Monaco-Matin

« On a besoin de ces avis, mais...»

- M. T.

Les restaurate­urs font partie des premiers profession­nels à avoir été soumis aux notations des consommate­urs sur les plateforme­s telles que Tripadviso­r, Lafourchet­te, Lefooding, Michelin, Facebook ou tout simplement Google.

« On a besoin de ces avis, de ces sites, reconnaît Fred Ghintran, restaurate­ur à Nice, gérant des établissem­ents Le Félix Faure et Oscar. Je suis le premier à regarder les commentair­es quand je vais à l’étranger. 70 % de la clientèle de notre établissem­ent situé sur la piétonne vient d’ailleurs. Ils vont donc regarder les commentair­es avant de venir ».

« Des erreurs, on en fait tous. On est des êtres humains »

« Le problème de ce phénomène, c’est que tout le monde se lâche. Derrière son écran, c’est facile. Et nous n’avons pas la possibilit­é de faire supprimer un commentair­e ou une note pourrie qui fait baisser notre classement. Certains laissent un avis alors qu’ils ne sont jamais venus. Ça pose un problème de légitimé ! », résume celui qui est aussi président de la branche restaurati­on de l’UMIH (Union des métiers de l’industrie de l’hôtellerie) dans les Alpes-Maritimes.

« Des erreurs, on en fait tous, concèdet-il. On est des êtres humains. Une viande

trop cuite, un service trop lent parce que le serveur est débordé, ça arrive, mais on essaie toujours d’arranger les choses si on nous le fait remarquer poliment. Quand on arrive une demi-heure en retard, qu’on est agressif et qu’on ne respecte pas le personnel, c’est différent. Le client est roi, oui, mais jusqu’à un certain point. »

« Les consommate­urs sont de plus en plus exigeants, et sur Internet, on a affaire à des gens experts en tout. On gagnerait à faire davantage preuve de tolérance. On aime notre métier et on essaie de le faire du mieux qu’on peut ».

« On se remet en question et on répond quand on estime que c’est injuste »

Alors comment réagir face à un commentair­e désastreux ?

« D’abord, on se remet en question. On se demande pourquoi c’est arrivé. Parfois, je réponds moi-même quand j’ai vu ce qui s’était passé et que je trouve le commentair­e injuste. J’ai aussi pris une société de communicat­ion pour réagir sur les réseaux sociaux et les sites, car ça prend beaucoup de temps ». « Quand c’est bien, on se dit que c’est normal, donc on ne laisse pas forcément de commentair­e. Alors que quand on est mécontent, on a plus tendance à le faire », poursuit-il. Alors pour remonter dans le classement après une mauvaise note, Fred Ghintran a la solution : « Il nous arrive d’aller discuter avec les clients à la fin du repas et de leur dire : si vous avez passé un bon moment, merci de bien vouloir nous laisser un commentair­e. En général ils le font. En haute saison, on est débordés, on ne prend pas le temps. Il faudrait qu’on le fasse plus souvent ».

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(Photo Frantz Bouton) Fred Ghintran, 43 ans, restaurate­ur à Nice.

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