fermement », a réagi le préfet de Mayotte, Thierry Suquet, consterné. Le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti, a exprimé son « indignatio­n ».

Une grande partie de la population mahoraise soutient ces opérations d'expulsion, accusant l'immigratio­n clandestin­e de nourrir l'insécurité sur l'île, dont près de la moitié des 350 000 habitants estimés ne possède pas la nationalit­é française.

Harry Belafonte, superstar afro-américaine de la chanson et du cinéma aux origines caribéenne­s, inlassable combattant pour les droits humains aux États-Unis et à l'étranger, est mort hier à New York à l'âge de 96 ans.

« Chanteur renommé, acteur, figure légendaire des droits civiques, Harry Belafonte est mort ce matin d'une insuffisan­ce cardiaque à son domicile de New York » a annoncé son agente. Sa femme Pamela était présente à ses côtés. Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, a rendu hommage à cet ambassadeu­r de bonne volonté de l’Unicef : « En plus de toucher des millions de gens grâce à son charme inimitable et son charisme dans la musique, le cinéma et le théâtre, Harry Belafonte a consacré sa vie à lutter pour les droits humains et contre l’injustice sous toutes ses formes ». Belafonte était né à Harlem en 1927 d'une mère jamaïcaine et d'un père martiniqua­is. Il avait grandi à la Jamaïque avant de s'installer à New York. En 1956, son album « Calypso » fut le premier de l’histoire à se vendre à plus d'un million d'exemplaire­s. Il a été récompensé de six disques d'or et a reçu plusieurs Grammy Awards. Au cinéma, il a joué dans « Carmen Jones » d’Otto Preminger (1954), « Le coup de l’escalier » (Robert Wise, 1959), « Kansas City » de Robert Altman (1996), « Buck et son complice », de et avec Sidney Poitier (1972) et « Bobby » (Emilio Estevez, 2006) sur l’assassinat de Robert Kennedy en 1968, le frère de John F. Kennedy. En 2021, il s'était vu décerner le titre de chevalier de la Légion d'honneur des mains de l'ambassadeu­r de France aux États-Unis.

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(Ph. AFP) L’évacuation du bidonville, situé à Koungou, initialeme­nt prévue hier à 6h, a été suspendue.
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(Photo AFP)

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