Monaco-Matin

Nicolas Pagnol LA GLOIRE DE SON GRAND-PÈRE

Du 12 mai jusqu’au mois d’octobre, la ville de Roquebrune­sur-Argens organise une série d’événements autour de Marcel Pagnol. Son petit-fils, Nicolas, a aidé à la mise en place des exposition­s et dévoile les secrets de son aïeul.

- FABRICE MICHELIER fmichelier@nicematin.fr

La Gloire de mon père », « Le Château de ma mère », « Marius », « Fanny », « César », « La Femme du boulanger »… Presque cinquante ans après sa mort, Marcel Pagnol demeure un acteur incontourn­able de la culture française et provençale. Dès le 12 mai et jusqu’au mois d’octobre prochain, la ville de Roquebrune-sur-Argens lance une série de manifestat­ions sur le thème « Marcel Pagnol, l’enfant des collines », avec des exposition­s, des pièces de théâtre et autres projection­s (voir ci-contre). Alors, pour comprendre pourquoi le natif d’Aubagne attire toujours autant, nous avons donné la parole à son petit-fils, Nicolas, qui gère les oeuvres de son grandpère depuis 2004, sur demande de sa grand-mère Jacqueline… Celle que l’on connaît plus sous le nom de Manon des sources.

Redécouvri­r Pagnol

À travers l’exposition roquebruno­ise, Nicolas Pagnol, qui a accompagné la Ville en fournissan­t des documents et en validant l’ensemble, souhaite « montrer la modernité de Marcel ». L’ancien cinéaste espère ainsi que cette série d’événements à Roquebrune va « apporter Pagnol aux jeunes génération­s et surprendre ceux qui sont familiers ». Il précise : « les gens ne connaissen­t pas sa vie, l’importance qu’il a pu avoir dans le monde culturel, national et internatio­nal, des années 1930 aux années 1970. Il a vraiment pesé sur le cinéma et son organisati­on en France. Dès 1944, il a défendu l’idée d’une exception culturelle française, il a tourné le premier film français en processus couleur en 1947 pour contrer l’hégémonie culturelle américaine à la Libération. Il y a beaucoup à dire sur sa volonté de défendre la culture française ».

Des oeuvres qui séduisent toujours

« C’est un auteur et un cinéaste qui fait du bien », plaide son petit-fils. « Il touche aussi bien les enfants que les adultes. Je vous enjoins d’ailleurs à relire ‘‘La Gloire de mon père’’ ou ‘‘Le Château de ma mère’’, vous ne le percevrez pas avec le même oeil que lorsque vous aviez 12 ou 13 ans. C’est en cela que c’est un grand auteur : ses oeuvres ont différents niveaux de lecture. On parle de choses éternelles : la famille, la nature, les relations humaines. »

Une envergure internatio­nale

Dans l’inconscien­t collectif, Pagnol reste synonyme d’accent marseillai­s et de chant des cigales. Mais ce serait bien trop restrictif de limiter son oeuvre à cela. « En Provence, certains le résument à la défense de la culture régionale et, à Paris, d’autres le perçoivent comme trop populaire ou folkloriqu­e. On ne s’intéresse pas assez à la qualité littéraire ou la dramaturgi­e. Dans le reste de la France ou à l’étranger, il est considéré comme un des plus grands écrivains et cinéastes français. Au même titre que Renoir, Guitry… Il représente la culture française, ce n’est pas pour rien qu’il a été élu à l’Académie française. Il a une influence assez forte. Aux États-Unis, ‘‘Manon des sources’’ et ‘‘Jean de Florette’’ vont être montés au théâtre. Un biopic d’animation va être diffusé par Sony, ce sera une sortie mondiale. J’ai beaucoup de demandes pour le théâtre venant de Suède, Norvège, Allemagne. À l’étranger, il est perçu comme un auteur classique de la littératur­e française. »

Le rendre accessible aux jeunes

Pour la plupart, nous avons tous étudié au moins une oeuvre de Pagnol sur les bancs de l’école. « Il continue de faire rêver les enfants », assure Nicolas. « J’ai beaucoup de tristesse pour les jeunes génération­s : ce sont les génération­s béton. Certains mômes n’ont jamais été en forêt, ils n’ont connu que la ville ou leur cité. Les livres de Pagnol ça peut les faire voyager et rêver. » Pour cela, celui qui perpétue les écrits et la mémoire de son grand-père mise désormais sur la bande dessinée pour amener les plus jeunes dans l’univers de son aïeul. « C’est difficile de faire lire les enfants. La bande dessinée est un moyen de leur faire découvrir Pagnol de manière assez ludique. Cela permet aussi de toucher des bédéphiles qui ne le connaissen­t pas spécialeme­nt. Mon travail est de faire en sorte que son oeuvre continue de circuler. »

« À l’étranger, Marcel Pagnol est perçu comme un auteur classique de la littératur­e française »

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