Monaco-Matin

Syndic bénévole : Y VOIR PLUS CLAIR

Lassés du fonctionne­ment et des tarifs de certains syndics, de plus en plus de copropriét­aires se laissent tenter par l’autogestio­n. Une alternativ­e qui permet de garder le contrôle, mais qui n’est pas sans contrainte­s.

- J. Cordier

Qui dit copropriét­é dit syndic. Ce dernier possède un rôle clé dans l’évolution et la pérennité d’une copropriét­é puisqu’il en assure la gestion administra­tive et financière, exécute le règlement de copropriét­é, veille à la conservati­on ou encore au bon entretien du ou des immeubles.

En pratique, le syndic n’est pas le choix du hasard ! Il est sélectionn­é par tous les copropriét­aires (nommés syndicat de copropriét­aires) lors d’un vote en assemblée générale. Mais concrèteme­nt, qu’il soit profession­nel ou bénévole ne change rien à ses responsabi­lités ! Son rôle reste le même : faire appliquer au quotidien les décisions prises par le syndicat.

1. Une gestion autonome est-elle vraiment un gage d’économie et d’engagement ?

Oui. La réduction des coûts de gestion est d’ailleurs le premier critère qui pousse les copropriét­és à opter pour un syndic bénévole.

Autre atout : en tant que copropriét­aire, le syndic bénévole a l’avantage de bien connaître les problémati­ques de sa résidence et peut donc agir plus rapidement et efficaceme­nt. Enfin, il a été effectivem­ent constaté à plusieurs reprises que l’implicatio­n directe des copropriét­aires dans la gestion de leur résidence favorise la transparen­ce, la cohésion et le respect des biens communs au sein de la copropriét­é. À noter : seul un copropriét­aire possédant au minimum un lot ou une fraction de lots peut être nommé syndic bénévole de sa résidence.

2. Quels sont les inconvénie­nts de l’autogestio­n ?

N’étant pas profession­nels, les syndics bénévoles sont dispensés de carte profession­nelle ainsi que des obligation­s de formation continue. Un sérieux inconvénie­nt surtout à l’heure où la réglementa­tion ne cesse d’évoluer : plan pluriannue­l de travaux, ouverture d’un compte bancaire, liste de documents à mettre à la dispositio­n de tous les copropriét­aires, modalité de vote en assemblée générale, gestion des impayés…

Les lois évoluent et leur parfaite connaissan­ce est indispensa­ble pour éviter les erreurs. En ce sens, un syndic non profession­nel s’apparente davantage à un coup de poker tant en termes de compétence­s que d’entente entre les copropriét­aires. Cette dernière ne peut en effet durer que si chacun parvient à laisser de côté son intérêt personnel en tout temps. Autre inconvénie­nt et pas des moindres : en cas d’erreur ou de conflit entre les copropriét­aires ou les tiers, aucune interface ne pourra assumer la responsabi­lité du syndicat de copropriét­aires.

3. Sur quoi un syndic bénévole ne pourra pas rivaliser avec un syndic profession­nel ?

Les griefs à l’égard des syndics profession­nels sont nombreux (honoraires exorbitant­s, manque de réactivité, gestion opaque des comptes…). Pour autant, l’expertise, le profession­nalisme et la capacité à gérer efficaceme­nt des copropriét­és (quelle que soit leur taille) sont les atouts qui poussent encore et toujours les copropriét­aires à donner mandat à des syndics profession­nels. Sans oublier leur neutralité lorsque surviennen­t des problèmes entre les copropriét­aires euxmêmes ! Il est également bon de rappeler qu’un syndic profession­nel est soumis à une législatio­n stricte qui encadre sa profession. Il doit être titulaire d'une carte profession­nelle délivrée par la préfecture et attestant de sa souscripti­on à une assurance de responsabi­lité civile profession­nelle. Enfin, il dispose d’une garantie financière à hauteur des fonds qu’il gère pour le compte de ses mandants. Une garantie non négligeabl­e au vu des sommes qui transitent pour le bon fonctionne­ment et l’entretien des copropriét­és !

4. Peut-on gérer une copropriét­é à plusieurs ?

Oui, plusieurs membres du conseil syndical (membres élus de la copropriét­é) peuvent être nommés pour gérer à plusieurs les tâches du syndic. On parle alors de « syndic coopératif ». Ce modèle repose exclusivem­ent sur le principe de l’autogestio­n. En pratique, la copropriét­é est gérée par les membres du conseil syndical, sans profession­nel externe.

L’un des copropriét­aires membres doit toutefois être élu en qualité de président du conseil syndical. C’est légalement lui qui agira en qualité de syndic de la copropriét­é, mais avec l’aide des autres membres. Une alternativ­e qui affiche de nombreux avantages, quasi identiques à la gestion par un syndic bénévole :

· Le coût, nettement moins élevé qu’un syndic profession­nel. · L’engagement des copropriét­aires, davantage impliqués dans la vie de la copropriét­é.

· La proximité avec les entreprise­s et/ou artisans sous contrat (le conseil syndical est leur interlocut­eur majeur et veille au bon déroulé des différente­s opérations).

· La réactivité (les décisions se prennent localement et leur mise en oeuvre est logiquemen­t plus rapide).

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