Monaco-Matin

Retraites : les syndicats « unis » donnent rendez-vous le 6 juin

Au lendemain d’un 1er-Mai réussi, les syndicats ont appelé hier à une 14e journée d’action le 6 juin, deux jours avant une propositio­n de loi visant à abroger la réforme des retraites tout juste promulguée.

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«Nous appelons unitaireme­nt nos organisati­ons à aller rencontrer les députés partout pour les appeler à voter cette propositio­n de loi. Dans ce cadre, l’intersyndi­cale appelle à multiplier les initiative­s avec notamment une nouvelle journée d’action commune, de grèves et de manifestat­ions le 6 juin », ont écrit les syndicats après des défilés du 1er-Mai qui ont rassemblé près de 800 000 manifestan­ts selon la police (2,3 millions selon la CGT). Cette propositio­n de loi, déposée par le petit groupe centriste hétéroclit­e Liot, « permettra pour la première fois à la représenta­tion nationale de se prononcer par un vote sur la réforme des retraites », le 8 juin, soulignent-ils dans un communiqué.

« Coup de tonnerre »

Si cette propositio­n de loi était votée, « ce serait un coup de tonnerre », a déclaré la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet. Certes, cela ne serait que le début d’une longue navette entre l’Assemblée et le Sénat, mais cela « poserait immédiatem­ent la question de la suspension de la réforme » qui doit s’appliquer dès septembre. « C’est pas gagné et c’est pour ça qu’on fait une journée d’action le 6 juin. Mais c’est une perspectiv­e crédible et on va multiplier les initiative­s d’interpella­tion des députés », a-t-elle ajouté. « Il y a forcément un risque parce que nous sommes dans une majorité relative », avait reconnu lundi soir le ministre du Travail Olivier Dussopt.

À plus court terme, les syndicats attendent la décision du Conseil constituti­onnel qui doit se prononcer ce mercredi sur une deuxième demande de référendum d’initiative partagée (RIP). Mais, refroidis par la première décision des Sages le 14 avril qui avait rejeté cette première demande, ils se montrent prudents. Laurent Berger y croit « plus ou moins » alors que, pour Sophie Binet, « le RIP a été rédigé pour ne pas fonctionne­r ».

Dans son communiqué, l’intersyndi­cale prend note du fait que «le gouverneme­nt a annoncé l’ouverture d’un cycle de concertati­ons sans que l’objet ni le cadre ne soient précisémen­t fixés ». Élisabeth Borne doit envoyer des invitation­s aux syndicats « dans les jours qui viennent » selon Olivier Dussopt, sans qu’elle ait précisé le format de ces rencontres, bilatérale­s ou multilatér­ales.

Pour surmonter un début de divergence­s entre les « réformiste­s » (CFDT, CFE-CGC, CFTC) qui ont déjà dit qu’ils iraient à Matignon, et les autres (CGT, FO et Solidaires), qui ne se sont pas encore prononcés, l’intersyndi­cale ne prend pas clairement position, tout en laissant entendre qu’elle y participer­a.

Les organisati­ons syndicales « rappellero­nt leur refus de la réforme des retraites » dont les premiers décrets d’applicatio­n ont déjà été envoyés pour consultati­on aux partenaire­s sociaux afin que la réforme soit opérationn­elle en septembre. Elles travailler­ont à « des propositio­ns communes mettant à contributi­on les employeurs (...) en matière de salaires, conditions de travail, démocratie sociale, d’égalité femmes-hommes et d’environnem­ent ».

« La défiance est profonde et le dialogue ne pourra être rétabli que si le gouverneme­nt prouve sa volonté de prendre enfin en compte les propositio­ns des organisati­ons syndicales », concluent-elles dans le communiqué.

« Tout va coûter plus cher »

Si la CFDT ira à Matignon, « tout va coûter plus cher », avait souligné dimanche Laurent Berger qui veut parler minima salariaux et conditionn­alité des aides aux entreprise­s, organisati­on du travail, rétablisse­ment des CHSCT supprimés par les ordonnance­s travail de 2017...

La CGT « décidera des modalités de sa participat­ion après son comité confédéral national jeudi » et « s’intégrera pleinement au travail de définition de propositio­ns communes », a indiqué Sophie Binet, selon qui « l’unité syndicale résiste à toutes les stratégies de division organisées par le gouverneme­nt ».

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1er-Mai. (Photo AFP) Fait rare, les syndicats et leurs dirigeants ont défilé unis lors du

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