Chapelle de la Madone : l’histoire d’une restauration
C’est le plus ancien édifice religieux de Menton. Situé rue Paul-Morillot, le sanctuaire dédié à la Vierge tombe en lambeaux. La Ville a engagé des fouilles archéologiques pour le ressusciter.
L’ancienne chapelle des Grimaldi n’est plus que l’ombre d’elle-même. Usé par le temps et les projets de rénovation avortés, le sanctuaire de la rue Paul-Morillot tombe en lambeaux. La planche en bois taguée qui condamne l’entrée, le jardin d’herbes folles, les grilles rouillées, cadenassées, et l’autel qui s’effrite pourraient presque laisser penser que le lieu est abandonné. Il n’en est rien. La chapelle de la Madone – ou Notre-Dame de Carnolès – fait l’objet d’un projet de restauration porté par la Ville de Menton. Des fouilles archéologiques préventives ont été menées sur le site cet hiver afin de restituer l’histoire du site et tenter de ressusciter l’édifice. Une démarche lancée en juillet 2020 par l’ancien maire, Jean-Claude Guibal, et poursuivie par la nouvelle équipe municipale d’Yves Juhel.
Des liens avec Monaco
« Le maire a la volonté de préserver le patrimoine et le valoriser », explique Joanna Genovese, l’adjointe en charge de l’Urbanisme et de la Mise en valeur du Patrimoine. À cet effet, un plan de sauvegarde des lieux cultuels a
été élaboré. En 2023, 140 000 euros seront alloués à sept petites chapelles mentonnaises, dont Notre-Dame de Carnolès. L’édifice religieux fait partie de l’histoire de Menton. « C’est le plus vieux, pointe Marilyne Champion, chargée du pôle patrimoine à l’Urbanisme. On retrouve
ses premières traces au XIe siècle. »
Elle a un lien avec Monaco. « Elle était située sur la voie romaine, à côté du palais de Carnolès et a appartenu à la famille Grimaldi pendant 400 ans », note David Rousseau, chef de projet Art et Histoire à la Ville. « C’est le seul bâtiment de Menton, avec le Bastion, où on retrouve le blason des princes de Monaco », ajoute Marilyne Champion.
« C’était aussi l’un des trois lieux de pèlerinage de la ville, poursuit-elle. Selon la tradition, le tombeau du moine Schiavone, mort en 1530, aurait provoqué des guérisons miraculeuses. Mais personne ne sait où il est, en réalité. »
Des résultats « très prometteurs »
D’où l’intérêt de creuser. L’archéologie préventive a pour mission d’assurer la détection et l’étude scientifique des vestiges susceptibles d’être détruits par des travaux liés à l’aménagement du territoire. L’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) a mené les fouilles. Les archives municipales de Menton ont été écumées. Des sondages dans le sous-sol des abords de la chapelle ont été exécutés à l’aide d’une pelle mécanique puis de façon manuelle, ainsi que des sondages ont été réalisés sur les murs de l’édifice. Les résultats ne devraient plus tarder, selon Joanna Genovese. « Mais ils sont très prometteurs, glisse-t-elle, sans en dire plus. Dès que l’Inrap nous les aura envoyés, nous les communiquerons. Ces résultats nous permettrons d’établir le projet de restauration futur et de retenir un architecte pour la maîtrise d’oeuvre. »