Cap-d’Ail : le bras de fer continue autour de la trémie
Si la commune s’oppose aux travaux en déposant deux recours contre des délibérations du conseil métropolitain datant d’octobre 2022, la Métropole entend poursuivre les démarches.
L’histoire se poursuit. Et continue de faire couler de l’encre depuis 2013 et les premières études menées autour du projet. Le dernier rebondissement en date ? Des recours votés ce mardi en conseil municipal par la commune de Cap-d’Ail contre deux délibérations du conseil métropolitain datant d’octobre 2022 et qui portent sur deux projets. Le premier étant l’élargissement du giratoire l’hôpital/Jardin exotique ; le deuxième, la création d’une trémie sur la RM6007, autrement dit la Moyenne Corniche. Le maire de Cap-d’Ail, Xavier Beck, reproche à la Métropole de ne pas prendre en compte les gênes occasionnées par les travaux engendrés. « Ce sont des projets de gêne de circulation qui seront considérables pendant un an et demi, a fait savoir l’ancien député. La Métropole nous conseillait d’ailleurs à l’époque de dire non à ce projet. J’ai une lettre à ce sujet du directeur des routes de la Métropole. En ce qui concerne les places de parking, on en perd pour les riverains qui doivent bien se garer, ainsi que la perte de recette pour la commune qui s’élève à 30 000 euros. »
Une procédure non respectée par la Métropole ?
Le premier adjoint au Département n’a pas digéré la décision de la Métropole qui, à travers ces deux délibérations, approuvait les conventions d’offres de concours de la société Immobilière domaniale, basée à Monaco, malgré le désaccord de l’édile. « Ona une charte de la Métropole qui traite de la gestion des désaccords et qui prévoit expressément, lorsqu’une commune n’est pas d’accord avec un projet, qu’il y ait une discussion approfondie voire une saisie du conseil municipal qui doit émettre un avis, a-t-il déclaré au terme du conseil municipal. Or, toute cette procédure n’a pas été suivie par la Métropole. Elle a invoqué des raisons internationales alors que les délibérations portent sur des questions qui sont purement cap-d’ailoises. Elles concernent les accès au tennis de Monaco qui est à Capd’Ail, l’école d’infirmières qui est à Cap-d’Ail et le centre méditerranéen qui est à Cap-d’Ail. Ils ont la propriété du domaine mais il n’en demeure pas moins que ce sont des établissements cap-d’aillois. » Cependant, Xavier Beck a prévenu la Métropole qu’il retirerait les recours « s’il y a une prise en compte des problèmes que vont nous causer ces deux projets. » Il a également
indiqué avoir rencontré Pierre Dartout, ministre d’État monégasque. « Je lui ai partagé une liste de suggestions et il en a pris note. Maintenant j’attends de voir s’il en ressort quelque chose. »
La réponse de la Métropole
Si le gouvernement princier préfère rester en dehors de ce conflit de procédures français (lire cidessous), le directeur de cabinet de Christian Estrosi, Bastien Nespoulous a réagi à cette nouvelle. Et il ne voit pas cette affaire du même oeil bien qu’il assure entretenir de bonnes relations avec le maire LR. « La Métropole considère que ce partenariat avec la
Principauté de Monaco, notamment pour la réalisation de cette trémie après le tunnel Rainier-III, relève d’une dimension de sécurité. » Bastien Nespoulous affirme que le préfet des Alpes-Maritimes a demandé au gouvernement princier de procéder à la mise aux normes du tunnel Rainier-III selon les normes Mont-Blanc. « Or le ministre d’État a dit que la mise aux normes n’a d’intérêt – et elle sera faite – que s’il y a une trémie au-dessus qui dégage le débit automobile. » Il poursuit : « D’autre part, c’est un sujet de droit international. L’appréhension de la commune qui considère que c’est un débat entre Capd’Ail et la Métropole est un élément d’appréciation qui n’est pas fondé. Même si, selon nous, le
pacte de gouvernance [la charte à laquelle fait référence Xavier Beck, NDLR], a été respecté puisqu’il prévoit en cas de désaccord que le sujet soit abordé dans un premier conseil des maires et qu’un deuxième conseil des maires puisse évoquer à nouveau la question, ce qui a été fait. »
« Monsieur Beck a des choses à faire valoir »
Quant aux demandes concernant les gênes causées par les travaux, le directeur de cabinet de Christian Estrosi a fait un pas dans le sens de la commune. « Rien n’est irrémédiable. Monsieur Beck a des choses à faire valoir et on doit les
entendre [...] Le président de la Métropole a appuyé les demandes de Xavier Beck auprès du ministre d’État mais il y a deux choses différentes. La sécurité et la réalisation des travaux pour lesquelles nous avons pris deux délibérations attaquées par Xavier Beck. Et les demandes de Cap-d’Ail vis-à-vis de la Principauté, qui pour nous sont deux choses distinctes mais qui ont été liées au sort de ces délibérations par le maire de Cap-d’Ail. » Enfin, selon Bastien Nespoulous, les recours déposés par la commune n’auront aucune incidence sur l’avancée du projet car « ils portent sur le financement des travaux. Le seul effet que peuvent avoir ces recours c’est de priver la Métropole d’une ressource financière. Nos services techniques travaillent avec ceux de la Principauté pour avancer sur les travaux du tunnel Rainier-III et de la trémie. » Pour rappel, les travaux sont estimés à plus de 30 millions d’euros dont 80 % doivent être financés par la Principauté. Affaire à suivre.