Un certain charme, l’art de rien
L’histoire
Lizzy (Michelle Williams) habite dans la banlieue de Portland. Elle est artiste, tout comme sa voisine et propriétaire Jo (Hong Chau), plus avancée qu’elle sur le plan de la notoriété. En pleins préparatifs d’une exposition dans une galerie locale, Lizzy n’est pas tranquille. En plus de mettre la main à ses dernières céramiques, elle doit composer avec pas mal d’imprévus. Un chauffe-eau qui lâche, un pigeon estropié à soigner, des plateaux de fromages à choisir pour son vernissage, un frangin bipolaire, un chat miaulant sans cesse... Autant d’éléments la faisant sortir d’une certaine torpeur, d’un environnement cotonneux en apparence et, en creux, assez déprimant.
Notre avis
Retenu en sélection officielle l’an dernier à Cannes, le long-métrage de Kelly Reichardt, figure majeure du cinéma indé américain, avait été montré en toute fin de festival. Clairement le moment où tous les spectateurs, à commencer par nous, sont complètement rincés. Dans ces conditions, pas facile d’apprécier tous les contours de cette oeuvre atypique, au rythme flottant. Fatigue aidant, on avait même trouvé ça un peu creux. Le temps ayant fait son office, on serait tenté de revoir en partie notre position. Et de saluer le courage de Kelly Reichardt d’oser monter un film « sur rien », en explorant de manière assez délicate les tourments d’un esprit créatif, sans cesse rattrapé par les contingences du quotidien, tiraillé entre l’envie de se dédier totalement à son art et la nécessité de se soucier de ses proches.
Actrice fétiche de la réalisatrice (qui la fait tourner pour la quatrième fois avec elle, après « Wendy et Lucy », « La Dernière Piste » et « Certaines femmes »), Michelle Williams a aussi quelque chose de magnétique, un air de fée cabossée qui intrigue, comme son propre parcours. Icône ado dans « Dawson », à l’affiche des marquants « Brokeback Mountain », « Shutter Island » ou plus récemment du dernier Spielberg, « The Fabelmans », l’actrice originaire du Montana s’épanouit aussi dans le cinéma d’auteur, comme en 2016 avec « Manchester By The Sea ».