Monaco-Matin

« Pour protéger la vie, faisons de notre engagement pour l’eau une priorité ! »

- CHRISTIAN ESTROSI Maire de Nice, président de la Métropole Nice Côte d’Azur > Les propos, remarques et commentair­es exprimés dans les tribunes libres que nous publions n’engagent que leurs auteurs.

L’eau est le bien le plus précieux sur notre planète. Elle est essentiell­e à la vie. Mais cette ressource fragile est soumise à un paradoxe qu’on oublie trop souvent : elle est à la fois marquée par l’abondance et la rareté. Abondance, car 70 % de notre planète bleue est couverte d’eau. Rareté, car 97,5 % des eaux de la planète sont salées et seuls 2,5 % sont des eaux douces. Désormais les experts s’accordent : le déficit d’approvisio­nnement en eau douce risque d’atteindre 40 % d’ici 2030 et plus d’un tiers de l’humanité manquera d’eau si nous restons sur la trajectoir­e actuelle de réchauffem­ent à horizon 2100. Trop longtemps, nous avons fermé les yeux en croyant à l’abondance.

“Il nous faut aujourd’hui regarder la vérité en face, avec courage et lucidité : nous sommes entrés dans une époque où les canicules et sécheresse­s à répétition doivent nous inciter plus que jamais à préserver nos ressources tant pour nos besoins futurs que pour la protection de la biodiversi­té.

C’est pourquoi, dès 2013, avec les élus de la Métropole, nous avons décidé de mettre en place un ambitieux programme d’investisse­ment pour la gestion économe de nos ressources et pour l’assainisse­ment de l’eau pour la période 2013-2022. Depuis cette date, en matière de gestion de l’eau, nous avons investi 143 millions d’euros.

Nous avons progressiv­ement repris en régie directe la gestion de l’eau des 49 communes du littoral, du Moyen et du Haut Pays de notre Métropole ainsi que les 150 salariés transférés de Véolia Eau à la Ville de Nice.

Par cette reprise en régie, nous offrons un service de qualité à tous, au prix le plus bas possible et valorisons les atouts géographiq­ues du territoire métropolit­ain, unique en France, en faisant jouer pleinement la solidarité au sein de cet espace entre mer montagne, et aussi avec nos voisins de Menton et de la Principaut­é de Monaco en cas de sécheresse. Ces investisse­ments ont aussi rendu possible la modernisat­ion d’un réseau géré depuis plus d’un siècle par la Compagnie générale des Eaux devenue Veolia et qui perdait jusqu’à 2 millions de m3 d’eau par an, faute d’investisse­ment chronique. Grâce à notre engagement collectif, nous avons permis de réduire de 25 % les volumes d’eau perdus dans les fuites le long des 3000 km de canalisati­on, et de diminuer de 25 % les volumes d’eau prélevés dans le milieu naturel depuis 2013 ! En ce qui concerne l’assainisse­ment, nous avons conduit des travaux sur le canal de la Vésubie qui permettent d’économiser plus d’un million de m3 d’eau/an. Nous avons posé des compteurs d’eau dans le Haut Pays pour maîtriser les consommati­ons. Nous avons construit ou remis en conformité les stations d’épuration de Colomars, Utelle, Duranus, Isola, SaintEtien­ne-de-Tinée, Saint-Sauveurde-Tinée, ou encore de Cagnes-sur-Mer qui dessert également des communes extérieure­s à la Métropole (Villeneuve-Loubet, La Colle-sur-Loup, Saint-Paul-deVence). Ces travaux, associés à la mobilisati­on de nos équipes, ont permis de nous relever de la tempête Alex.

Aller plus loin

Désormais, il nous faut aller plus loin pour garantir définitive­ment l’avenir et assurer la sécurité de l’approvisio­nnement en eau d’un bassin de vie de 680 000 habitants pour près d’un siècle à venir. C’est tout le sens du projet de modernisat­ion de la station de traitement des eaux usées et d’épuration de Nice, Haliotis 2, dont nous lançons la réalisatio­n, et qui sera le plus grand projet d’Europe en la matière !

Alors que nous investisso­ns déjà chaque année près de 50 millions d’euros par an pour moderniser et entretenir notre réseau sans aucune hausse tarifaire malgré l’inflation estimée à 30 % depuis 2013, ce projet Haliotis 2, qui représente un investisse­ment de 700 millions d’euros, nécessiter­a un réajusteme­nt tarifaire qui portera le prix moyen pour une facture INSEE de 120 m3 à 3,70€ TTC au 1er mai, inférieur de 20 % à la moyenne nationale (4,60€ TTC pour 120m3), sans compter que pour les exploitati­ons agricoles, le tarif restera à 0,38 € / m3 d’eau, ce qui est exceptionn­el dans le départemen­t.

Notre tarif restera inférieur à celui de certaines intercommu­nalités locales. Quant à celles qui prendraien­t trop de retard pour se hisser aux mêmes normes, il leur faudra s’adapter et nous aurons le devoir collectif d’agir ensemble. C’est ça le courage d’agir, autant pour les génération­s à venir, que pour la protection de notre biodiversi­té terrestre et marine ! Au moment où nous nous apprêtons à accueillir le Sommet des Nations unies sur l’Océan, nous montrons à quel point, aux yeux de la planète tout entière, nous savons mettre en place un système de protection de l’eau et de la biodiversi­té vertueux, moderne et efficace pour faire face à nos engagement­s pour l’avenir.

Trop longtemps, nous avons fermé les yeux en croyant à l’abondance”

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