L’hydrographie internationale planche sur l’avenir à Monaco
Le prince Albert II a initié les échanges entre 400 représentants venus réfléchir à l’évolution de la cartographie marine lors de l’assemblée générale de l’Organisation Hydrographique internationale.
Six ans qu’ils ne s’étaient plus réunis en présentiel. Les membres de l’Organisation Hydrographique Internationale (OHI) ont entamé hier matin leur assemblée générale. Un rendezvous international réunissant 88 États membres et 400 participants toute la semaine en Principauté. Autour d’un objectif commun : « trouver des solutions techniques, de nouveaux horizons pour l’hydrographie dans un monde politique complexe », a souligné le secrétaire général Mathias Jonas, qui espère que l’OHI continue « d’apporter son dynamisme à l’histoire maritime car nous sommes une des rares organisations dont les résolutions sont mises en oeuvre universellement ». C’est d’ailleurs ce rôle clé de l’organisation internationale que le prince Albert II a souligné hier matin, en participant à la séance d’ouverture et estimant que «la contribution de sciences telles que la cartographie des fonds marins ne me semble pas reconnue à sa juste valeur. À titre d’exemple, notre représentation de la bathymétrie des océans demeure encore fragmentaire de même que le recensement des principaux sites des grands fonds ou encore l’inventaire de leur richesse biologique et minérale. L’hydrographie mérite d’autant plus d’être mise en oeuvre. Au-delà de l’appui traditionnel qu’elle apporte à la navigation, elle est appelée à contribuer toujours plus intensivement à la protection de l’environnement marin et des zones côtières ».
Le basculement numérique à la réflexion
L’assemblée, outre l’élection des nouveaux secrétaire général et nouveau directeur vendredi, devrait profiter de cette réunion en Principauté pour « prendre de grandes décisions sur notre feuille de route stratégique
», dixit Pia Dahal Hogaard, présidente de l’assemblée de l’OHI. Dans la ligne de mire des réflexions cette semaine : le besoin de réfléchir
au futur des cartes maritimes et la transition vers les systèmes de données numériques. Des réflexions qui peuvent être éclairées
par plusieurs sociétés présentes à l’assemblée générale pour présenter des outils technologiques de pointe pour établir des cartes marines. Parmi les exposants, Science on a sphere, une sphère de deux mètres de diamètre construite aux États-Unis par les équipes de la National Oceanic and Atmospheric Administration sur laquelle des données planétaires sont affichées de manière interactive, grâce à des ordinateurs et des projecteurs vidéo.
L’enjeu est énorme dans ce domaine, quand on mesure que seulement un quart des fonds marins ont été cartographiés pour le moment. Un sujet qui, outre sa porte environnementale, a aussi un défi économique. « Mieux connaître les fonds marins permet d’élaborer des stratégies visant à concilier intérêts économiques et préservation de l’écosystème. Nous avons besoin d’un océan en bonne santé pour réguler le climat et pour les activités économiques car un milliard de personnes dépendent économiquement des océans » estime Kerri-Ann Jones, secrétaire générale adjoint de l’OCDE, dont le rapport sur l’économie des océans en 2045 s’appuiera sur des contributions des sachants de l’OHI.
Le rendez-vous monégasque entend aussi à ce que les pays participants parviennent à un consensus sur la reconnaissance de l’existence et des limites de l’océan Austral autour de l’Antarctique. Une mer reconnue déjà par l’OHI en 1929, sans que ces limites géographiques aient été acceptées par tous les États.
Enfin, pour le grand public, l’assemblée générale de l’OHI sera visible par la présence de l’USNS Bruce C. Heezen, un bâtiment hydrographique de recherche de la marine américaine de 100 mètres de long, qui va mouiller dans la baie de Monaco.