Travaux des berges de Tende : le public a la parole
Dans le cadre du chantier de reconstruction des berges dans la traversée de la commune, la population est invitée à s’exprimer sur le plan environnemental, par mails, jusqu’au 23 mai.
Alors que des travaux doivent être menés le long de la Roya, à Tende, visant à protéger et mettre en sécurité des berges effondrées suite à la tempête Alex, les habitants sont invités à s’exprimer dans le cadre d’une « participation du public par voie électronique », jusqu’au 23 mai. Explications non exhaustives.
Pourquoi ?
Le Syndicat mixte pour les inondations, l’aménagement et la gestion de l’eau maralpin (Smiage) a déposé auprès de la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) une demande de travaux – au titre de la procédure d’urgence à caractère civil – pour la reconstruction des berges de la Roya dans la traversée de la commune de Tende. Urgent car « environ 145 personnes sont directement exposées à un risque de crue et 25 sont indirectement impactées ». Ce dossier fait suite à un arrêté préfectoral, en date du 21 septembre 2022, autorisant une
« exonération d’évaluation environnementale du schéma global d’aménagement hydraulique de la commune de Tende ».
Or, dans le cadre d’une telle démarche simplifiée, la loi impose le lancement d’une participation du public par voie électronique. Sur le site du Cerema (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement), on souligne qu’il s’agit « d’assurer une participation du public en phase ‘aval’dans le cas de projets et documents de planification non soumis à enquête publique mais ayant une incidence sur l’environnement ».
Comment participer ?
Très fourni, le dossier relatif au projet et à ses conséquences environnementales est à retrouver sur le site de la préfecture des Alpes-Maritimes – rubrique « Publications », puis « Participation du public par voie électronique ». Après avoir pris connaissance des documents, les personnes intéressées pourront adresser leurs observations ou questions par mail à l’adresse suivante : ddtm-spe@alpes-maritimes.gouv.fr, en précisant en objet « PPVE – PUC Tende ».
Au terme de la procédure, il est prévu que la préfecture publie – pour une durée de trois mois – un dossier comprenant la synthèse des observations et propositions déposées, « avec l’indication de
celles dont il a été tenu compte ainsi que, dans un document séparé, les motifs de la décision ».
Quels dégâts après Alex ?
La note non technique mise en ligne rappelle les désordres observés au lendemain de la catastrophe. En l’occurrence : « Ruine des berges et des protections de berges sur l’ensemble du linéaire ; destruction et emportement de la piscine municipale et des terrains de sport en rive droite ; inondation des terrains privés en rive gauche ; destruction de bâtiments privés en rive droite, à l’amont et à l’aval du pont départemental ; destruction et emportement du pont départemental ; érosion et affouillement de pieds de bâtiment et fragilisation des bâtiments (Cité des jardins, EHPAD) ; destruction de terrains agricoles. »
Quelles sont les grandes lignes du projet ?
« Sur un secteur fortement touché par la crue de la tempête Alex du 2 octobre 2020, le projet concerne les travaux à engager pour la reconstruction des protections hydrauliques des berges de la Roya sur un linéaire de 800 m dans la traversée de Tende et la création
de la zone de régulation du transport solide sur 6 500 m² à l’amont du pont des Truites. Les ouvrages le long du linéaire sont variés : protections en enrochements rigides, protection en murs rigides verticaux, protection mixte enrochement-végétalisation et conservation ou renforcement de protections existantes », résume-t-on dans le dossier.
Dans un post publié en septembre dernier sur Facebook, la Ville de Tende signalait de son côté que « le coût des travaux réalisés par le Smiage, porté par la Carf dans le cadre de la compétence Gemapi, est estimé à 7 millions d’euros pour la traversée de Tende ». En ce qui concerne le calendrier, aucune date n’est véritablement avancée. Mais le chantier devrait vraisemblablement s’achever en 2024 – date de début prévisionnel des travaux au pont du Bourg neuf, qui doit « s’appuyer » sur les berges.
Quelles préconisations ?
Dans le diagnostic écologique qui lui a été confié par le Smiage, le bureau d’études SEGED délivre un grand nombre de préconisations. Parmi lesquelles : positionner les ouvrages de confortement de berge au plus près des zones à protéger pour laisser un maximum
d’espace de bon fonctionnement au cours d’eau. Maintenir au maximum les champs d’expansion de crues créés par l’événement extrême de la tempête Alex. Préserver autant que possible l’état des connexions et des milieux aquatiques, des réservoirs biologiques et des zones dites « refuges » afin de permettre la résilience des peuplements aquatiques en cours de reconstruction. Éviter et limiter l’emprise des zones de travaux et opérations éventuelles de débroussaillage, élagage et/ou abattage d’arbres au strict minimum. Tout déversement de déchets ou matériaux, même inertes, dans le milieu naturel sera par ailleurs interdit. De même, le stationnement des engins devra être installé hors lit du cours d’eau sur protection étanche (de type tapis absorbant). Et lesdits engins devront être en parfait état avant toute intervention dans le lit du cours d’eau.
Des espèces à enjeu ?
D’après les études faites, les espèces aquatiques seront clairement – et logiquement – les plus concernées par ces travaux. L’impact sur elles étant considéré comme « fort à très fort ». On citera principalement la Truite
fario (Salmo trutta) et le Chabot (Cottus gobio). « Le milieu reste favorable à des zones de frayères ainsi qu’à la croissance et au développement des individus. Il est alors primordial d’effectuer les travaux dans une période non impactante pour le cycle de reproduction de la faune piscicole et de mettre en oeuvre des préconisations adaptées pour l’installation du chantier et la réalisation des travaux », souligne-t-on dans le diagnostic écologique. Pour la flore en revanche, aucune espèce protégée ni patrimoniale n’a été observée lors des prospections,
« ce qui conduit à estimer que le site présente peu d’enjeux floristiques ».
Même constat pour les amphibiens. En ce qui concerne les chiroptères, peu de gîtes ayant été identifiés et aucun abattage d’arbres n’étant prévu, « l’impact sur ce groupe est estimé négligeable ». Idem pour les autres mammifères, peu concernés car les travaux se feront en journée. Du côté des reptiles, seul un risque de destruction d’habitat pour le lézard des murailles est pointé, mais l’impact est jugé faible dans la mesure où « des zones refuges subsistent en abondance aux alentours ». Pour les insectes, enfin, l’impact est considéré comme