Monaco-Matin

Une Mentonnais­e privée de son fils depuis deux ans

Malgré les décisions de justice, Hind Hamdaoui ne parvient pas à récupérer son fils, Adam, parti avec son père vivre aux Émirats arabes unis. Une situation qui dure depuis deux ans.

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr

La justice française me donne raison. J’ai gagné tous mes procès mais cela ne change rien. Adam vient d’avoir six ans et je ne parviens pas à voir mon fils. » Hind Hamadaoui, 42 ans, se désespère.

Depuis la manifestat­ion de soutien organisé en mars 2022 à Menton en présence du maire, rien n’a changé. « Rendez-moi mon fils ! », le cri de cette mère imprimée sur une banderole ne trouve pas d’écho aux Emirats Arabes Unis. « Seul l’Etat français peut faire pression d’autant plus qu’Adam ne possède plus de passeport pour résider sur le sol des Emirats », veut croire Hind Hamadaoui qui élève seule Elyes, trois ans, privé, lui, de son grand frère. «

« Pas de cadre pour organiser son retour »

Me Houde Khadraoui-Zgaren abonde en ce sens : « La seule issue reste la voie diplomatiq­ue. Les Emirats n’ont pas signé la Convention de La Haye qui a pour objectif de favoriser la collaborat­ion entre États lors des enlèvement­s d’enfants. Il n’y a pas de cadre légal qui permet l’organisati­on de retour comme cela existe dans d’autres pays. »

Farid, le père, conseiller juridique internatio­nal, a décidé de s’installer à Dubaï en décembre 2019. Un choix de vie que sa compagne a refusé. En raison de la pandémie, Hind a dû attendre mars 2021

pour récupérer son plus jeune fils de 22 mois, alors en vacances chez son père le temps qu’elle subisse une opération.

Elle pensait pouvoir rapatrier dans le même temps Adam.

Le père a refusé catégoriqu­ement cachant les passeports des enfants. Hind Hamadaoui s’est retrouvée bloquée à ses frais pendant cinq mois dans un hôtel, contrainte, faute de moyens, de rentrer dans les Alpes-Maritimes avec un seul de ses garçons. Depuis, avec l’aide son avocate niçoise, elle fait feu de tout bois pour vivre à nouveau avec Adam et Elyes.

« Il a dit que j’avais blasphémé... »

« La loi française ordonne au père de me ramener Adam et de verser une pension alimentair­e. Il refuse et me dit de revenir à Sharjaj, là où il vit, ville où s’applique la loi coranique. Je ne peux prendre le risque de me jeter à nouveau dans la gueule du loup, de me retrouver une fois encore coincée là-bas », témoigne Hind Hamdaoui.

D’autant que le père des enfants a lancé sur place des procédures judiciaire­s à son encontre.

« Il a dit que je l’avais insulté, que j’avais blasphémé. Ce qui est très grave là-bas », précise-t-elle.

« La loi française est en faveur de la mère, la loi émiratie donne raison au père », observe Me Marie Seguin, l’avocate de Farid, qui appelle de ses voeux que le couple renoue le dialogue afin que la fratrie cesse d’être séparée.

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(Photo Jean-François Ottonello) Une manifestat­ion de soutien à Hind Hamadaoui s’était déroulée l’an passé à Menton.

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