Le préfet a répondu aux doléances des plagistes
Alors que la commission d’appel d’offres planche sur le dossier de l’exploitation des plages privées de Menton, Bernard Gonzalez, sollicité par l’Ebarf il y a deux mois, clarifie les choses.
Le renouvellement des soustraités d’exploitation de la plage artificielle des Sablettes via une nouvelle délégation de service public (DSP) a fait grand bruit à Menton en début d’année. Notamment à cause de son cahier des charges jugé économiquement et techniquement « intenable ». Les patrons-gérants s’étaient alors déclaré non-candidats à la reprise de leurs lots. (Lire Nice-Matin du 14 janvier 2023).
Quelques jours après leur mobilisation contre la DSP, un coup de mer frappait leurs établissements et réalimentait colère et inquiétudes. Et notamment en matière de protection de la baie… une de leurs grandes priorités. Finalement, quelques exigences ont été levées et le délai de dépôt des candidatures a été allongé. Ce qui a permis aux plagistes de peaufiner encore les choses… et de finalement se positionner (lire Nice-Matin du 21 mars 2023). Malgré tout, ils ne l’ont pas fait sans manifester, une nouvelle fois, leur mécontentement auprès des services de l’État. Début février, ils ont rédigé un courrier à l’adresse du préfet… qui vient de leur répondre.
La Ville aux manettes
« Vos observations sur les équilibres économiques des délégations de service public relèvent de l’appréciation de la commune, qui bénéficie d’une concession de plage jusqu’au 31 décembre 2036 », leur rappelle notamment Bernard Gonzalez, préfet des Alpes-Maritimes. Avant de leur suggérer de se rapprocher de la commune, puisqu’elle est, donc, pleinement décisionnaire.
Une information précieuse pour les Mentonnais qui se débattent, depuis maintenant de long mois, avec les textes de loi et d’anciens documents émanant de la précédente municipalité. L’un d’eux, paraphé par Jean-Claude Guibal en 2006, assurait justement une stabilité des décisions prises lors de la dernière DSP jusqu’en 2036… « Pour permettre aux plagistes d’avoir le temps de profiter d’un retour sur investissement, parce qu’à l’époque, le cahier des charges de la délégation de service public leur a imposé d’engager d’importantes sommes d’argent », martèle un usager, adhérent de l’Ebarf
(association des établissements balnéaires de la Riviera Française et ses usagers).
Pour l’heure, impossible d’ouvrir un nouveau dialogue entre les candidats à la reprise des lots et la Ville, puisque depuis le 7 avril, les documents des postulants sont entre les mains de la commission d’appel d’offres (CAO). C’est la règle, d’autant que les dossiers sont étudiés cette semaine. Le choix des repreneurs se fera officiellement le 7 juin. Pendant ce laps de temps, les plagistes – comme la Ville – n’ont pas non plus le droit de prendre la parole au sujet de cette DSP dans la presse. Ce qui n’empêche pas les affaires de l’Ebarf d’évoluer…
Une période d’exploitation propre
Pour rappel, en février, l’assemblée des plagistes voulait savoir qui allait prendre « la responsabilité des biens et des personnes ». Pour elle, aucune nouvelle DSP n’aurait dû être lancée tant que la baie n’a pas été sécurisée. L’Ebarf réclame, depuis un bail, « une étude scientifique hydraulique des mouvements de la mer dans les deux baies Est et Ouest des Sablettes, pour maintenir les surfaces des plages artificielles concédées et rétablir la hauteur des fonds marins ». Dans son courrier, le préfet explique que le risque de submersion est « fortement limité » par des équipements « démontables et démontés à l’issue de chaque saison », soit entre le 15 octobre et le 15 avril. Sauf qu’à Menton, la règle n’est pas la même qu’ailleurs sur le littoral azuréen : un avenant permet le maintien des établissements au-delà de ladite période d’exploitation. Du coup, on fait quoi ?
Qui est responsable de quoi ?
« La sécurité des personnes relève ici des prérogatives de la commune, qui doit mettre en oeuvre toutes les dispositions de prévention et de mise en sécurité, en particulier lors des situations de vigilances diffusées par les services météorologiques », écrit Bernard Gonzalez. Exit l’idée de retirer les micropieux qui feraient la solidité des constructions actuelles ? On oublie les vitrages du nouveau cahier des charges, étant donné la violence des coups de mer et ce qu’elle charrie ? On désensable pour atténuer le « phénomène hydromécanique », comme le suggère Jean-Paul Beziat, ancien ingénieur construction ?
Dans tous les cas, il semble nécessaire de faire en sorte que les assureurs puissent suivre… En mars, les patrons-gérants soufflaient qu’en la matière – au vu des nouvelles dispositions imposées par le cahier des charges –, les nouvelles n’étaient pas bonnes non plus. « Je vous confirme que les constructions doivent pouvoir justifier de leur capacité à résister aux effets de la mer, en dehors des phénomènes exceptionnels qui peuvent quant à eux relever des prises en charge par les assurances, au travers du dispositif des catastrophes naturelles », rédige le représentant de l’État. Quelle que soit l’issue de la commission d’appel d’offres, le dialogue va vraisemblablement devoir reprendre.