Bonheur en partage AU PINPIN DE NICE
Aller au restaurant, ça doit être une expérience qui repose sur une sorte d’inébranlable trinité : le prix, le service, l’assiette. En clair, ce qu’on veut, c’est se sentir bien, bien manger, sans se faire saigner au passage. Et on dirait qu’au Pinpin, on l’a bien compris.
En lieu et place de l’ancien Brut, l’épicerie restaurant située rue Martin Seytour, à Nice, Renaud Chaumien et Axel Blot de la Fuente ont voulu un environnement « chaleureux et rassurant ». Couleurs pastel furieusement tendances, chamois, vert d’eau, vieux rose, le Pinpin est un cocon de soixante couverts, un peu à l’écart de la tumultueuse place du Pin.
« On voulait un endroit convivial, joli, où tout le monde puisse se sentir bien quel que soit son budget, sa culture », confie Axel. Lui qui a toujours été dans la restauration et l’hôtellerie, dans des belles adresses de la région et à Londres (Cosmo, Grange Hotel, La Merenda), accomplit ici un rêve de gosse : « J’ai toujours voulu ouvrir mon restaurant, mais les banques sont toujours frileuses quand on veut innover un peu. Ça a pris du temps, mais là, je pense qu’on est bien tombé. »
Chez Renaud et Axel, n’attendez pas de trouver un traditionnel. « Entrée plat dessert, ça m’a toujours ennuyé, parce que c’est trop. Et un seul plat, ça manque de possibilités de saveurs. Alors j’ai voulu réduire les portions, pour multiplier les saveurs. »
Des portions plus petites que les plats traditionnels, donc, mais un peu plus gros que les tapas espagnols.
Légumes stars
Des saveurs, les plats n’en manquent pas. Dans cette belle maison, on a décidé de ne pas enfermer sa cuisine dans des cases. Et si la Méditerranée se taille la part du loup, avec un vitello tonnato redoutable, des poireaux grillés nappés d’une sauce poivrons tomate et noisettes, ou des artichauts à la juive (une spécialité romaine d’artichauts frits), on ne se refuse pas des incursions dans d’autres registres avec de succulents oeufs mayo, des tacos végétariens, un ceviche de pêche locale ou des travers de porc sauce barbecue. Si l’on trouve de la viande et du poisson, dans tous les plats, les légumes du coin occupent une place prépondérante. On appréciera tout particulièrement de ne pas trouver ici un inventaire à la Prévert de tous les féculents de la création (pâtes, riz, polenta, pommes de terre). Côté influence, on cherchera du côté de Palomar Soho ou Roka à Londres, Atari à San Sébastien, ou le Lavomatique à Nice. Dans la déco quelques bouquins de cuisine complètent la liste : le chef levantin Yottam Ottolenghi, le duo Shirley Garrier - Mathieu Zouhairi, apôtre de la belle et bonne bouffe alias The social food sur les réseaux, et Ducasse, qu’on ne présente plus. Dans le verre aussi on essaie d’être responsable : « On a choisi de ne pas être dogmatiques sur les vins. Moi je ne bois que du nature depuis une quinzaine d’années, mais Renaud n’aime pas ça, explique Axel. Alors on a essayé de faire une carte réfléchie autour de ça. Les vins qui ne sont pas natures sont bio, ou produits en biodynamie. »
Les plats coûtent de 5 à 17 euros. Comptez trois plats par personne pour un repas. C’est beau, c’est bon, c’est fait maison, et c’est responsable. Que demander de mieux ?
« Entrée plat dessert, ça m’ennuie. Alors j’ai réduit les portions pour multiplier les saveurs »
Pinpin - Boire & Manger.
2, rue Martin Seytour à Nice. Rens. 09.72.86.57.47. www.pin-pin.fr