Le faire valoir européen
C’était hier la Journée de l’Europe. Dans le maelstrom d’une France préoccupée par une réforme des retraites très contestée et une inflation galopante qui fragilise le pouvoir d’achat, bien peu nombreux ont dû être nos concitoyens à s’intéresser à cette journée qui commémore la déclaration de Robert Schuman le 9 mai 1950, considérée comme le texte fondateur de la construction européenne...
Oui mais voilà, le président de la République a toujours fait de l’Union européenne l’alpha et l’omega de sa politique étrangère. Une forme de constance depuis son accession à l’Élysée et un attachement à l’Europe que même ses adversaires ne peuvent contester. Une aubaine aussi pour le chef de l’État qui trouve à l’international une exposition et souvent même une légitimité que lui contestent en interne les Français. Un engagement qui l’aide aussi à diviser ses oppositions, tant leur positionnement sur le sujet est ambigu. Preuve en a encore été donnée avec la proposition de loi – débattue hier à l’Assemblée, tout un symbole ! – du groupe Renaissance, qui veut rendre obligatoire la présence du drapeau européen aux côtés du drapeau français sur le fronton des mairies. Pendant que l’eurodéputée insoumise Manon Aubry affirmait sur franceinfo que le drapeau européen renvoyait à une
« forfaiture dém ocratique », son collègue d’Europe Écologie Les Verts Yannick Jadot le qualifiait pour sa part de « magnifique symbole de liberté, de démocratie et d’État de droit ». Vous avez dit cacophonie à gauche ? Et c’est sans compter sur l’aversion sans surprise du Rassemblement national pour une telle initiative... Aussi louable soit-elle, cette tentative gouvernementale de remettre l’unité du « vieux continent » au coeur du débat hexagonal a peu de chance d’aboutir. Si l’Europe... et son drapeau peuvent constituer un utile bouclier face aux horreurs d’une guerre qui se déploie à nos frontières communautaires, elle semble bien démunie aux yeux des Français pour les protéger de ce qui semble aujourd’hui les préoccuper bien davantage : l’inflation et le défi migratoire.
« Le président de la République a toujours fait de l’Union européenne l’alpha et l’oméga de sa politique étrangère »