Monaco-Matin

Fred Testot « UNE LIGNE DE CRÊTE »

À l’affiche de nombreux projets, de « Sam » à « Rictus » en passant par « Marinette », l’acteur campe, ce mercredi soir sur France 2, un père immature autour de la maltraitan­ce ordinaire dans « Heureuseme­nt qu’on s’a ».

- MATHIEU FAURE mfaure@nicematin.fr

Fred Testot a commencé notre conversati­on avec un accent corse. Ça n’apporte rien au propos mais ça permet de poser le cadre. En plein tournage de la septième saison de « Sam », l’acteur a pris le temps d’une pause pour nous parler d’un de ses très nombreux projets : « Heureuseme­nt qu’on s’a », diffusé ce mercredi soir sur France 2. Un sujet lourd, douloureux, et d’actualité autour de la maltraitan­ce ordinaire. Et comme le sujet est délicat, Fred Testot avait besoin de lâcher un peu la pression. D’où l’accent corse. Qu’il tient très bien au demeurant. Car le film du soir parle de Vincent qui, à 13 ans, a une admiration sans borne pour son père. Ce dernier, au chômage, s’occupe surtout de foot, prétendant devenir bientôt entraîneur profession­nel ; en revanche, il s’occupe peu de sa femme et encore moins de ses enfants. Seul Vincent, qui partage sa passion du foot, a une relation qu’il croit privilégié­e avec son père, ce dont il tire une grande fierté. La mère de Vincent, elle, supporte toutes les charges et responsabi­lités jusqu’au jour où, à bout, elle fait une tentative de suicide et se retrouve hospitalis­ée pour dépression. La fratrie, Vincent, Clément (10 ans) et Clara (7 ans), se tourne alors vers son père, mais ce dernier n’a clairement aucune envie d’assumer son rôle de père. Coupé de sa mère, abandonné par un père défaillant, Vincent va devoir prendre en charge Clément et Clara ; et comprendre peu à peu que ce père qu’il voyait comme un héros n’est en fait qu’un vantard, menteur, irresponsa­ble et égoïste. À force d’attendre quelque chose qui ne vient jamais, Vincent choisira de reprendre sa vie en main... Vous l’aurez compris, Franck est joué par Fred Testot. Vincent, lui, est campé par le jeune Oscar Pauleau.

Ce n’est pas forcément le sujet le plus joyeux, alors pourquoi avoir accepté le rôle de Franck ?

On se rend compte que la maltraitan­ce ordinaire est rarement traitée à l’écran. On a tous été, plus ou moins, témoin de cette maltraitan­ce. Ce n’est pas quelqu’un qui bat ses enfants, ce n’est pas une raclure, mais c’est quelqu’un d’égoïste, d’immature, d’irresponsa­ble. Il vole l’insoucianc­e de ses enfants quelque part, il gâche leur enfance. C’est quotidien, par petites touches, mais, avec le temps, les dégâts sont immenses...

Comment joue-t-on ce genre de personnage ?

C’est une ligne de crête sur laquelle Anne Giafferi, scénariste et réalisatri­ce, a très bien travaillé. Il ne fallait pas en faire un personnage détestable car, souvent, ces gens-là ne le sont pas. On a tous rencontré, à un moment dans notre vie, ce gars qui semblait sympa, charmeur, avec une bonhomie. Et puis, du jour au lendemain, il a disparu.

Ces gens ne se rendent pas compte qu’ils sont toxiques, qu’ils laissent en chemin des petits cailloux. On n’arrive pas vraiment à les détester car ils retournent toujours la situation à leur avantage. C’est ce que Franck fait avec ses enfants. Mais à force, il oblige son fils de 13 ans à devenir l’homme de la maison, celui qui est en charge de tout car lui se défausse en permanence.

Comment s’est passé le

tournage avec les trois enfants ?

C’était très facile avec eux, on était quatre enfants en réalité. C’est toujours facile de jouer avec des enfants, il n’y a pas de filtre, l’ambiance est drôle. J’aime travailler avec des gens différents, pas formatés, issus de différents univers. C’est ce qui me plaît dans ce métier. Chacun se nourrit de l’autre en permanence. On est tous là pour la même chose : raconter une histoire.

On vous a connu à vos débuts dans le registre de la comédie, c’est important de toucher à tout ?

Je suis passé récemment à la réalisatio­n et à la production, j’aime faire plein de choses différente­s. Là, on est sur une chronique sociale qui doit permettre de faire passer des messages sur un sujet très sensible. Notre métier sert aussi à ça, à travers la comédie, la chronique, la série, on fait passer des messages. On sensibilis­e les gens à des thématique­s. Quand j’ai quitté Canal+ et le rythme de la chronique humoristiq­ue quotidienn­e il y a quinze ans, j’avais envie de faire autre chose. C’est là que ma nouvelle vie profession­nelle a débuté. C’est primordial d’aller voir autre chose, de ne pas s’enfermer dans un seul rôle et style. C’est aussi pour ça que passer de l’autre côté de la caméra, et réaliser, permet de raconter les histoires autrement.

« Ce n’est pas une raclure, mais c’est quelqu’un d’égoïste, d’immature, d’irresponsa­ble »

« Heureuseme­nt qu’on s’a », ce mercredi à 21 h 10, sur France 2.

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(DR) Oscar Pauleau et Fred Testot.

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