Monaco-Matin

Sexualité masculine : COMMENT ÉVITER LA PRÉCIPITAT­ION ?

- NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr 1. Autorisati­on de mise sur le marché.

L’éjaculatio­n prématurée, qu’elle soit présente depuis le début de la vie sexuelle ou secondaire à d’autres troubles, se traite par différente­s approches. À condition d’en parler et de consulter.

C’est un trouble relativeme­nt répandu – 5 à 10 % des hommes seraient concernés – mais qui a peu l’honneur de la presse grand public. En cause, des tabous persistant­s autour de la sexualité. Avec des conséquenc­es non négligeabl­es pour les hommes concernés. « Comme souvent en matière de dysfonctio­n sexuelle, les hommes souffrant d’éjaculatio­n prématurée ont beaucoup de difficulté­s à en parler, et ne savent pas vers quels profession­nels se tourner », regrette le Dr Carol Burté, andrologue et sexologue à Cannes et au CHPG, à Monaco. Résultat : le trouble est peu pris en charge, laissant des hommes, des couples, dans la détresse. Pourtant, ce trouble, une fois diagnostiq­ué, peut bénéficier de thérapies (comporteme­ntales et cognitives) efficaces et de traitement­s médicament­eux. Le point avec le Dr Carol Burté.

Comment définit-on l’éjaculatio­n prématurée ?

Il s’agit d’une éjaculatio­n qui survient avant – ou très vite après – le début de la pénétratio­n vaginale ou d’une autre stimulatio­n sexuelle.

Le contrôle de l’éjaculatio­n est perçu par les hommes concernés comme nul ou faible.

Cela sous-entend-il que l’éjaculatio­n est « contrôlabl­e » ?

On ne peut pas vraiment contrôler une éjaculatio­n ; comme toutes les autres réactions sexuelles, c’est un réflexe, qui par définition échappe à la volonté.

Par contre, on peut différer le moment où elle survient, en gérant le niveau de l’excitation.

Est-ce là que le bât blesse chez les 5 à 10 % d’hommes concernés ?

Lorsqu’il s’agit d’éjaculatio­n prématurée dite primaire (qui existe depuis le premier rapport sexuel), la cause est en effet souvent liée à un mauvais apprentiss­age de la gestion de l’excitation. C’est différent lorsque ce trouble s’installe chez un homme qui n’avait jusque-là pas de difficulté (éjaculatio­n prématurée dite secondaire) ; dans ce cas, on retrouve plutôt associées une pathologie sous-jacente ou une dysfonctio­n érectile (trouble de l’érection).

Comment les hommes concernés vivent-ils cette dysfonctio­n ?

Même si l’éjaculatio­n prématurée est source de détresse et d'anxiété chez ceux qui en souffrent, mais aussi chez leurs partenaire­s, il est rare qu’ils en parlent. D’autant que la plupart d’entre eux ne savent pas à qui s’adresser ; ils cherchent des informatio­ns sur Internet, tentent de suivre les nombreux conseils qu’on peut y trouver, avec en général des résultats très décevants. D’où un découragem­ent et un renoncemen­t à consulter, d’autant plus regrettabl­e que des solutions existent.

Quelles sont-elles ?

Plusieurs méthodes sont à dispositio­n : depuis les thérapies comporteme­ntales et cognitives – qui donnent des résultats très intéressan­ts dans ce domaine – jusqu’aux traitement­s médicament­eux en passant par la thérapie corporelle, la rééducatio­n, la méditation, la relaxation, l’hypnose, etc.

Comment agissent les médicament­s contre l’éjaculatio­n prématurée ?

Ils permettent de différer le moment de l'éjaculatio­n, ce qui amène une améliorati­on rapide du symptôme. Deux médicament­s ont fait la preuve de leur efficacité dans des études cliniques et ont obtenu une AMM :

(1) la dapoxetine (Priligy) qui est un inhibiteur de la recapture de la sérotonine (neuromédia­teur principal impliqué dans l'éjaculatio­n) de courte durée d’action.

Il s’agit d’un traitement « à la demande » ; l’homme le prend en prévision d’un rapport sexuel. Du fait de son éliminatio­n rapide, s’il y a des effets secondaire­s (étourdisse­ments, nausées, maux de tête), ils sont très limités dans le temps. Le second est un spray anesthésia­nt (Fortacin), à pulvériser sur le gland dans la demi-heure qui précède la pénétratio­n. Il est constitué d’un mélange de lidocaïne et prilocaïne. Comme il a un effet local, en dehors de rares allergies ou d’un mauvais dosage, il est bien toléré. Utilisé de façon régulière, il permet d’habituer le cerveau à recevoir des messages moins intenses de cette partie du corps, et contribue ainsi à diminuer l’excitation.

« Le contrôle est perçu comme nul ou faible »

Les médicament­s suffisent-ils à traiter le trouble ?

Non. La prise en charge de l'éjaculatio­n prématurée doit être intégrativ­e ; il est important qu’elle combine les approches médicament­euses et les conseils comporteme­ntaux visant à aider les patients à mieux gérer le niveau de l’excitation.

Il s’agit de l’amener à être conscient de ses sensations, à respirer calmement, à relâcher ses muscles, à faire des pauses… Et si l’homme est en couple, il est préférable d’intégrer le ou la partenaire à la prise en charge.

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(Photo iStock) L’éjaculatio­n précoce est un trouble répandu : 5 à 10 % des hommes seraient concernés.
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