Maf à l’Esat de Menton : l’aventure continue !
La photographe professionnelle vient d’en avoir la confirmation : le conseil municipal a attribué une enveloppe au projet artistique initié auprès des travailleurs handicapés.
En février, Cati Salerno, photographe niçoise, levait le voile sur un projet artistique et humain dans lequel elle venait de s’engager à l’Esat Léo-Mazon (établissement de service d’aide par le travail) de Menton.
Un travail sur l’image, le handicap et les missions d’une structure que l’on connaît souvent très mal. Un univers que « Maf » – son nom d’artiste –, a côtoyé pendant de nombreuses années, puisqu’elle était éducatrice spécialisée. Le médico-social, donc, elle connaît. Par coeur. Et son approche du sujet s’en ressent, forcément, immédiatement. Ce milieu – qui, souvent, happe et passionne autant qu’il use –, elle a dû s’en éloigner... pour reprendre son souffle. Très vite et très naturellement, il s’est à nouveau imposé à elle... autrement. Elle a renoué, tout en douceur, boîtier en main et formation en poche.
C’est d’ailleurs en découvrant son intervention sensible au coeur d’un foyer d’hébergement pour personnes en situation de handicap, boulevard de La Madeleine à Nice, qu’Yves Juhel, le maire de Menton, a découvert son art. Elle a ensuite exposé à PhotoMenton, au Palais de l’Europe. C’est à ce moment-là, qu’on lui demande d’imaginer un projet avec les établissements mentonnais. L’Esat Léo-Mazon et l’IME Bariquand Alphand (institut médico éducatif). C’est avec le premier que l’aventure, cité du citron, commence.
Pas question d’avoir un quota
« L’équipe de Léo-Mazon était tellement enthousiaste que j’ai pu démarrer assez vite grâce à des fonds qu’elle avait réussi à débloquer. »
Maf avait déjà une trame mais elle a également souhaité se laisser porter par les attentes de ses interlocuteurs. Construire avec eux. Aurore Dunand, chargée de la formation, de l’accompagnement à l’autonomie et du suivi MAD (mise à disposition), à Menton, s’est particulièrement impliquée. Au démarrage du projet, elle expliquait : « Nous avons été emballés par les travaux de Maf, menés à Nice et ailleurs, parce que ça valorise les personnes en situation de handicap, ça les aide à s’affirmer. Ça leur dit qu’ils comptent et ça présente toutes les facettes de leurs missions quotidiennes aux personnes de l’extérieur. C’est quelque chose de très important. » Seulement voilà, si une partie du budget était là, il était nécessaire que la Ville abonde également. Auquel cas, la photographe n’aurait pas pu envisager suffisamment de séances, in situ, et encore moins une exposition à l’issue.
Le conseil municipal vient de valider le projet et va donc y contribuer. Un vrai soulagement pour Maf, comme pour l’Esat. « Nous avons déjà tellement avancé... il faut que l’on aille au bout », soufflet-elle le nez sur son écran et plusieurs centaines d’images qu’elle a déjà commencé à trier. « Je dois avoir 500 ou 600 images par séances... mais je ne peux pas tout garder. J’ai un énorme travail de tri, de sélection. »
Une exposition entre décembre et janvier
Au départ, pas mal de travailleurs de Léo-Mazon hésitaient à se laisser photographier. Voire refusaient catégoriquement. Mais au fil des passages de Maf et des échanges, certains ont finalement souhaité participer. Elle sourit : « Je ne suis pas arrivée avec un quota. C’est un travail humain sur l’image, la valorisation des personnes en situation de handicap et le partage... Alors quand ils me disent oui : je photographie. »
Elle prépare des triptyques : un visage, un geste, un détail. Des formats, potentiellement de 20 cm sur 30 cm, qu’elle fera imprimer sur du papier contrecollé sur un PVC tendre, de 2 millimètres. Elle hésite encore. « Je veux que ce soit beau, de jolie qualité mais pas trop onéreux quand même. Il y aura beaucoup de clichés. Faire évaluer tout ça, demander des devis fait aussi partie de ma mission. » L’exposition devrait avoir lieu entre le mois de décembre 2023 et celui de janvier 2024.
Et après ? « Ce serait formidable que les photos soient installées dans les locaux de l’Esat. Pour garder la mémoire de cet échange. Pour qu’ils soient fiers de ce qu’ils donnent tous les jours et voient combien c’est beau, important. » Les triptyques seront la propriété de la Ville. Donc, à suivre... Il faut déjà aller au bout des séances et avoir la collection d’images la plus exhaustive possible. « Je suis passée par tous les services, c’est certain. Mais maintenant, je dois refaire le tour pour rencontrer ceux qui étaient absents, ceux que je n’ai pas eu le temps de prendre en photo, ceux pour lesquels il me manque un geste ou un détail... »
Elle rit. Elle n’a pas fini. Mais les choses ont pris un tournant tellement positif que peu importe le temps que tout cela lui prend. Quand on aime, on ne compte pas... ses heures.