Ils reviennent sur le lieu d’une évasion 80 ans après La Trinité
Une association de connue pour ses trouvailles historiques a remonté la piste d’un soldat anglais évadé du fort de la Revère, à Èze, en 1942. Eclaircissant, au passage, un mystère.
L’évasion de soldats britanniques du fort de la Revère, où ils étaient retenus par l’envahisseur, en 1942 : c’est encore une belle trouvaille historique à mettre au crédit de l’Association trinitaire d’histoire vivante et d’archéologie expérimentale (AHVAE). Créée en 2007, elle a pour objet de promouvoir l’histoire par la reconstitution à travers diverses époques. Depuis plusieurs années, avec l’appui du conseil départemental, l’AHVAE réalise des animations dans les parcs départementaux, notamment sur la grande corniche.
Et parmi eux, le fort de la Revère, sur les hauteurs d’Èze. Le viceprésident de l’association, Alain Fine, raconte de l’ouvrage : « Bâti en 1885, le fort servait jadis de centre d’instruction aux soldats qui partaient sur le front de l’Est, pendant la Grande Guerre. En 1942, il a servi de prison pour 300 soldats anglais, qu’il fallait éloigner le plus possible de chez eux. Cette annéelà, il y a eu deux évasions, en août puis en septembre. Plus de 55 soldats avaient alors réussi à s’enfuir. »
Le fils d’un des évadés visite le fort où son père était détenu
C’est le second épisode, celui du 5 septembre 1942, qui va, 80 ans plus tard, renaître de ses cendres. Depuis un an, l’association a pour habitude de raconter l’histoire de ces évadés lors de ses reconstitutions au fort de la Revère, avec mises en scène et tenues d’époque, en s’appuyant sur diverses archives et photos pour coller le plus possible à la réalité. Surprise, l’an dernier, juste avant l’été : « J’ai reçu un message du fils de l’un des évadés, qui avait appris que l’association avait la possibilité d’ouvrir le fort au public » , se narre Alain Fine.
Un échange s’instaure avec Brian Farlane. Quelques mois plus tard, au coeur de l’hiver, Brian et son épouse Ara sont venus d’Écosse pour rentrer, grâce à l’association, dans le fort où son père Frank était détenu.
« Grâce à une photo, on a pu remettre en scène la vie du soldat dans ces murs. Nous avons reconstitué l’histoire à leurs côtés. » Des alentours du sanctuaire de Laghet, où l’évadé avait passé trois nuits, jusqu’au mont-Agel et
en passant par où il a été hébergé par la famille Friend avant de rejoindre Marseille, Perpignan, Gibraltar et enfin l’Angleterre, c’est tout le périple du soldat qui est passé en revue. En présence de sa famille, mais pas seulement : Édouard Friend, le fils de la famille qui avait caché le soldat à Monaco, était lui aussi de la partie ce jour-là.
Un tunnel de 30 mètres de long
Restait tout de même une inconnue : comment les soldats se sontils évadés ? « Les soldats qui ont réussi à rejoindre l’Angleterre – une trentaine – n’ont jamais dit comment ils s’étaient évadés. On a retrouvé des documents, notamment un extrait de livre écrit dans les années quatre-vingt par l’un des évadés : il raconte qu’ils ont creusé un tunnel de trente mètres en trois semaines. Mais ce n’était pas cohérent et on n’avait jamais retrouvé ce tunnel. Un autre témoignage affirme que les évadés se sont servis des tuyaux des toilettes pour s’évader par les égouts », raconte Alain Fine. Longtemps demeuré sans réponse, le mystère est désormais résolu : il y a quelques semaines, les membres de l’association ont finalement retrouvé le fameux tunnel (lire par ailleurs).