La Chine renoue le contact avec l’Ukraine
Le Président chinois s’est entretenu avec Volodymyr Zelensky pour la première fois depuis le début du conflit, et va envoyer une délégation dans le pays.
C’est une première depuis le début de la guerre en Ukraine, le 24 février 2022. Le Président chinois Xi Jinping s’est entretenu hier par téléphone avec son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky. L’entretien, qui a eu lieu « à l’initiative de la partie ukrainienne », a assuré Pékin a duré « presque une heure », selon Kiev.
Xi Jinping a appelé à « la négociation », assurant que « sur le sujet de la crise ukrainienne, la Chine a toujours été du côté de la paix et sa position fondamentale est de promouvoir un dialogue de paix ». « Le dialogue et la négociation » sont la « seule issue » au conflit en cours avec la Russie, a encore dit le chef de l’État chinois, promettant que son pays ne chercherait pas à « tirer profit » de cette « crise ». M. Zelensky a, lui, sobrement indiqué dans un tweet avoir eu un échange « long et significatif ».
« Première étape importante »
Selon la chaîne de télévision d’État CCTV, M. Xi a également rappelé son opposition au recours à l’arme nucléaire : « Toutes les parties concernées doivent rester calmes et modérées, se concentrer véritablement sur leur avenir et leur destin ainsi que
sur celui de l’humanité tout entière et gérer et contrôler ensemble la crise. » Washington a, comme Paris, salué cette conversation, la qualifiant de « bonne chose », tout en disant « ignorer pour l’instant » si cela « peut déboucher sur une initiative, une proposition ou un plan de paix sérieux ».
Pour sa part, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, s’est félicité d’une « première étape importante ». La Russie a de son côté « pris acte » de la volonté de Pékin de « s’efforcer de mettre en place un processus de négociation » entre Moscou et Kiev mais a vertement accusé l’Ukraine de « saper les initiatives de paix » par son refus de dialoguer avec elle.
Volodymyr Zelensky a par ailleurs dit espérer « une impulsion puissante au développement des relations bilatérales » entre son pays et Pékin, annonçant dans la foulée la nomination de Pavlo Riabikine, un ex-ministre des Industries stratégiques âgé de 57 ans, aux fonctions d’ambassadeur en Chine, un poste qui était jusque-là vacant depuis février 2021.
« Échanges en profondeur »
La Chine a en outre fait savoir dans la foulée qu’elle dépêcherait une délégation en Ukraine « et dans d’autres pays » pour « des échanges en profondeur avec toutes les parties » afin de rechercher un « règlement politique » au conflit. Volodymyr Zelensky souhaitait depuis des mois s’entretenir avec son homologue chinois dans l’espoir de rendre plus favorable à son pays la position de la Chine au regard de l’invasion russe mais, selon des experts, celle-ci ne répondait pas aux propositions ukrainiennes. Pékin avait diffusé en février un document en 12 points présentant sa position sur le conflit en Ukraine et parfois perçu comme un plan de paix. Moscou et Kiev y étaient exhortés à engager des pourparlers tandis qu’y figuraient aussi une mise en garde face à tout recours à l’arme nucléaire et un appel à respecter l’intégrité territoriale de tous les pays – sous-entendu également celle de l’Ukraine dont une partie du territoire est sous contrôle russe.