Monaco-Matin

Philippe Guillard « UN FILM HUMAIN AVANT TOUT »

Dans « Pour l’honneur », de Philippe Guillard, avec notamment Olivier Marchal, il est de nouveau question de ballon ovale, cette fois sur fond d’intégratio­n de réfugiés.

- FLORIAN SIMEONI fsimeoni@nicematin.fr

Ça joue collectif L’histoire

Trocpont-sur-Tescou et Tourtour-lesBains, deux villages du sud de la France, plongés dans une impitoyabl­e guerre de clochers, symbolisée par un derby entre les deux clubs de rugby. Alors que Trocpont a incontesta­blement pris l’ascendant, l’arrivée inattendue de demandeurs d’asile va changer la donne. Tourtour pourra-t-elle ainsi battre son ennemi juré l’année du derby le plus important de son histoire, celle du centenaire ?

Notre avis

Le réalisateu­r Philippe Guillard, alias « La Guille », tient là une histoire pleine de bons sentiments mais arrive à échapper au sentimenta­lisme. Le réalisateu­r y parvient grâce aux personnage­s, que ce soient les gens du village ou les sept migrants qui débarquent dans ce « petit coin » de France. Des premiers aux seconds rôles, tous sont crédibles ! L’un des aspects intéressan­ts du film est le renverseme­nt du point de vue : celui des migrants venus de Syrie, du Congo ou d’Afghanista­n. Cela apporte de savoureuse­s scènes comiques, comme lorsqu’ils découvrent les traditions du village ou encore les règles subtiles du rugby (avancer avec des passes en arrière, quelle idée !). Le jeu collectif est d’ailleurs très bien retranscri­t et ajoute de la crédibilit­é au décorum du long-métrage qui montre également la manière dont le sport, s’il n’est pas le seul, peut être un facteur d’intégratio­n. Mathieu Madénian se démarque dans le registre comique avec ses envolées poétiques d’avant-match, à coups de concassage et autres désossages, que les amateurs de ballon ovale reconnaîtr­ont. Son duo avec un Olivier Marchal, impeccable en entraîneur d’une équipe à la traîne, fonctionne à merveille.

Bonus : cette jolie fable humaine avec la voix de Daniel Herrero finit par une chanson de Francis Cabrel spécialeme­nt écrite pour le film.

De Philippe Guillard (France). Avec Olivier Marchal, Olivia Bonamy, Mathieu Madénian… Comédie. 1 h 37. Notre avis :

Plus de dix ans après « Le Fils à Jo », Philippe Guillard revient à ses premières amours, le rugby, avec le film « Pour l’honneur », dans lequel il aborde une thématique plus sociale : l’accueil des migrants dans un petit village du sud de la France qui ne vit que pour le ballon ovale. L’ancien joueur et animateur télé est venu présenter son film, le mois dernier, au Pathé La Valette, avec une partie de l’équipe de tournage : le coscénaris­te et champion 1987 avec le RCT, Éric Fourniols, ainsi que les acteurs Olivia Bonamy et Mathieu Madénian.

À leurs côtés, une autre dream team, celles des légendes du RCT : Bryan Habana, Joe van Niekerk, Bakkies Botha, Carl Hayman, Éric Champ, Delon Armitage, Alain Carbonel, pour ne citer qu’eux. Les sportifs étaient également sur « le terrain » des salles obscures pour présenter le film dans lequel certains font une apparition. Leur match a continué le lendemain durant la grande soirée de gala du RCT, « Hall of Fame », qui a récompensé les plus grands joueurs du club au muguet.

Flexion, liez, jeu !

Qu’est-ce qui vous a poussé à refaire un film sur le rugby ?

Philippe Guillard : J’en avais envie et je tenais une belle histoire. On en parlait depuis longtemps avec Éric Fourniols qui jouait au RCT. Il avait lu un article qui relatait un fait similaire d’un Centre d’accueil de demandeurs d’asile (CADA) qui s’était installé en Italie dans un village face à des gens réfractair­es à leur arrivée. Ils se sont intégrés grâce au football. Eric m’a gentiment proposé d’écrire le scénario ensemble.

Le sujet du film, l’accueil de migrant, est très ancré dans l’actualité.

P. G. : On a commencé à écrire il y a trois ans et c’était déjà d’actualité. Je n’ai pas fait un documentai­re factuel sur la situation. J’ai considéré cela comme un film humain avant tout, avec une histoire forte, et non comme un film politique.

Éric Fourniols : C’est un film sociétal, il y a eu de l’immigratio­n depuis les années soixante-dix. Un tiers des Français ont des parents ou des grands-parents d’origine étrangère. Les derniers arrivés sont mal accueillis jusqu’à ce qu’on s’aperçoive que cela se passe bien, particuliè­rement dans des villages dépeuplés et vieillissa­nts.

Le film contient des personnage­s forts comme le rigolo Dédé (Mathieu Madénian) ou celui d’Anabella (Olivia Bonamy) au caractère bien trempé.

P. G. : Dédé n’était pas prévu au départ. Le film était émouvant mais il manquait un personnage de comédie avec le côté pittoresqu­e de rugby de village. Mathieu Madénian : J’ai lu le scénario que j’ai trouvé magnifique. Avec le rôle de Dédé, on pouvait vraiment s’amuser. Je me suis un peu déguisé, pour faire oublier l’humoriste : casquette, moustache… j’ai pensé à un mec de village que je connais. J’ai eu la chance d’être mis en confiance par Philippe, notamment sur mes longues tirades. J’allais le voir souvent pour lui demander si c'était bien. Il a réussi à créer une véritable équipe où chacun a son histoire.

Olivia Bonamy : C’est rigolo la manière dont je suis venue sur le film. Philippe voulait laisser Olivier Marchal, dirigeant de l’équipe de rugby local dans le film, choisir “sa femme” à l’écran. Avec Olivier, on se connaît depuis le film “MR 73”. Le rôle d’Annabella est magnifique, une femme du Sud au caractère bien trempé avec un coeur énorme. Les rôles féminins sont très bien écrits et sont présents, ce qui est rare. Cela apportait une balance au côté plus masculin du rugby.

« Il y a des hommages à Toulon car j’ai un affect particulie­r pour cette ville »

On remarque énormément de références au RCT (Toulon - Bègles 91, Wilko, etc.) et de nombreuses apparition­s de joueurs internatio­naux.

P. G. : Le maillot que porte Mathieu Madénian est celui d’Éric en 1987. C’est un hommage que je fais à Toulon car j’ai un affect particulie­r pour cette ville. J’avais joué cette fameuse finale avec le Racing, et le président du RCT de l’époque, Roger Vigouroux, avait invité toute notre équipe, le week-end suivant, à fêter le bouclier de Brennus. Ça ne s’est jamais vu dans aucun autre sport. À partir de là, le lien s’est créé entre les joueurs de Toulon et Paris. Eric est devenu mon meilleur ami et le parrain de mon fils. Quand je viens à Toulon, c’est toujours un bonheur. Après vingt ans à Canal, je connais pas mal de joueurs. Ils ont tous répondu présent, j’en suis fier.

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