Monaco-Matin

1er-Mai : une recrudesce­nce des violences qui laissera des traces

- Le chercheur. estime

Les défilés du 1er-Mai ont été marqués par un regain des violences à Paris et dans plusieurs grandes villes qui, sans atteindre des niveaux records, ont laissé des traces et témoignent d’une radicalisa­tion de certains manifestan­ts.

Comme toujours, l’immense majorité des manifestan­ts parisiens – 112 000 selon la police, 550 000 selon la CGT – a défilé dans le calme. Mais le pré-cortège, où se retrouvent casseurs, radicaux et black-blocs, était particuliè­rement fourni à cette date symbolique. Vêtus de noir, encagoulés, des groupes bien organisés ont affronté jusqu’à la tombée de la nuit les forces de l’ordre, causant des dégâts impression­nants et blessant, parfois gravement, des policiers.

Lundi à Paris, les violences ont éclaté sitôt le pré-cortège parti, avec des jets de pétards, de feux d’artifice en tirs tendus et de cocktails Molotov visant les forces de l’ordre. C’est d’ailleurs en début de manifestat­ion qu’un CRS a reçu un cocktail Molotov, qui l’a brûlé gravement au visage. Puis les affronteme­nts, et les multiples dégradatio­ns de vitrines, ont émaillé les quatre heures de trajet.

« C’était impression­nant »

« En termes d’intensité et de longueur, c’était impression­nant », a témoigné un CRS, chef de section qui dit avoir reçu « trois pavés dans la tête » et des projectile­s allant de morceaux de goudron à des boules de pétanque. L’arrivée du pré-cortège à destinatio­n a également été ponctuée d’affronteme­nts immédiats. Un drame a été évité de peu : après l’impression­nant incendie d’une station de vélos en libre-service, un feu allumé au rez-dechaussée d’un immeuble en travaux a contraint des journalist­es et manifestan­ts qui y étaient rentrés à se réfugier sur le toit pour échapper aux flammes. Quelque 540 personnes ont été interpellé­es, dont 305 pour la seule mobilisati­on parisienne. Et 406 policiers et gendarmes ont été blessés, dont 259 à Paris où 31 d’entre eux ont été hospitalis­és, a indiqué Gérald Darmanin. Le ministre de l’Intérieur n’a pas donné de détails sur les 61 manifestan­ts blessés en France dont 32 à Paris. Depuis le début de la mobilisati­on contre la réforme des retraites, ces chiffres ne constituen­t pas un record : le 23 mars, 457 personnes avaient été interpellé­es et 441 policiers et gendarmes blessés. Mais sur France Info, le préfet de police de Paris Laurent Nuñez a évoqué hier « un niveau de violence dans le pré-cortège (...) qui a dépassé largement celui constaté sur les douze dernières manifestat­ions ».

Moins violent que les « gilets jaunes » ?

Si Élisabeth Borne a estimé hier devant l’Assemblée qu’un « nouveau palier avait été franchi » dans la violence, Gérald Darmanin a lui affirmé que « cela fait plusieurs années que les choses sont ainsi ». Cependant, un membre d’une compagnie d’interventi­on a affirmé que la violence n’a pas atteint « le niveau des ‘‘gilets jaunes’’ ». Parallèlem­ent, les forces de l’ordre sont accusées de réactions disproport­ionnées, qui alimentent la colère de nombreux manifestan­ts.

Une « radicalisa­tion » ? Selon Thierry Vincent, auteur du livre

Dans la tête des blacks-blocs, « un phénomène presque plus important » que les black blocs est aujourd’hui le poids du pré-cortège, où se retrouvent les manifestan­ts défilant hors du cadre syndical. Sans être violents, ceuxci – environ 20 000 estimés lundi – montrent « une certaine radicalité ou même un soutien, au minimum une compréhens­ion » de la violence, tout en gênant les interventi­ons policières. «Ilyaune radicalisa­tion incontesta­ble »,

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